Le centre culturel régional de Kédougou a organisé un atelier de renforcement de capacités des acteurs culturels sur les techniques d’élaboration et de gestion des projets culturels, de recherche de partenariat et de levée de fonds. Les sessions de formation se sont déroulées durant cinq jours, la semaine dernière, au Cdeps de Kédougou.

La direction de la société Eiffage Sénégal, en particulier son Directeur général, M. Gerard Sénac, a eu la volonté de soutenir les jeunes talents artistiques et faire leur promotion, pour qu’ils puissent aller de l’avant. Pour cela, ils ont conçu et réalisé l’exposition Ca Kanam. Inaugurée le vendredi dernier dans les locaux d’Eiffage Sénégal, cette exposition, qui regroupe près d’une cinquantaine d’œuvres, montre le travail de 11 artistes plasticiens. Chacun y est allé de son propre langage.
Formé à l’Ecole des arts de Dakar, Ousmane Niang, l’un des exposants, a peint la dictature, la liberté, le partage, la transhumance,… Fier de sa technique de pointillisme, et de sa démarche qui consiste à symboliser les paroles de la société par des formes et expressions homme-animal, le jeune Niang ne se bride pas dans son travail. «Chaque point représente une solution d’un problème social. Mon objectif est faire de l’art comme facteur de développement et initier les jeunes à la recherche et création, pour qu’ils ne deviennent pas que des consommateurs», renseigne-t-il. Au-delà, il s’agit surtout pour ce jeune natif de Tamba de sensibiliser «les dirigeants africains, qui n’ont ni l’œil, ni l’esprit, ni l’intelligence qu’il faut pour faire face aux Occidentaux qui continuent de diriger le monde». Il élabore par ailleurs : «On est en train de partager le monde. Les forts prennent des grandes parts et les faibles se retrouvent sans rien. C’est ce qui nous fait reculer, nous les jeunes Africains.» C’est dans cet état d’esprit que le jeune Ousmane Niang espère contribuer à bâtir un monde plus juste et n’occulte pas son rôle qui consiste en tant qu’artiste à trouver des solutions à des problèmes qui se posent dans son pays et dans le monde.
Pour le jeune Mbaye Babacar Diouf, l’émergence consiste à son niveau, à peindre l’Idéal. Sorti de l’Ena en 2007, Mbaye Babacar a participé à l’expo In de la biennale de DakArt 2016. Il estime que chaque homme a besoin de son semblable, «pour un idéal» qu’il rend en peinture. «L’Idéal, c’est le rêve de chacun. Pour réaliser ce rêve, on a besoin de l’Autre. Les gens ne s’en rendent pas toujours compte mais on a toujours besoin de l’Autre. De la naissance à la mort. C’est l’Autre qui nous aide à atteindre cet objectif, il est important de penser aux autres par rapport à tout ce qu’ils font pour nous.» Dans son style et sa démarche, ce peintre, médaillé d’argent des derniers Jeux de la francophonie d’Abidjan, place l’«Humain» au centre de son activité. Comme les maillons d’une même chaine, ses petits humains nagent au milieu de ses toiles où ils tentent de trouver l’équilibre. Avec son œuvre «Mane akk niom», Babacar Mbaye Diouf se retrouve encore dans la quête de la perfection.
Pour rester dans l’esprit de l’expo, Ibrahima Cissé Debs a aussi préféré se réapproprier certaines valeurs. Ces valeurs de la vie, de la nature et des gens qu’il juge positives et qu’il peint dans une tryptique intitulée «Réappro­pria­tion». Ibrahima Cissé trouve en cette toile, le moyen d’exhorter la jeunesse à ne pas chercher ailleurs ce qu’il y a déjà dans son pays ou son continent. «Le Sénégal a tout, l’Afrique aussi. Nous avons une population, le soleil, la terre, la culture, on doit se réapproprier toutes ces valeurs qui nous appartiennent, pour faire émerger le Sénégal et l’Afrique», confie-t-il.
Sambou Diouf exprime pour sa part toute l’ivresse qu’il garde dans sa peinture. Dans sa toile qu’il intitule «Ivresse», Sambou rend hommage aux précurseurs de la première génération comme Iba Diouf, Ousmane Faye et ceux de la deuxième génération à l’instar de Abdoulaye Ndoye, Viye Diba,… Pour lui, si l’actuelle génération a pu émerger et faire un travail loué par tous, c’est grâce à ces précurseurs. «Ces peintres qui ont relevé de grands défis, balisé tout le terrain et gommé beaucoup d’obstacles.» Dans son œuvre, le public remarque des mains. Sont-ce là peut-être les empreintes laissées par ces précurseurs ?
Un peu plus loin, Ibrahima Wone Tampidaro expose le «Carnaval nocturne» où l’on reconnait facilement Dakar avec ses rues, ses Ndiaga Ndiaye, et tout son tintamarre. Le «Futur» intéresse aussi ce jeune homme, tout comme le sort du «Marché Tilène» l’interpelle. Absorbé par le décor en milieu urbain, Ibrahima Wone Bocoum fige sous son pinceau, des vendeurs et vendeuses devant leurs étals de fruits ou de légumes. Tandis que Serigne Ibrahima Dièye reste dans son univers de collages cartonnés, de peinture et de dessins au stylo, Asta Niang, apporte un peu de lumière en exposant le «Soleil». Avec un mélange de pagnes traditionnels africains (wax) et occidentaux (soie), Asta aborde le métissage et l’union.
Pour clore la soirée, Rama Diaw a fait défiler son imagination artistique. Ses mannequins, qui ont défilé dans ses créations en wax noir et blanc (Twocouleurs), ont suscité l’admiration du public. L’exposition peut être visitée jusqu’au 10 février.
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