Après 30 ans d’errance de ses populations, Bissine, qui a payé au prix fort la crise casamançaise, revit. Cette renaissance, symbolisée par le retour au bercail ces derniers jours d’une bonne frange de la population, a été rendue possible grâce à une vaste opération de sécurisation menée de bout en bout par l’Armée au niveau de cette contrée qui jouxte la frontière avec la Guinée-Bissau.
Le soulagement se mesure à la joie. Plusieurs fois différé pour cause d’insécurité et d’affrontements armés dans la zone, comme annoncé dans les précédentes parutions du Quotidien, le retour au bercail des populations de Bissine est finalement devenu une réalité. Ainsi, une soixantaine de personnes ont rejoint leur village en arborant de larges sourires rassurés.
Ce come-back est la preuve de la détermination d’une communauté qui veut plus que jamais mettre fin à une errance qui n’a que trop duré. Il a été rendu possible par une vaste opération de sécurisation de l’Armée menée de jour comme de nuit ces dernières semaines au niveau de la bande frontalière. Elle a permis à l’Armée de nettoyer tous les foyers et cantonnements hostiles à tout projet de retour des populations au niveau de leur terroir.
Aujourd’hui, cette zone sécurisée par l’Armée a été aménagée et cédée aux populations de Bissine pour leur installation provisoire. Des populations qui, pour leur installation, ont érigé des abris de fortune et des tentes avec quoi elles ont d’ailleurs passé leur toute première nuit. Et ce, en attendant la construction de nouvelles bâtisses et la réhabilitation des anciennes maisons en ruine pour l’accueil de familles entières.
Ces dernières 72 heures, une vague de Bissinois a rejoint leur village. Cette opération «va se poursuivre pendant et après l’hivernage», rassurent des sources. C’est dire que Bissine, martyrisé pendant des décennies et à nouveau réapparu sur la carte, va enfin retrouver tous ses fils. Avec ce retour qui va certainement faire tache d’huile au sein des réfugiés et populations déplacées de la Casamance, c’est la reconquête des espaces et terroirs perdus depuis plusieurs décennies par des populations des communes de Boutoupa Camaracounda, d’Adéane et de Caour qui est plus que jamais enclenchée. Il faut noter que dans cette zone qui jouxte la frontière, les populations de 13 villages, hormis dorénavant la localité de Bissine, sont toujours en errance depuis près de 30 ans. Elles espèrent un retour au niveau de leur terroir. Des contrées à forte vocation agricole, pastorale et arboricole qui constitue l’une des zones les plus prospères de la Casamance naturelle, mais des contrées qui, pour l’heure, sont en proie à l’insécurité du fait de la présence de cantonnements rebelles et de mines antipersonnel.
La Casamance, meurtrie par des années de conflit, ne peut retrouver le fil de son existence normale sans la résolution la lancinante question des déplacés. Ce retour programmé au bercail des populations qui avaient fui leur village dans un climat de terreur est un pas de géant vers la paix dans la partie sud du pays. En réalité, elle est souvent tributaire des enjeux socioéconomiques et des intérêts divergents des parties prenantes à ce conflit. D’ailleurs, la dernière fusillade de Bilass, qui a fait trois blessés à Boutoupa-Camaracounda, et l’explosion d’une mine ayant occasionné la mort de trois soldats sont venus rappeler à nouveau qu’en Casamance les chemins menant vers la fin définitive du conflit sont tortueux et parsemés d’embûches. Cette fois-ci, les planètes semblent être alignées pour une paix définitive…