Commençons par présenter nos vœux à Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye, président de la République du Sénégal. Excellence ! Nous vous souhaitons des résultats bien meilleurs que de prendre l’avion de Commandement et faire le tour du monde, aller faire du nettoyage de nos rues une fois par mois ou inaugurer la statuette de Lat Dior. Nous attendons plus de lancements de travaux et d’inaugurations. Associons aussi à ces vœux le Premier ministre.
Nous présentons également nos vœux au Groupe Avenir Communication, éditeur du journal Le Quotidien. Nous le remercions d’avoir pensé à nous pour animer cette chronique hebdomadaire. Mais surtout de nous avoir laissé une totale liberté dans nos écrits.
Une petite pensée à ma consœur Maïmouna Ndour Faye qui traverse une situation difficile dans un conflit privé qui prend des allures d’affaire d’Etat. Car une affaire pendante en justice, donc non encore vidée, ne devrait pas faire déplacer plus de «75 gendarmes». Mais, bref. L’autre nous avait prévenus des dérives de «l’Etat pastéfien» qui s’installe petit à petit sous le silence complice de la Société civile. N’est-ce pas que Papa Ibrahima Faye, ancien Directeur général du Fonds d’entretien routier autonome (Fera) a vu ses «compte bancaire principal et ceux de (ses) épouses» gelés «pendant deux mois» sans qu’aucune procédure d’enquête ne soit ouverte contre lui ? N’est-ce pas que d’autres citoyens ont été empêchés de voyager sans aucune décision judiciaire ni administrative ?
Revenons aux choses sérieuses pour parler encore de la Lfr 2024 et de la Lfi 2025 ; cette dernière est votée sans débat, comme nous vous l’annoncions dans la précédente chronique. Nous disions ceci : «(…) Le Pm va engager, ce samedi 28 décembre, la responsabilité du gouvernement sur le vote du projet de la Loi de finances initiale (Lfi) 2025 au titre de l’article 86 alinéa 6 de la Constitution. En d’autres termes, avec sa majorité mécanique, Sonko fait adopter son budget par force et sans débat.» Cependant, force est de reconnaître que la démarche a été des plus escamotées, avec l’absence du chef du gouvernement qui s’est fait «représenter» par le ministre en charge des Finances. Ce qui ne colle pas à l’esprit de la Constitution. En effet, le dernier alinéa de l’article 86 est pourtant très clair. Il parle du Premier ministre qui «peut, après délibération du Conseil des ministres, engager la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale sur le vote d’un projet de loi de finances». A titre de comparaison, sous la 5e République française, le 49.3 (le pendant du 86.6 au Sénégal) a été utilisé plus d’une centaine de fois. Mais il ne viendrait à l’idée d’aucun Premier ministre français de ne pas se présenter à l’Assemblée nationale. C’est dire que faire passer la Loi de finances 2025 par ce procédé et sans la présence du Premier ministre est la preuve que nous avons une majorité de béni-oui-oui.
Toutefois, cette démarche cache évidemment énormément de choses qui, si le débat avait eu lieu, auraient scandalisé l’opinion. En effet, une étude minutieuse du projet de loi de finances 2025 fait ressortir beaucoup de choses pas du tout orthodoxes. Déjà, dans la Lfr 2024, l’on apprend que l’Etat du Sénégal a creusé le déficit budgétaire de 2362 milliards, soit 11, 6% du Pib. Le gouvernement s’engage en 2025 sur un déficit budgétaire de 1600 milliards, soit 7, 08% du Pib.
2, 4 milliards de francs Cfa par jour à payer pour des intérêts et commissions
Mais le creusement du déficit budgétaire a engendré une augmentation exponentielle de la dette du Sénégal. En 2024, les anciennes comme les nouvelles autorités se sont endettées à hauteur de 4491 milliards de francs Cfa, alors que la Lfi prévoyait 2000 milliards. C’est la première fois de l’histoire du Sénégal qu’un gouvernement emprunte autant en une année. Il serait d’ailleurs bon de savoir combien le pouvoir sortant a contracté dans cette somme, pour pouvoir distinguer les responsabilités des uns et des autres. Tout au plus, pouvons-nous dire que le Fmi avait déclaré, dans un communiqué en avril dernier, que les Finances publiques étaient au vert.
Pis, le ministère des Finances a inscrit dans la loi de finances que notre pays va encore recourir à l’endettement pour un montant de près de 4500 milliards et prévoit de faire de même en 2025. En effet, la Lfi nous apprend que le pouvoir se projette sur des emprunts à hauteur de 4573 milliards dont deux (2) Eurobonds pour 936 milliards de francs Cfa en tout, soit 1, 5 milliards de dollar. Au total, le stock de la dette publique pourrait augmenter d’environ 9000 milliards de francs sur 2024 et 2025. L’on a reproché à Macky Sall, durant les 12 ans de son mandat, d’avoir emprunté 12 000 milliards francs Cfa. Si nous devons rester sur la même tendance de 2024-2025, la dette pourrait augmenter à 23 000 milliards d’ici 2029.
Ainsi, les charges de la dette (intérêt et commissions) pour 2024, se situent à 824 milliards de francs Cfa, après une programmation de 578 milliards dans la Lfi. En 2025, les charges sont estimées à 932 milliards de francs Cfa. En plus simple, le Sénégal payera 2, 4 milliards de francs Cfa par jour pour des intérêts et commissions. Les services de la dette sont globalement estimés à plus 3800 milliards dans la Lfi 2025. Dans les normes, il n’y a aucun problème à s’endetter. Mais à entendre les «Pastefiens» parler, on dirait que le pouvoir sortant s’endettait pour se remplir les poches. Aujourd’hui, avec quasiment aucune réalisation depuis leur installation, il est légitime de se demander à quoi a servi cet endettement massif de Pastef.
Pour ceux qui dénonçaient le recours excessif à l’endettement, c’est comme ravaler ses vomis. Mais non !! C’est plutôt Macky Sall, qui a laissé un pays en ruines, que la Cour des comptes doit confirmer. Sauf que, d’après le journal Les Echos, le gouvernement du Sénégal a commis un expert indépendant pour auditer les comptes publics, notamment sur la dette. La même source fait remarquer qu’un précédent audit sur la situation des Finances publiques a révélé que «l’encours de la dette estimé à 15 500 milliards de francs Cfa, est en réalité de 17 700 milliards» dans le sillage des conclusions de l’Inspection générale des finances (Igf), faisant état d’un maquillage des comptes publics en 2023, sous la Présidence de Macky Sall. Si le gouvernement a recours à un cabinet privé pour (re)faire le travail de la Cour des comptes, cela voudrait-il dire que celle-ci a produit un résultat contraire aux attentes de Sonko ?
Les Fonds politiques de Diomaye ont augmenté de 4 milliards en 2024
L’autre fait marquant de ce budget 2025 voté sans débat, c’est qu’il reste dans les mêmes trajectoires que le pouvoir sortant. En effet, les discours souverainistes et nationalistes, voire démagogiques ou populistes sont éloignés de la réalité. L’ordre de priorités en termes d’allocations de recettes ne place pas l’agriculture et l’industrie dans le peloton de tête. Le pouvoir prévoit en effet les ressources en priorité sur l’Education nationale (975 milliards), et les infrastructures (500 milliards). L’agriculture (240 milliards) et l’industrie (31 milliards) ont été insuffisamment dotées, alors qu’elles devraient être, selon le nouveau régime, les deux moteurs de la croissance et de la souveraineté. Ce pouvoir nous promettait moins de routes, de ponts et d’aéroports, et plus d’usines et d’aménagements agricoles. Ce n’est pas ce qu’on retrouve dans la présente loi de finances.
La série de violation de lois depuis l’installation de la nouvelle Assemblée nationale, particulièrement en ce qui concerne l’adoption de la Loi de finances rectificative 2024 et la Loi de finances 2025 ; est-elle orchestrée dans le but de maquiller la réalité au Peuple sénégalais ? Déjà, pour un pouvoir qui s’était octroyé le droit divin de décréter le licite et l’illicite à propos des fonds politiques, il est tout de même curieux de constater que ceux-ci ont augmenté de 4 milliards de francs Cfa dans la Lfr 2024 et sont passés de 8 à 12 milliards de francs Cfa. De plus, les dépenses de personnel de la présidence de la République ont bien augmenté de 3, 5 milliards de francs Cfa (Cf page 76 de la loi de finances initiale) et le citoyen est en droit d’attendre des explications. Est-ce le nombre de collaborateurs du Président Diomaye qui a augmenté, ou bien s’agit-il d’une augmentation des salaires pour ses chargés de mission, conseillers spéciaux ou ministres-conseillers ?
Par ailleurs, nous faisons nôtres les interpellations du député Abdou Mbow, formulées en questions orales au ministre en charge des Finances. En effet, des explications s’imposent à propos de décrets d’avance pris par le gouvernement. Mbow rappelle que le «30 juillet 2024, un arrêté ministériel n°017450 a été pris par la ministre en charge des Solidarités, fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du comité chargé de proposer une assistance aux ex-détenus». Cependant, fait-il remarquer, «le lendemain, soit le 31 juillet 2024, un décret d’avance n°2024-1499 a été signé, autorisant un engagement et l’ouverture d’un crédit de paiement de 848 070 280 F Cfa». Cette somme a-t-elle été effectivement utilisée pour dédommager des casseurs ? «Dans l’hypothèse où cela serait confirmé, je me permets de souligner qu’à la date du 31 juillet 2024, le recensement des bénéficiaires n’était même pas encore exhaustif. Dans ce contexte, pouvez-vous m’expliquer en quoi une telle action justifiait une urgence impérieuse d’intérêt national, au point de provoquer la prise d’un décret d’avance ?», souligne le député qui n’a pas oublié de rappeler au ministre des Finances l’article 23 de la loi organique 2020-07 relative à la loi de finances. Lequel article fixe les conditions dans lesquelles un décret d’avance doit être pris : «En cas d’urgence ou de nécessité impérieuse d’intérêt national, des crédits supplémentaires peuvent être ouverts par décret d’avance.» Dans son document, le député de l’opposition rappelle que la majorité à l’Assemblée nationale a «ratifié, lors du vote de la Loi de finances rectificative, trois décrets d’avance», sans que «le ministre des Finances n’ait pris la peine» de leur «exposer leur contenu». Dans le même document, le député a interrogé le ministre sur le financement des Législatives. «Lors des discussions en Commission, nous avions compris que les élections législatives avaient été financées grâce à la prise d’un décret d’avance. Voulez-vous nous le confirmer ? Si tel est le cas, pourquoi avez-vous volontairement violé l’article 23 de la Lolf, qui vous oblige à proposer la ratification de ce décret lors de la prochaine loi de finances qui, en l’occurrence, est la Lfr ?»
Par Bachir FOFANA
Très pertinente interpellation Monsieur Bachir FOFANA, ses nouvelles autorités nous cachent beaucoup de choses. Le peuple à besoin d’être élucidé sur ses différents points. Il faut qu’ils arrêtent leurs discours populists et contradictoire.
Un assemblage de mots dans un meli melo volontairement orienté. Le marqueur de cet auteur est juste qu’il fait du bruit pour affirmer une opposition systématique. L’Etat s’endette et alors? N’est -il pas normal pour un Etat normal de s’endetter pour faire face aux besoins de sa population? Que du verbiage.
Le régime de Diomaye inscrit-il ses actions dans l’illégalité oui ou non?
Si tout est legal,pourquoi mobiliser notre temps pour tes inepties?
Est ce que mon pays doît continuer à donner du temps aux facteurs improductifs tel ce monsieur avec son discours indigestes et creux car n’apportant aucune information utile et clntribuant à la bonne marche du pays sinon faisant étalage de connaissances pas utiles .
Cet article ne grandit pas son auteur car il ne nous apprend rien du tout sinon qu’il fait de l’opposition mal inspirée en tentant de noircir un tableau déjà peint en noir par des devanciers dilapidateurs de biens publics.
N’est-il pas en train de maquiller leur défense par ce discours alambiqué ?
belle contribution. Les éveillés doivent réveiller les non éveillés.