Depuis dimanche, l’Armée a enclenché une opération de démantèlement des bases rebelles de la faction de Salif Sadio, dans le nord Sindian et le long de la frontière avec la Gambie. Une opération de grande envergure mobilisant d’importants moyens humains, matériels et logistiques, qui n’est pas sans conséquences sur le déplacement des populations de la bande frontalière, réfugiées aujourd’hui au niveau des villages frontaliers de la Gambie.Par Ibou MANE –

Suite aux accrochages survenus il y a près de deux mois en territoire gambien entre des éléments du chef rebelle Salif Sadio et du Contingent sénégalais basé en Gambie pour les besoins de la mission de la Cedeao, l’Armée n’avait cessé depuis, de renforcer ses positions dans le nord Sindian et au niveau de toute la bande frontalière avec la Gambie voisine. Et le samedi, c’est un vaste mouvement de troupes qui a été noté au niveau du département de Bignona, notamment sur l’axe Bignona-Sindian et depuis Selety vers le nord Sindian. Une progression de colonnes de l’Armée et des bruits de bottes vers la frontière qui, pour les populations, laissaient présager de la reprise des hostilités au niveau de ces contrées du Fogny. Et c’est finalement ce dimanche, en début d’après-midi, que les populations eurent écho des premières fortes détonations issues de tirs à l’arme lourde, perceptibles dans le nord Sindian, une partie du Naran et le long de la frontière où d’aucuns situent les bases de Salif Sadio. Des hostilités, voire une opération militaire qui, selon la Dirpa, s’inscrit dans le cadre de leurs missions régaliennes de sécurisation des personnes et des biens et dont l’objectif principal, clairement, est de démanteler les bases de la faction Mfdc de Salif Sadio, situées le long de la frontière nord.
Dans un communiqué parvenu d’ailleurs ce lundi à la presse, la Dirpa a indiqué qu’une telle opération vise également à détruire toutes les bandes armées menant des activités criminelles dans la zone et à neutraliser toute personne ou entité collaborant directement ou indirectement avec elles. Une mission on ne peut plus claire, qui se mesure à l’aune des moyens matériels et humains engagés par l’Armée sur le théâtre des opérations. «Ce sont d’intenses bombardements et des tirs à l’arme lourde qui se sont déroulés toute l’après-midi et se sont poursuivis jusqu’aux environs de 23h ce dimanche», confie une source établie dans la contrée du Fogny. Des détonations perceptibles à nouveau le lundi matin, et qui se sont intensifiées toute la journée. Une illustration de la puissance de feu de l’Armée, qui aurait pilonné les cantonnements rebelles de Carounor frontière, Djilanfari et Tampidon qui jouxtent le village gambien de Kappa, et qui seraient, de source villageoise, tombés aux mains de l’Armée. Cette reprise des hostilités qui, ainsi met fin à l’accalmie longtemps notée dans le Fogny, a de quoi susciter la peur au sein des populations locales de la bande frontalière qui craignent pour leur sécurité. D’ailleurs, plusieurs sources concordantes ont fait état du départ d’un nombre important de populations civiles, qui ont déserté leurs villages pour aller se réfugier à Bulock et les villages frontaliers de la Gambie qui commencent à accueillir progressivement des flux de réfugiés dans la journée du lundi. En outre, plusieurs fonctionnaires établis dans la zone, notamment les enseignants, ont même déserté cette contrée du Fogny pour préserver leur sécurité et celle de leurs élèves. Car c’est le lieu de rappeler que l’Armée reste déterminée, selon la Dirpa, à poursuivre des actions de sécurisation et à préserver à tout prix l’intégrité du territoire national.
Les combattants de la base de Diakaye condamnent
Les combattants du Front-Nord-Diakaye, par la voix de leur chef Fantomas Coly, disent constater avec regret la détérioration de la situation d’accalmie notée jusque là. Suffisant pour le Commandant en chef de Diakaye, d’inviter l’Armée et l’autre frange du Mfdc à reconsidérer leurs positions en mettant en avant l’intérêt supérieur des populations qui sont à chaque fois, dit-il, les principales victimes. Condamnant en outre toute attitude pouvant entraîner un regain de violences, Diakaye, par la voix de du chef d’Atika, invite les deux parties à renouer le fil du dialogue qui est le seul moyen de règlement de ce conflit.
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