La proposition de trente mois pour la durée de la Transition au Burkina Faso, suggérée par les délégués aux assisses consacrées à cette question, va au-delà des 2 ans souhaités par les putschistes. Reste à savoir si ce délai va agréer les chefs d’Etat des pays membres de la Cedeao, qui ne veulent pas souvent d’une transition au-delà de 18 mois.

Par Mamadou T. DIATTA – La durée de la Transition est désormais connue au Burkina. Les délégués au nombre de 350, ont fini, après plusieurs tours d’horloge d’échanges, par adopter la charte de la Transition, qui a été aussi paraphée par le Président. Ce temps va perdurer jusqu’à la tenue des prochaines élections. En lieu et place des trente mois proposés initialement par la commission technique.
La durée de cette transition emportera-t-elle l’adhésion des Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui ne veulent pas souvent d’une transition au-delà de 18 mois ? Rien n’est moins sûr. La structure sous-régionale, à travers les chefs d’Etat des pays membres de la Cedeao, s’était montrée magnanime vis-à-vis des nouvelles autorités de Ouaga en envoyant même auprès d’elles, après les premières heures qui ont suivi le putsch ayant renversé le Président Kaboré, une délégation des chefs d’Etat-major. Tout le contraire des mesures ou dispositions prises après le coup d’Etat du Colonel Assimi Goïta au Mali.
Toujours est-il que «c’est un travail qui a été fait pour que ce pays retrouve un peu sa fierté et ses valeurs morales», a déclaré à Rfi, l’ex-Premier ministre burkinabé, Tertius Zongo.
Ni le président, ni le Premier ministre, ni le président du Parlement ne pourront prendre part aux élections générales qui mettront fin à la période de Transition, fait-on savoir.
Il est aussi à remarquer que les participants aux discussions sur la charte de Transition sont allés au-delà de la durée de 2 ans, souhaitée ou voulue par les autorités militaires. Ces dernières justifiaient leur requête par «un retour progressif des personnes déplacées dans leur localité mais vu l’ampleur de la tâche…».
A propos de l’attelage gouvernemental, les délégués ont opté pour la conservation de l’équipe de 25 ministres. Un choix qui s’explique, souligne, d’après Rfi, un responsable de la Société civile, par le fait qu’un «gouvernement très resserré» constituerait «un frein pour le développement de certains secteurs sociaux, car les futurs ministres seraient débordés».
71 membres devraient constituer, selon les recommandations des délégués aux assises sur la durée de la Transition, l’organe législatif. Ces parlementaires se composeront ainsi : 21 personnes désignées par le président de la Transition, 16 membres qui représenteront les Forces de défense et de sécurité, 13 venant des organisations de la Société civile, 8 des formations politiques et 13 représentants pour les régions du pays.
A charge maintenant pour le président de la Transition, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, de conduire une mission auprès des partenaires du pays afin de les convaincre d’accepter la durée de la Transition. Et Eddie Komboigo, le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (Cdp de l’ex-Président Blaise Compaoré), d’être plus explicite à ce propos : «Nous avons suggéré qu’il se rapproche également de nos partenaires techniques et financiers pour nous assurer que ce délai convienne à tout un chacun et que cela doit pouvoir se conduire avec beaucoup d’intelligence et sans heurts.»
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