Bignona demande l’abrogation de la loi d’amnistie et demande aussi à l’Etat de situer les responsabilités sur les violences politiques entre 2021 et 2024. Cette commune a payé le plus lourd tribut des violences.Par Khady SONKO –

La commune Bignona est contre la loi d’amnistie en ce qui concerne les violences politiques de mars 2021 à mars 2024. Le maire de cette commune l’a fait savoir hier dans le cadre d’un atelier de restitution du rapport de l’activité d’échanges sur la lutte contre l’impunité lors des violences politiques au Sénégal, organisé par le Forum civil. «Il faudrait que justice soit faite par rapport aux violences que les gens ont connues. Nous sommes contre la loi d’amnistie. Nous demandons à l’Etat de revenir sur cette loi afin que justice soit faite. Il est bon de pardonner, mais il faudrait d’abord connaître la vérité. Que l’Etat du Sénégal prenne ses responsabilités sur la base des rapports qui lui seront présentés à travers le Forum civil où il y a une liberté de parole. Les gens se sont exprimés, ont montré tout ce qu’ils ont vécu pendant ces moments difficiles que le Sénégal a vécus», a plaidé Bakary Diatta.

Les victimes dont les détenus et les blessés, ont participé à l’atelier de restitution du rapport.  Les premiers morts des évènements politiques ont été enregistrés à Bignona. L’on se souvient du jeune Cheikh Ibrahima Coly qui était la première victime. Il s’en est suivi 5 autres morts, soit 6 morts rien pour la commune de Bignona qui attend que justice soit faite. «Nous avons des gens qui ont vécu des tortures inimaginables… Parmi eux il y a des handicapés, ceux qui ont des séquelles et même qui ont besoin de suivi psychiatrique», a signalé Bakary Diatta.

Bignona aurait payé le plus lourd tribut des violences politiques de ces quatre dernières années. «Il y a eu plus de 100 de détenus et autant de blessés, mais la liste n’est pas exhaustive. Il y a eu des gens qui ne voulaient pas se faire enregistrés parce qu’ils avaient peur. Ils se faisaient arrêter même après leurs soins à l’hôpital», a indiqué le maire de Bignona.

Il informe qu’un comité est en train de répertorier tous les blessés et détenus afin d’avoir un document exhaustif des victimes. Le maire lui-même a été victime des violences puisqu’il a été convoqué jusqu’à trois fois à la gendarmerie et arrêté une fois.

Cet atelier de Bignona est la première rencontre territoriale de restitution des recommandations de l’atelier sur les violences politiques au niveau du Sénégal. Le Forum civil compte étendre cette activité sur l’étendue du pays. «Il y a un besoin que la loi d’amnistie soit abrogée», a insisté Birahim Seck, Coordonnateur national du Forum civil. Parmi les recommandations du rapport que compte vulgariser le Forum civil, figure la mise en place d’une structure pour gérer les victimes de violences politiques, mais également qui permet de faire le recensement exhaustif.  S’y ajoute un besoin d’avoir une enquête impartiale, autonome, indépendante pour situer les responsabilités des différentes tortures qui ont été signalées, des meurtres au niveau de Bignona et dans d’autres localités du pays.
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