#Casamance – Pour un retour sécurisé des populations chez elles : Pour un Sénégal sans mines en 2026
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Avec l’appui de ses partenaires comme l’Ue, Humanité et inclusion (Hi) entre autres, le gouvernement espère un «Sénégal sans mines en 2026». C’est un ambitieux projet lancé en grande pompe par les autorités, qui ont réussi à chasser les rebelles de leurs bases.Par Ibou MANE-imane@lequotidien.sn –
Après le démantèlement des bases rebelles, l’espoir de revenir en paix chez soi. En présence de l’ambassadrice de l’Union européenne à Dakar, du directeur du programme de Humanité et inclusion (Hi) en Afrique de l’Ouest, le Gouverneur de la région de Ziguinchor a procédé au lancement, à Djibelor, commune située dans le Niaguis, du Projet d’action contre les mines pour un retour sécurisé des populations en Casamance (Arc), pour un «Sénégal sans mines en 2026».
Ce jour-là, il y avait des autorités administratives, des élus locaux, des représentants du Cnams, des acteurs de l’action antimines, des partenaires du projet et des populations bénéficiaires, etc. C’est un évènement de haute portée sociale et humanitaire, qui marque le retour de la paix dans une zone sinistrée. Secrétaire d’Etat chargée du logement, Victorine Ndèye, par ailleurs maire de Niaguis, a d’abord magnifié la paix notée aujourd’hui sur le terrain, un peu partout en Casamance. Toutefois, l’édile de Niaguis s’est, entre autres, appesantie dans son discours, sur les enjeux sécuritaires de sa commune ; et ce, avec l’existence pour certaines populations, dit-elle, de l’obstacle de la sécurisation de leurs terres souvent confrontées à la présence des mines. «Et il nous faut, comme nous y invitent nos partenaires, renforcer les capacités techniques des acteurs pour que l’objectif fixé par l’Etat du Sénégal, de nous libérer des mines d’ici 2026, soit atteint», soutient Mme la secrétaire d’Etat.
Après avoir salué le travail et l’engagement du Cnams ainsi que Hi, Isad, Asvm, etc., Mme Victorine Ndèye a invité tous les acteurs de l’action antimines à aller vite pour permettre à leurs communes et départements d’engager pleinement, en relation avec les dispositifs mis en place par l’Etat, les projets et programmes de développement attendus par les populations. Et la maire de Niaguis de faire un plaidoyer en faveur des villages de sa commune qui compte encore, souligne-t-elle, des zones affectées qui plombent le retour des populations et la pleine exploitation de son potentiel agricole pour la réalisation, poursuit-elle, de leur ambition de faire de Niaguis un centre agricole. «Soigner, effacer les cicatrices de la guerre et contribuer à la paix sont dans l’Adn de notre organisation ; renouer le dialogue et renforcer la cohésion sociale restent aussi une priorité pour une organisation qui lutte contre les exclusions et toutes formes de discrimination et d’injustice», indique à son tour Emmanuel Sauvage, le directeur du programme de Hi en Afrique de l’Ouest. Pour lui, les modestes transformations sociales que compte apporter ce projet, sont une étape nécessaire pour la réconciliation et le dialogue et pour accompagner la fin du conflit. «La résolution du conflit est une étape nécessaire, mais qui n’est pas du ressort de Hi ; en revanche, la transformation du conflit, la démarche et le processus que nous déployons à travers ce projet et cette action, comme le déminage, n’ont pas besoin d’attendre que tout soit réglé», plaide-t-il. Car pour le directeur de Hi en Afrique de l’Ouest, la paix à venir se prépare maintenant avec la lutte antimines comme art de ces catalyseurs. En tout temps et tout lieu, les enjeux du déminage ont toujours été, selon lui, très forts ; et les équipes sont outillées, expérimentées et motivées pour faire face à tous types de défis, poursuit-il. Avant de promettre que Hi et ses partenaires vont aller vers les populations bénéficiaires du projet pour prendre en compte leurs aspirations et les choix des décisions qui les concernent. «C’est la clé essentielle de ce projet, qui est un passage vers la voie du dialogue», soutient-il. Prévu pour une durée initiale de 18 mois, ce projet, de l’avis de Emmanuel Sauvage, privilégie l’approche intégrée globale inclusive et innovante pour se tourner résolument vers les objectifs de construction de la paix à travers les actions de déminage, d’éducation aux risques, de développement, de dialogue, de cohésion sociale. Et le directeur de Hi d’appeler les parties prenantes à s’unir pour l’épanouissement, la paix, la prospérité des femmes et hommes de la Casamance, particulièrement celles et ceux qui sont victimes des mines.
100 mille m2 d’espace à libérer dans 12 mois
Et pour Emmanuel Sauvage, l’innovation est au cœur de leurs réflexions avec les partenaires, mais aussi d’autres parties prenantes engagées pour explorer d’autres techniques, d’autres technologies et méthodes pour accélérer la remise à disposition des terres. En faisant, par exemple, un usage plus systématique d’enquêtes beaucoup moins lourdes et onéreuses par rapport au déminage et redoutables d’efficacité pour lever tout soupçon de contamination, car parfois un simple soupçon et non la présence avérée d’une mine peut, note-t-il, bloquer l’accès à des ressources. «Hi est engagé avec l’Ue, à libérer 100 mille m2 pour les 12 prochains mois restants du projet ; et après une première exploration sur le terrain, nous sommes confiants pour atteindre au moins 200 mille m2 de terres libérées, en utilisant de manière efficace les coordonnées des différentes méthodes promues par les Nations unies et le Centre international de déminage humanitaire de Genève, référence mondiale en la matière», espère-t-il. Il invite l’Etat à renouveler ses efforts pour soutenir la mission du Cnams, pour un Sénégal sans mines en 2016.
Cheffe de la délégation de l’Ue, Irène Mingasson explique l’importance de ce projet : «La recherche d’une paix durable en Casamance est un objectif qui est à portée de mains. Probablement aujourd’hui plus que jamais durant les 40 dernières années. Pour cela, tournons-nous vers la jeunesse pour concrétiser cette ambition ; car elle est la clé de voute de toutes nos réussites», soutient-elle. Pour concrétiser ce désir de paix durable, dit-elle, les hommes et femmes doivent pouvoir reprendre leurs occupations. «Retourner à leurs champs, rouvrir leurs commerces et que les enfants ne rencontrent plus aucun obstacle pour retourner sur les bancs de l’école, clame-t-elle. Mais, il faut également que les chemins, les champs et les abords de tous les villages de Casamance soient débarrassés des mines meurtrières qui ont été posées par les acteurs ce conflit. Et c’est le Cnams qui a la charge de ce mandat, soutenu en cela par le projet Arc qui nous réunit aujourd’hui.»
Pour le Gouverneur, Guedj Diouf, la mise en œuvre de cet important projet «permettra à terme, de mettre à la disposition des populations, des terres libérées de toute contamination explosive et propices au développement d’activités agricoles et pastorales».
Ce déminage vise à accompagner le retour dans leurs terroirs, des populations déplacées dans les régions de Sédhiou et Ziguinchor, après des années d’exil.