Vainqueur de la Can 2019, Djamel Belmadi a fait pencher la balance en faveur des locaux lors de la dernière édition en Egypte. Avec le finaliste, le Sénégalais Aliou Cissé, ils renforcent l’argument en faveur d’un plus grand nombre d’Africains sur le banc des entraîneurs.

Pour la première fois depuis plus d’un demi-siècle, une majorité significative d’entraîneurs africains sera à la tête d’équipes lors de la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations de janvier au Came­roun. La qualification de la Sierra Leone, sous la houlette de John Keister en début de semaine, signifie que 14 des 24 équipes présentes à la phase finale seront dirigées par un entraîneur local, sauf si les fédérations de football changent soudainement d’avis pour changer de personnel.
Il s’agit d’un revirement significatif en faveur des locaux, qui ont longtemps été éclipsés par les entraîneurs étrangers d’Europe et d’Amé­rique du Sud lors des phases finales. La phase finale de 2002 au Mali a été la dernière fois où il y a eu plus d’entraîneurs africains que d’étrangers à la phase finale, mais à l’époque, sur un terrain de 16 équipes, il y avait une répartition presque égale avec neuf Africains et sept expatriés.
Depuis 1965 en Tunisie, où les six finalistes étaient dirigés par des locaux, il n’y a jamais eu un tel pourcentage d’entraîneurs africains, dans ce qui sera considéré comme un vote de confiance dans le talent local. Des pays comme le Bur­kina Faso, la Guinée Equatoriale et le Mali, dont les dernières participations à la phase finale avaient été con­fiées à un entraîneur étranger, ont changé d’approche et opté pour des locaux.
Le débat sur le manque d’opportunités pour les entraîneurs africains dans leur propre pays est depuis longtemps passionné. Beaucoup pensent en effet que les Fédérations ont tendance à privilégier les étrangers lorsqu’elles nomment un entraîneur national. Souvent, la réaction instinctive au recrutement d’entraîneurs a vu de nombreux Européens ou Sud-Américains accepter un rôle pour lequel ils n’étaient pas préparés ou qui dépassait leurs capacités. D’autres pensent que le statut des entraîneurs africains est encore faible et qu’ils ne bénéficient pas du même respect de la part des joueurs qu’un entraîneur étranger. Sur les 32 éditions passées de la Coupe d’Afrique des nations, seuls six ont vu des entraîneurs africains dominer. Il y a eu huit tournois où la répartition était égale, mais 18 où les entraîneurs non africains étaient en majorité sur le banc. Ce chiffre inclut les sept dernières éditions, qui remontent à 2008. Les statistiques concernent les entraîneurs en poste au début du tournoi, car il y a eu des finales où un changement a eu lieu pendant le tournoi.

17 Can remportées par des entraîneurs africains et 16 par des étrangers
Lors de la dernière phase finale en Egypte en 2019, 15 des 24 entraîneurs étaient étrangers. En 2015 en Guinée Equatoriale, seuls trois des 16 finalistes avaient des locaux à leur tête. Claude Le Roy détient le record des entraîneurs lors des phases finales de la Coupe d’Afrique des nations, ayant dirigé six équipes différentes lors de neuf tournois, suivi par Henry Kasperczak (7), Michel Dussuyer (6), Hervé Renard (6), Alain Giresse (5) et Henri Michel (5). Tous sont français, y compris l’ancien international polonais Kasperczak, qui a obtenu la nationalité française après y avoir commencé sa carrière d’entraîneur.
En comparaison, plusieurs entraîneurs africains n’ont participé qu’à trois tournois – un record partagé par Mahmoud Al Gohari, CK Gyamfi, Florent Ibenge, Fred Osam Duodu, Rabah Saâdane et Hassan Shehata, qui a remporté ses trois participations. L’entraî­neur de la Guinée-Bissau, Baciro Cande, devrait participer à un troisième tournoi consécutif en janvier.
Sur le front des victoires, 17 Coupes d’Afrique des nations ont été remportées par des entraîneurs africains et 16 par des étrangers, l’Algérien Djamel Belmadi ayant fait pencher la balance en faveur des locaux lors de la dernière édition en Egypte. Il renforce l’argument en faveur d’un plus grand nombre d’Africains sur le banc des entraîneurs.
Avec lexpressiondz.com