Des centaines de milliers de partisans de l’unité de l’Espagne ont déferlé hier dans les rues de Barcelone, deux jours après la déclaration d’indépendance au Parlement catalan, aussitôt suivie d’un placement sous tutelle de la Catalogne.
Les manifestants étaient 300 000 selon la police municipale, 1 million selon la préfecture représentant l’Etat. Le slogan «Puigdemont, en prison !» était régulièrement scandé, en référence au président indépendantiste catalan destitué vendredi par Madrid.
La Catalogne, qui compte 7,5 millions d’habitants, se retrouve plongée dans l’incertitude, sans savoir très bien qui détient réellement les rênes de son administration.
Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, entend reprendre le contrôle de ce territoire grand comme la Belgique en recourant à l’article 155 de la Constitution qui lui permet de suspendre l’autonomie de la région. Mais M. Puigdemont a appelé samedi ses partisans à s’opposer pacifiquement à son application.
M. Puigdemont «est et restera le président» catalan, a affirmé dimanche son vice-président Oriol Junqueras, également destitué, assurant que lui-même ne reconnaîtrait pas les décisions de Madrid.
«La Catalogne, c’est nous tous !», semblait lui répondre le slogan de la manifestation organisée à l’appel de l’association Société civile catalane, opposée à la sécession. Les séparatistes «vivent dans un monde parallèle, un peu surréaliste», jugeait Silvia Alarcon, une manifestante de 35 ans «en colère» contre les sécessionnistes.
Le défilé s’est dispersé dans le calme après avoir inondé de drapeaux -catalans et surtout espagnols- l’avenue du Paseig de Gracia. Des médias locaux ont cependant fait état d’altercations provoquées par des militants d’extrême droite.
«C’est un moment dramatique de l’histoire de l’Espagne, un moment terriblement difficile et dangereux», a lancé aux manifestants l’ancien président socialiste du Parlement européen, le catalan Josep Borrell. Il a aussi évoqué la «fuite» d’un tiers des entreprises de plus de 50 salariés ayant transféré leur siège social hors de Catalogne, effrayées par l’instabilité.
La «déclaration unilatérale d’indépendance est illégale et illégitime», a martelé l’un des organisateurs de la marche, Alex Ramos, rappelant notamment que les indépendantistes n’avaient obtenu que 47 % des voix aux régionales de 2015. Ils étaient cependant devenus majoritaires en sièges au Parlement catalan (72 sur 135) par le jeu d’une pondération des voix favorisant les provinces rurales.

Oter le portrait de Puigdemont
Madrid a non seulement destitué le gouvernement catalan mais aussi dissous le parlement régional et convoqué des élections pour le 21 décembre. «La République catalane n’existe peut-être pas de facto mais dans mon esprit, si», commentait un jeune indépendantiste de 22 ans, Guillem Burballa, à une terrasse dans le centre de Barcelone.
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