Jamais une campagne de commercialisation de l’arachide n’a été aussi profitable aux producteurs de l’oléagineux du fait de l’intervention des opérateurs chinois. C’est l’avis de grands producteurs du département de Vélingara qui demandent au chef de l’Etat de lever la mesure interdisant l’exportation de l’arachide sénégalais.

Malick Sarr est un grand producteur d’arachide établi dans le département de Vélingara. Jamais, de son avis, «depuis 1989, une campagne arachidière n’a été aussi bonne en termes de productions et de recettes à la commercialisation. Je touche du bois. J’ai fait une bonne campagne», dit-il. Cette bonne campagne, M. Sarr dit la devoir à la mise en place précoce des intrants par l’Etat, de l’engrais précisément et, surtout, à la «présence d’opérateurs chinois qui ont acheté le kg d’arachide à 300 francs Cfa par moments, et qui nous trouvent dans nos champs ou à la maison pour prendre nos graines au comptant. Pas de charge de transport pour le producteur».
Et puis vint la mesure présidentielle interdisant l’exportation de l’oléagineux sénégalais comme pour doucher l’enthousiasme et la bonne humeur des paysans.
Un autre producteur, Amadou Niang, tout en essayant de comprendre les fondements patriotiques de la mesure, rassure le chef de l’Etat en ces termes : «Il n’y aura pas de pénurie de semences. Le prix très attractif du kg d’arachide va donner assez de moyens financiers aux producteurs, leur autorisant à garder une partie de leurs productions comme semences et, pourquoi pas, en revendre le moment venu. C’est que par le passé, la faiblesse des revenus des paysans due à la modicité du prix de vente du kg les poussait à vendre la totalité de leurs récoltes. Ce ne sera pas le cas cette année», rassure M. Niang.
D’ailleurs, ces deux producteurs demandent au Président Sall d’ouvrir les portes du Sénégal de l’arachide aux Turques, aux Indiens et même aux Américains, inonder le pays de matériels agricoles et de bons fertilisants. Ainsi, tout le monde se ceindra les reins pour l’agriculture. Et puis, conseillent-ils : «On ne doit pas privilégier les intérêts de la Sonacos où travaillent, tout au plus, 1 millier de personnes, au détriment des intérêts de près de 6 millions d’agriculteurs.» Puis de conclure : «Nous avons encore des graines entre nos mains et nous ne sommes pas disposés à les brader à la Sonacos. Il faut lever la mesure.» D’ailleurs, pour Malick Sarr, «si toutes les campagnes à venir ressemblent à celle-ci, on ne parlera plus d’émigration irrégulière et les grands centres urbains vont se vider petit à petit de son surplus de population au profit des campagnes».