Le mouvement irrédentiste casamançais, dans ses ailes militaires et politiques, a accepté hier de signer un accord de paix et de cessation de conflit militaire avec le Sénégal. Un résultat obtenu grâce aux opérations de l’Armée nationale sur le terrain, qui avaient fini de rendre illusoire toute idée de victoire militaire des rebelles.Par Mohamed GUEYE

– L’information est presque passée inaperçue hier, tant l’attention de l’opinion était tournée vers les résultats des élections qui devaient être publiés dans la journée. En l’absence de communiqué officiel dans la journée, il a fallu que les deux chefs d’Etat concernés décident de rompre le silence à travers les réseaux sociaux pour que l’attention des médias retourne vers d’autres préoccupations aussi, sinon plus importantes pour le pays. Le Président Macky Sall s’est réjoui hier par un tweet : «Je salue l’Accord de paix et de dépôt des armes signé ce 4 août à Bissau entre le Sénégal et le Comité provisoire des ailes politiques et combattantes du Mfdc. Je reste engagé pour la consolidation de la paix durable en Casamance. Je remercie le Président Embalo pour sa médiation.»

Le chef de l’Etat dévoilait ainsi que le gouvernement du Sénégal, au moment où il sécurisait le territoire national en traquant les résidus des forces rebelles de Salif Sadio et César Atoute Badiate, prenait néanmoins le temps de négocier avec lesdites forces à travers la médiation d’un pays voisin.

S’il ne s’agit pas encore d’une déclaration totale de paix, on peut déjà se féliciter que le Président Macky Sall, aidé en cela par les Forces armées sénégalaises, ait pu imposer la fin de la guerre au maquis casamançais. Il est évident que les accords de Bissau ne sont que la résultante du travail intense réalisé sur le terrain par les militaires depuis deux années environ. Les forces du Colonel Kandé s’étaient données pour mission de permettre aux populations déplacées par la guerre de pouvoir retourner dans leur terroir. Après cet épisode, quelque temps après, les forces de Salif Sadio ont commis l’erreur de s’en prendre à des éléments sénégalais de la force de la Cedeao déployés en Gambie et ont fait des prisonniers qu’ils ont exhibés comme des trophées de guerre. L’Armée n’a pu tolérer une telle humiliation, qui a été payée par le démantèlement de toutes les bases et casernements des rebelles en Casamance du Sud. Une fois cela terminé, les forces du Comzone Thierno Ndour se sont tournées vers les bases de César Atoute.

La situation sur le terrain était devenue telle qu’en vérité, l’Etat du Sénégal aurait pu ne pas entrer en négociations, parce que le Mfdc n’a plus grand-chose à mettre sur la table. Ses bases démantelées sur le territoire national, la rébellion ne pouvait plus se replier dans ses anciens sanctuaires dans les pays voisins. Mais le souci des dirigeants politiques sénégalais a toujours été de ne pas humilier l’adversaire, et ils ont voulu offrir une porte de sortie honorable aux dirigeants politiques et militaires du Mfdc.

Il s’agira, pour la suite, pour l’Etat et toutes les parties signataires, de veiller à ce que ce nouvel accord de Bissau ne ressemble pas aux traités passés. Il ne s’agira pas de laisser au Mfdc la possibilité de reconstituer une force armée et de menacer l’intégrité territoriale du Sénégal. Comme le dit souvent Yoro Dia, dans ses chroniques dans les colonnes du journal Le Quotidien, «l’Armée a gagné la guerre avec le Mfdc, il s’agit maintenant pour les politiques de gagner la paix». Le Président Sall a déjà commencé avec tous les investissements qu’il a faits au Sud du pays. Il ne s’agira que de continuer.
mgueye@lequotidien.sn