La reine d’Espagne, Letizia Ortiz, a procédé mercredi à Ziguinchor (Sud) au lancement officiel d’un projet sur le renforcement des capacités de plusieurs acteurs pour l’abandon de l’excision chez les femmes en Casamance, a constaté l’Aps. Intitulé «Projet sur le renforcement des capacités de l’Ufr en Sciences de la Santé de l’Univer­sité Assane Seck de Ziguinchor (Uasz) pour l’abandon de l’excision chez les femmes en Casa­mance», ce programme est financé à hauteur de plus de 125 millions de francs par l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (Aecid).
En visite de travail au Sénégal depuis lundi, la reine d’Espagne a été accueillie à Ziguinchor par la ministre de la Microfinance et de l’économie solidaire, Aminata Angélique Manga, le gouverneur de la région, Guedj Diouf, le recteur de l’Uasz, Dr Courfia Kéba Diawara et plusieurs autres officiels. L’épouse du souverain espagnole Felipe VI a recueilli les avis des techniciens et des femmes leaders de la Casa­mance sur les pratiques de l’excision chez les femmes.
«Les mutilations génitales féminines sont très fréquentes en Casamance. Elles sont devenues un problème de santé publique. Nous saluons ce partenariat avec la coopération espagnole qui a voulu accompagner l’Uasz dans ce projet si important», a déclaré Dr Courfia Kéba Diawara. Il a invité les leaders d’opinion, les responsables d’associations de jeunes et de femmes à «s’approprier cette préoccupation et à sensibiliser le maximum de personnes sur les conséquences néfastes des mutilations génitales féminines». «Je suis une femme Bambara de par mon père et soninké de par ma mère. Moi-même je suis une victime de cette croyance ancestrale (…) les femmes de la Casa­mance soufrent dans leur chair. Il s’y ajoute que le conflit a laissé des traces chez certaines femmes qui sont dans une situation d’instabilité permanente et de détresse», a témoigné Mahawa Doumbia, membre du comité de lutte pour l’abandon de l’excision chez les femmes.
Le professeur agrégé en maladie infectieuse, Noeil Magloir Manga de l’Ufr Santé de l’Uasz, a expliqué à la délégation royale que la pratique de l’excision est encore répandue en Afrique de l’Ouest malgré les multiples programmes qui luttent contre ce phénomène «très ancré chez certaines communautés». Le projet, lancé officiellement par la reine d’Espagne, Letizia Ortiz, veut se baser sur les enseignements et la recherche en vue de mieux orienter la lutte pour l’abandon de l’excision chez la femme. Considéré comme un projet-pilote, ce programme vise à réduire l’excision chez les femmes en Casamance.