Les autorités du Qatar ont donné à Macky Sall l’assurance que le territoire de leur pays ne servira pas de base pour «déstabiliser le pouvoir en place au Sénégal». Cela fait suite à une protestation de Dakar sur la fréquence des rencontres entre Karim Wade et des responsables de son parti. Ce qui a conduit à lui donner une injonction pour qu’il réduise ou mette fin auxdites rencontres.

Le pouvoir en place n’en a manifestement pas fini avec Karim Wade. Le Quotidien a appris que le gouvernement qatari a signifié à l’ancien ministre sénégalais qu’il n’accepterait pas que le territoire de l’Emirat puisse abriter des rencontres politiques visant à déstabiliser le pouvoir en place au Sénégal. Il lui a été ainsi signifié de mettre fin aux rencontres qu’il tenait avec les haut responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds).
Les personnes proches du pouvoir, qui ont donné cette information, ont précisé que ce rappel à l’ordre de Karim Wade faisait suite à une protestation ferme du gouvernement sénégalais auprès du pouvoir du Qatar. Les autorités sénégalaises se sont plaintes de ce que, en un laps de temps, des responsables importants du Pds, comme Oumar Sarr ou Madické Niang, entre autres, ont eu à rencontrer Karim Wade à Doha. Lesdites rencontres ont eu lieu parfois ensemble, parfois séparément.
Quoi qu’il en soit, leur fréquence et peut-être aussi sans doute la teneur de ces conversations ont eu pour effet d’irriter le pouvoir de Macky Sall qui a décidé qu’il fallait manifester son mécontentement. Le gouvernement du Sénégal a rappelé que c’est à la suite d’une intervention personnelle de l’Emir du Qatar que Karim Wade avait été «gracié pour des raisons humanitaires et autorisé à quitter le pays». Et selon les personnes ayant donné l’information, l’une des clauses de l’accord ayant abouti à son élargissement avait été que l’ancien ministre de son père s’abstienne de toute manœuvre politique destinée à nuire au régime en place au Sénégal.

Karim convoqué par les autorités qataries
De ce fait, ayant reçu la protestation officielle du Sénégal, les autorités qataries ont convoqué Karim Wade pour lui faire injonction de cesser toute activité politique qui pourrait nuire aux bonnes relations qui existent entre le Sénégal et le Qatar. Les mêmes personnes disent que, confronté à la mise en demeure, Karim Wade aurait d’abord tenté de minimiser la fréquence et l’importance de ces rencontres, en tentant de les faire passer pour des rencontres purement amicales. Jusqu’à ce que les gens lui rapportent la teneur même de certaines de ces conversations.
Quoi qu’il en soit, le gouvernement sénégalais aurait reçu des autorités qataries l’assurance que leur territoire ne saurait servir de base à des rencontres visant à déstabiliser ou renverser le pouvoir en place à Dakar. Cette garantie, il va sans dire, a grandement fait plaisir au pouvoir du Palais de l’Avenue Léopold S. Senghor à Dakar.
On se rappelle que Karim Wade avait été gracié et libéré de prison en juin 2016. Il avait dans la foulée, et le même jour, pris un avion affrété par les autorités de Doha pour rejoindre l’émirat du Qatar, où il vit depuis lors. Il y a quelque temps, certains de ses proches avaient fait état de son intention de revenir au Sénégal pour se présenter à l’élection présidentielle l’année prochaine. Of­ficiellement, Karim Wade est l’unique candidat de son parti, le Pds, pour cette prochaine échéance.
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