A Yaoundé, c’est la même météo. Celle des balbutiements et des incertitudes. Les travaux de construction du stade Paul Biya sis à Olembé sont dans le flou total. Rien n’avance. Afin de rattraper le retard que l’entreprise met sur le compte de «tracasseries administratives», Sam Thamin, directeur de ce projet, a confié il y a deux mois à nos confrères du quotidien gouvernemental que le stade sera construit en matériaux préfabriqués. «Cela suppose que l’on importe des pièces préfabriquées à installer directement sur le site, au lieu de tout construire sur place. Il va également falloir louer des bateaux pour tout acheminer au Cameroun. Bref, on fera le nécessaire pour rattraper les délais qui sont impératifs», a-t-il précisé non sans confier qu’on ne peut pas commencer les travaux d’une telle envergure sans avoir des études validées par la commission ministérielle mise en place à cet effet.

Des fonctionnaires au banc des accusés
Une manière implicite de pointer d’un doigt accusateur les fonctionnaires des ministères concernés. Eux qui sont reconnus comme des recordmans des dossiers qu’on laisse moisir dans les tiroirs à cause de l’inertie qui a investi ce milieu telle une pieuvre. Investissement d’un montant de 163 milliards de F Cfa, le stade d’Olembé, co-financé par la Banque italienne Intesa San Paolo et l’Etat camerounais, accuse en fait un retard global qui est de plusieurs ordres. «Les marchés ont été signés en décembre 2015 et la première étude déposée vers mars 2016. La commission de suivi du dossier technique qui a été mise en place n’avait pas de financement. Les membres ont néanmoins commencé les travaux autour de novembre 2016. Mais après, les engins ont recommencé à tourner au point mort», souligne Sam Thamin. Sur le site, tout le monde s’accorde à dire que les blocages et le retard accusé par le démarrage effectif des travaux viennent de la présidence de la République. Le nom d’un certain Ayem Jean Claude, conseiller technique à la présidence de la République, nommé par le chef de l’Etat. Toutes les attentes tournées vers cet homme, apprend-on, sont contreproductives, insusceptibles des résultats probants.

Questions techniques et financières
Des révélations qui laissent planer un épais brouillard sur la réalisation de ce projet à travers lequel le pays hôte de la Can 2019 entendait séduire les inspecteurs de la Caf, annoncés au Cameroun le mois prochain pour une troisième visite. En effet, si le stade d’Olembé doit abriter des matchs de cette compétition qui se joue dès janvier, l’infrastructure doit obligatoirement être achevée trois mois avant, c’est-à-dire en septembre 2018, selon les exigences de la Caf. C’est pourquoi, en attendant que les questions techniques et financières soient réglées, l’entreprise a procédé au déforestage du site de 320 mille m2, équivalent à environ 15 kilomètres de route. Elle vient à peine d’achever avec les remblais. Seront-ils dans les délais ? Nul ne le sait. Et dire que Paul Biya tient à son stade.
Camfoot