Braquage de l’hôtel Riu, Onu-Tourisme… : Faouzou Dème étale ses idées

Dans un contexte où le tourisme mondial est en constante mutation, le Sénégal se distingue comme une destination de choix. Pourtant, des incidents ponctuels, comme l’attaque contre le réceptif hôtelier Riu Baobab perpétrée dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 janvier 2025, peuvent fragiliser cette image et mettre à l’épreuve la résilience des acteurs du secteur. Mouhamed Faouzou Dème, expert en tourisme et candidat au poste de Secrétaire général de l’Onu-Tourisme, partage sa vision sur les enjeux liés à la réputation des destinations touristiques, les mesures sécuritaires nécessaires et l’importance d’une collaboration renforcée entre acteurs publics et privés pour préserver l’attractivité du Sénégal. Il dévoile également les réformes qu’il souhaite impulser à l’échelle mondiale pour un tourisme inclusif, sécurisé et équitable.
Quel impact un incident comme l’attaque contre l’hôtel Riu Baobab peut-il avoir sur la réputation d’une destination touristique comme le Sénégal ?
Vous savez le tourisme s’épanouit et se développe dans la stabilité, la paix et la sécurité. C’est un élément fondamental dans la stratégie de marketing et de communication des destinations touristiques. Cependant, il faut être très prudent dans la communication journalistique dans de pareils incidents, car le langage commercial et diplomatique a un rôle important à jouer dans l’image de la destination. Maintenant, l’impact immédiat, c’est l’annulation de réservations, mais dans le court terme, avec une bonne maîtrise de l’incident et le renforcement des dispositifs sécuritaires, l’image pourrait ne pas être gravement affectée.
Quelles mesures les établissements hôteliers peuvent-ils mettre en place pour rassurer les touristes et renforcer leur sécurité ?
Il est du ressort du gestionnaire des établissements de mettre en place des dispositifs sécuritaires à plusieurs niveaux. Il y a des dispositifs dissuasifs, de contrôle d’accès, d’identification et de patrouilles à l’intérieur et aux points d’accès de l’établissement. Vient ensuite en appoint le dispositif des Forces de défense et de sécurité, ou les établissements disposent des contacts et des numéros verts pour appeler au secours en cas d’infiltration ou d’attaque. Aujourd’hui, avec l’avancée technologique, la vidéo surveillance est à la fois un élément important de la sécurité, mais aussi de la sûreté de l’établissement qui est sous contrôle 24/24h et qui permet de visionner tous les mouvements jusqu’au moindre détail. Il est important pour les établissements d’être très rigoureux dans le recrutement des vigils et des gardiens de nuit, et de veiller à leurs équipements de sécurité et de défense. Souvent, il y a de la complaisance ; or la sécurité ne se négocie pas, elle se paie cash. Cela pose la question des grilles salariales et des primes de risques qui valorisent le salarié au poste de gardien et qui le mettent à l’abri de complicité organisée avec certains bandits.
Comment les autorités gouvernementales, locales et les acteurs du tourisme peuvent-ils collaborer pour prévenir de tels incidents et préserver l’attractivité de la zone ?
Déjà, la prévention et la dissuasion sont des armes indispensables aux dispositifs de sécurité. Il faut rappeler que le tourisme est composé de plusieurs acteurs qui doivent régulièrement se retrouver et échanger sur plusieurs questions concernant l’accès à la mer, l’insalubrité, la sécurité, l’occupation des espaces autour du périmètre des établissements hôteliers, etc. Et c’est généralement à travers un Crd que les autorités territoriales, populations et acteurs touristiques anticipent sur les problèmes, mais aussi discutent des problèmes pour trouver des solutions. C’est ma conviction, il est urgent de travailler sur le transfert de compétences du tourisme, à défaut d’un partage des compétences, pour résoudre certains problèmes de gouvernance. Les bureaux régionaux du tourisme installés dans les pôles touristiques ont besoin d’accompagnement en tous genres pour assurer le contrôle, la vérification et les visites auprès des établissements hôteliers, pour remonter à l’autorité les rapports d’activités sur le pôle en question. Il faut une véritable prise en main du secteur du tourisme à travers des organes du personnel et des équipements pour assurer l’attractivité des pôles touristiques.
Vous êtes candidat au poste de Secrétaire général de l’Onu-Tourisme, pourquoi et quels sont les changements que vous comptez apporter à cette organisation ?
Je suis un des prétendants au poste de Secrétaire général de l’Onu-Tourisme, le seul Africain pour l’instant. La date de clôture de dépôt des candidatures est fixée au 31 janvier 2025 à minuit. Pourquoi être candidat, parce que je souhaite faire briller davantage le Sénégal à l’Onu-Tourisme en étant le premier Sénégalais et Africain à oser ce challenge, donner plus de dynamisme à notre économie par l’apport d’investissement massif, et offrir plus d’opportunités aux acteurs du tourisme à rivaliser avec les grandes destinations du tourisme mondial en augmentant qualitativement et quantitativement la contribution de notre tourisme au Pib national.
Les changements que je compte apporter à l’Onu-Tourisme sont nombreux, mais je commencerai d’abord par limiter le mandat du Secrétaire général à deux. Je m’engage à redessiner la carte du tourisme mondial en donnant plus de priorités à l’Afrique, travailler de façon inclusive et sans discrimination à ramener la paix, renforcer la sécurité et valoriser le capital humain de l’institution.
Je m’engage également à restructurer les organes de gouvernance de l’Onu-Tourisme, veiller à plus de transparence, d’équité, de solidarité et de parts de marchés à toutes les destinations, et valoriser le potentiel touristique des zones défavorisées pour plus de gains aux populations et aux acteurs.