CDC – Construction de 100 mille logements : Un projet voué à l’échec, selon Fadilou Keïta

Le projet de construction de 100 mille logements, entamé par l’ancien régime, est voué à l’échec, d’après les explications de Fadilou Keïta. Le Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations estime que si l’Etat a reconnu en 2016 être incapable de construire 5000 logements l’année, il ne voit pas comment il peut en sortir 20 mille l’année. Par Malick GAYE – L
e projet de 100 mille logements, hérité de l’ancien régime, ne semble pas être dans une disposition d’atteindre l’objectif escompté. Qui était de réduire le déficit de 300 mille logements sociaux au Sénégal. La cause ? Une incohérence dans l’élaboration du projet, selon le Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc). «Le programme 100 mille logements avait été mal abordé. En 2014, le Sénégal avait un déficit de 300 mille, selon le Pse, et avait comme objectif de produire 15 mille logements. En 2016, avec la loi d’orientation sur le logement social, l’Etat du Sénégal avait confirmé ne pas pouvoir construire 5 mille logements. Donc sur un déficit de 300 mille dont l’objectif était à 15 mille, on n’arrivait pas à produire 5 mille. Et quand ils ont gagné la Présidentielle de 2019, ils ont lancé le programme pour 20 mille logements par an. Ce qui n’était pas cohérent», a affirmé Fadilou Keïta.
Pour lui, la Cdc ne va pas s’aventurer sur les «chiffres». «Nous essayons du mieux que nous pouvons de mobiliser les ressources financières et techniques pour acquérir du foncier et entamer», a déclaré Fadilou Keïta, hier lors de la cérémonie de livraison des parcelles viabilisées et la signature des titres fonciers du projet Le Clos de Bambilor.
Lancé il y a plus de 10 ans, Le Clos de Bambilor est bâti sur 150 ha. Hier, 45 ha ont été livrés. A terme, ce sont 4468 parcelles qui sont prévues. Hier, plus de 1100 parcelles ont été livrées devant notaire. Fadilou Keïta a expliqué le retard accumulé en ces termes : «Comme tout projet immobilier, il y a des retards qui tiennent de difficultés administratives. La Cdc, depuis 2017, est extraite des codes et fonctionne avec des manuels de procédure. Ce n’était pas le cas depuis la publication de création de la Cdc en 2006. Il y avait d’énormes lourdeurs administratives. Mais aussi par rapport à la gestion du projet qui tient de notre responsabilité. Qui parle de lotissement parle d’ingénierie. La Cdc a un bureau d’études, il y a 3 ans. A l’époque, il fallait recourir à des compétences externes. Ce qui occasionne un abandon de maîtrise.»
Pour Fadilou Keïta, les projets hérités de l’ancien régime vont être poursuivis. Pour autant, cela ne va pas les empêcher de lancer les leurs. «Les nouvelles autorités ont pu matérialiser en un an et demi de gouvernance des choses alors que l’équipe précédente, pendant une dizaine d’années, n’a pas pu le faire», a-t-il affirmé. Avant d’ajouter ceci : «Nous avons hérité de sociétés avec un passif assez important. Il est de notre responsabilité autant dans cette nécessité de lancer de nouveaux projets et programmes, mais aussi essayer de purger ce passif.»
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