Cap-Vert – Affaire de la pirogue de Fass Boye : 37 survivants ramenés à Dakar, les morts enterrés à Sal

Par Arlinda NEVES (correspondante particulière) – Les populations de Fass Boye, situé dans la région de Thiès, ne pourront pas suivre la tradition et assister à l’inhumation de leurs proches, victimes de la pirogue secourue en haute mer au large de l’île de Sal, et qui devaient être transférés dans un avion militaire sénégalais, avec les 38 survivants et la délégation du gouvernement sénégalais venue au Cap-Vert pour les rapatrier. L’avion militaire a décollé hier avec 37 survivants, tandis que l’autre reste hospitalisé à l’Hôpital central de Praia. Selon le président de l’Association des Sénégalais de Sal, Médoune Ndiaye, le processus administratif de rapatriement des corps prend beaucoup de temps. Les autorités cap-verdiennes et sénégalaises ont donc décidé de les laisser sur place et de les enterrer hier même dans l’un des cimetières de Sal.
A Sal, c’est la fin du voyage et leurs rêves ont été enterrés sur place. Les 7 personnes décédées lors de la traversée de la pirogue de Fass Boye, secourue au large des côtes cap-verdiennes, ont été enterrées loin de leur terre natale. «Malheureusement, les corps sans vie ne sont pas partis avec la délégation sénégalaise, dirigée par la ministre chargée des Sénégalais de l’extérieur, qui a voyagé (hier) à bord d’un vol militaire Sal-Praia- Dakar. Seuls 37 survivants sont partis pour le Sénégal, tandis que l’autre reste sous soins médicaux à l’Hôpital central de Praia. Dès qu’il sera rétabli, les autorités prendront les dispositions nécessaires pour le rapatrier», a déclaré Médoune Ndiaye, qui soutient inlassablement ses compatriotes depuis le début du sauvetage de la pirogue.
Le président l’Association des Sénégalais de Sal précise également qu’il y avait des aspects juridiques à remplir pour rapatrier les corps. Finalement, les autorités sénégalaises et cap-verdiennes ont décidé de les enterrer sur place, sur l’île de Sal. «La délégation est venue pour une courte période et, en arrivant ici, elle s’est rendu compte que la gestion de toutes les formalités administratives prendrait beaucoup de temps. En accord avec les autorités cap-verdiennes, l’équipe a donc dû laisser les corps sur place», dit-il. Finalement, les funérailles ont eu lieu hier matin au cimetière de Sal, en présence de certains parents des victimes. Dimanche, la ville a organisé une lecture du Coran en compagnie des imams et notables des 86 villages que compte la commune de Darou Khoudouss, dans le but de prier pour les survivants et les personnes décédées dans la pirogue au large du Cap-Vert. Au moins, elles ont eu une sépulture contrairement à la soixantaine de personnes qui gisent dans les profondeurs de l’Atlantique.
Par ailleurs, les 37 survivants peuvent pousser un ouf de soulagement car ils sont désormais en sécurité dans les bras de leurs proches à Fass Boye. La pirogue transportant 101 personnes dont un Bissau-guinéen, était partie le 10 juillet de la zone de pêche de Fass Boye, au Sénégal, à destination de l’Espagne. Après 20 jours en haute mer, 56 d’entre elles sont mortes de faim et ont été jetées par-dessus bord. Le bateau transportait 45 personnes. Seules 38 d’entre elles dont cinq adolescents âgés de 14 et 15 ans, ont été secourues vivantes par un navire de pêche espagnol à environ 150 miles au nord de l’île de Sal.