La disparition de soldats d’une unité de l’Armée sénégalaise suite à un accrochage avec des éléments supposés ap-partenir au Mfdc en Gambie, rappelle les an-nées où les tensions étaient encore vives. La dernière prise d’otage de soldats remonte à décembre 2011 et ils ont été libérés un an après. Les civils aussi ont été visés.Par Dieynaba KANE – 

«9 militaires portés disparus et qui seraient probablement détenus en otage par le Mfdc.» Cette information a été donnée mardi par la Direction de l’information et des relations publiques des Armées (Dirpa), suite à l’accrochage survenu en Gambie avec des personnes supposées appartenir au Mfdc. Cette prise d’otage de soldats rappelle celle de décembre 2011. A l’époque, 5 militaires ont été portés disparus après un assaut du mouvement rebelle, au cantonnement militaire du village de Kabeum, situé à Sédhiou, le 13 décembre de la même année. Deux semaines après, l’Armée va confirmer cette information à travers un communiqué. Ainsi, elle fera savoir que «cinq parmi les six (soldats) manquant à l’appel, sont présentement entre les mains du Mfdc». Ces derniers vont être libérés un an après, en décembre 2012, suite à des pourparlers organisés à Rome le 14 octobre, entre le Mfdc et les autorités sénégalaises, au siège de la communauté catholique.
Dans un article de l’Afp repris par Jeune Afrique à l’époque, il est mentionné que «les assauts se sont multipliés dans la région» durant cette période. Il est également rappelé que le 21 novembre 2011, «dix civils partis chercher du bois dans une forêt, avaient été exécutés à une trentaine de kilomètres de Ziguinchor, la principale ville de Casamance». La même source renseigne aussi que «deux autres attaques rebelles ont eu lieu les 13 et 20 décembre contre des cantonnements de l’Armée, à Kabeum et Diégoune». Elle souligne également que «fin 2010 et début 2011, un regain de violence avait provoqué la mort d’une vingtaine de militaires, selon le rapport de l’Armée sénégalaise». Seulement, la prise d’otages du 24 janvier 2022 intervient à un moment où il est noté une accalmie dans ce conflit, qui a démarré en 1982 dans le Sud du pays et qui a fait des milliers de victimes civiles et militaires.

Les civils aussi ciblés
S’agissant de l’accrochage au cours duquel 2 soldats ont été tués et 9 portés disparus, la Dirpa rapporte que les bandes armées, supposées appartenir au Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), s’en sont prises à une patrouille militaire lundi, aux environs de 10 heures, lors d’une action de sécurisation du 5ème Détachement sénégalais de la Mission de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Detsen5/ Micega), «au sud de Bwiam en Gambie» (Nord Sindian, au Sénégal). Selon le communiqué du service de communication de l’Armée, c’est une patrouille militaire du Detsen5/Micega, qui «a essuyé des coups de feu tirés par des éléments armés, supposés appartenir» au Mfdc, «d’un volume estimé à deux groupes de combat, à bord d’un camion transportant du bois». La Dirpa informe que le bilan est de 2 morts du côté de l’Armée : un sous-officier et un militaire du rang. Mais aussi «un rebelle armé d’un fusil d’assaut Kalachnikov, a été tué et deux autres faits prisonniers». Elle informe par ailleurs que «des renforts ont été acheminés dans la zone pour la sécuriser», tout en précisant que «les opérations se poursuivent» pour retrouver les soldats portés disparus.
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