Malgré des années d’efforts et de sensibilisation, l’accès aux toilettes reste encore un luxe dans nombreuses localités du pays. Et les conséquences sont nombreuses dans des zones qui s’adonnent encore à la défécation à l’air libre.Par Abdou Latif MANSARAY –

 La Journée mondiale des toilettes a été organisée cette année dans la région de Fatick, plus précisément dans la commune de Colobane. Si le thème de cette année est «Les toilettes, espace de paix», tout le monde n’a pas pour autant accès à cet endroit essentiel dans la vie des hommes. Et cette localité en fait partie avec de nombreux habitants qui ne disposent pas de toilettes et sont contraints à la défécation à l’air libre. Dame Ndiaye, maire de Colobane, insiste sur l’importance d’un cadre de vie sain : «Dans notre programme de gouvernance locale, nous avons retenu une initiative qui permet de donner la santé à tout le monde, de donner l’eau et l’assainissement à tout le monde, de favoriser l’accès à l’éducation. Cela s’articule dans le nouvel agenda de développement impulsé par le nouveau régime.» Il poursuit : «Beaucoup de familles démunies ont bénéficié de toilettes. Cette journée est une opportunité d’informer et de sensibiliser le grand public sur la nécessité de disposer de toilettes décentes afin d’améliorer le cadre de vie des populations et de préserver leur santé.»

A travers un sketch, des jeunes ont sensibilisé et informé les autorités sur leurs dures conditions d’existence, notamment les élèves handicapés et les filles qui n’ont pas accès à des toilettes décentes et/ou adaptées dans les établissements scolaires. Selon des parents d’élèves qui ont pris part à cette journée, beaucoup de filles ont abandonné les écoles à cause de cette réalité.
Dans son discours, Cheikh Tidiane Dièye a montré les efforts à consentir pour régler la question : «Un rapport de l’Oms et de l’Unicef de 2023 renseigne qu’environ 3, 5 milliards de personnes vivent encore sans assainissement adéquat. Et 419 millions de personnes pratiquent encore la défécation à l’air libre, notamment dans les zones touchées par les conflits ou les catastrophes climatiques, avec tout ce que cela comporte en termes de conséquences sur la santé, sur l’environnement, mais plus encore sur la dignité des hommes et des femmes.» Il rappelle que cette situation a des répercussions nocives sur les populations telles que la propagation des maladies fécales, la mortalité infantile et la baisse des résultats scolaires des enfants, voire le décrochage, notamment chez les jeunes filles. «Le sketch que nous venons de voir en est une belle illustration», insiste-t-il.

Conscient de cette situation, le ministre a pris la décision de mettre fin aux contrats des entreprises chargées des constructions de toilettes dans le monde rural. «Dans les plus brefs délais, nous allons nous atteler au projet de construction  de toilettes. Il m’est arrivé de demander de mes services la résiliation pure et simple des contrats confiés à des entreprises qui se sont révélées  défaillantes à réaliser des projets de construction de toilettes au regard de certaines lenteurs inacceptables que je ne saurais cautionner compte tenu de l’importance que j’accord à ces toilettes», note le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement. Malgré tout, il reste encore beaucoup à faire en matière d’accès à l’assainissement. «Même s’il faut le reconnaître que des progrès ont été réalisés dans notre pays. Vous conviendrez avec moi que l’accès aux toilettes gérées en toute sécurité nous interpelle tous et nous rappelle l’urgence de renforcer nos efforts en vue de la réalisation de l’Objectif de développement durable 6.2 qui vise d’ici 2030 à assurer l’accès à tous, dans des conditions équitables, à des services d’assainissement et d’hygiène adéquats afin de mettre fin la défécation à l’air libre», se projette Cheikh Tidiane Dièye.
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