Un colloque axé sur la promotion du travail décent dans le secteur de la presse s’est tenu, mercredi et jeudi passés au Cap-Skirring (Ziguinchor). Une quarantaine d’acteurs des régions de Kolda, Tambacounda et Ziguinchor ont identifié, à l’occasion, les écueils qui empêchent les acteurs des entreprises de presse de vivre de leur métier. Des solutions de sortie de la précarité sont aussi proposées. Le colloque qui doit prendre fin ce vendredi a eu comme partenaires la Giz et le ministère du Travail, de l’emploi et des relations avec les institutions.Par Abdoulaye KAMARA – 

Le secteur des médias traverse une zone turbulence marquée par la précarité des emplois. Du fait notamment du non-respect des exigences de la Convention collective nationale adoptée en 2018. D’ailleurs, le contenu de ladite convention est mal connu par les employés du secteur comme par leurs patrons. Journalistes, techniciens, patrons et animateurs, une quarantaine, issus des régions de Ziguinchor, Kolda, Sédhiou et Tambacounda, ont reconnu cette réalité mercredi et jeudi passés au Cap Skiring (région de Ziguinchor) au cours d’un colloque axé sur la promotion du travail décent dans le secteur des médias. Ledit colloque a obtenu l’appui de la Giz et du ministère sénégalais du Travail, de l’emploi et des relations avec les institutions. Aussi ce colloque se veut-il, selon un document remis à la presse, «une tribune de discussions pour les différentes parties prenantes sur les défis qui interpellent les entreprises de presse des régions sud du pays pour semer les graines d’un dialogue inclusif entre les acteurs du secteur pour l’émergence de conditions de travail décentes». Au cours de ce colloque qui prend fin ce vendredi, les participants ont suivi des communications sur les thèmes : «Retour d’expériences et leçons apprises sur la situation des entreprises de presse ; le fact-checking et les bonnes pratiques du journaliste en période de crise et dans les théâtres de conflits ; la Convention collective nationale du secteur de la presse au Sénégal : quelles réponses pour un travail décent et puis la problématique et les enjeux de la discrimination, de la violence et du harcèlement en milieu de travail.» L’inspecteur du travail Oumar Diouf, après avoir permis de connaître le contenu de la Convention collective nationale, a dévoilé les critères d’un travail décent : «Il suppose la création d’emplois décents et rémunérateurs, l’extension de la protection sociale à toutes les couches, la promotion du dialogue social, ainsi que des principes et droits fondamentaux au travail.» Des critères que la plupart des entreprises ne parviennent pas à assurer à leurs agents. Le plus important étant celui à la rémunération. L’atelier a alors identifié les goulots d’étranglement qui empêchent le secteur de la presse de promouvoir le travail décent. Le journaliste Ibrahima Gassama, directeur et fondateur de la Radio Number One FM de Ziguinchor, a noté : «Le modèle économique des entreprises de presse pose problème : toutes les entreprises comptent sur les avis et communiqués, les temps d’antenne vendus aux Ong ou individus avec un dumping souvent organisé par la concurrence.
La non-application de la Convention collective, l’instabilité du personnel, l’absence de contrat de travail, le défaut d’affiliation aux organisations de sécurité sociale et puis le Covid-19 et ses conséquences économiques. En plus, les entreprises sont gérées de manière informelle…» A la lumière des faiblesses ainsi identifiées, un des panélistes, le journaliste Cheikh Tidiane Cissé, a proposé les solutions ci-après : «Instaurer un dialogue au sein des entreprises de presse, clarifier le statut du journaliste, améliorer les productions et leur fiabilité, revoir la répartition des marchés publicitaires, répartir de manière équitable le fonds d’appui à la presse, formaliser les entreprises de presse, appliquer la Convention collective…»
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