Un nouveau mois de novembre vient à nous, occasion comme pour l’année dernière de célébrer de toute énergie les Forces de défense et de sécurité, avec la Journée des Forces armées du Sénégal qui se profile. C’est fièrement que je loue l’Armée sénégalaise et l’ensemble des Forces de défense et de sécurité à toutes les occasions possibles. Dans le contexte sous-régional, fait de pouvoirs militaires schizophrènes, assez incompétents dans leurs prérogatives sécuritaires et régaliennes, tout en cherchant à se faire de vieux os à l’expérimentation du pouvoir politique, des militaires exemplaires, qui restent dans les rangs et ne passent outre leurs prérogatives dans la bonne marche d’une République, sont à aduler.

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Le Sénégal est un pays qui, malgré tous les coups de bélier, toutes les attaques déloyales, toutes les tentatives de créer des basculements insurrectionnels, arrive à tenir, subir et surtout apporter riposte dans la discrétion et l’efficacité. Nos forces de défense et de sécurité font l’objet de tous les procès d’intention, elles se font caricaturer à tort et à travers, peu de l’essence-même de leurs missions n’est compris. L’ancien chef d’Etat-major des Armées françaises, le Général François Lecointre, soulignait au micro du Grand-Jury de Rtl, la méconnaissance en France par les autorités et les journalistes, de leurs armées. Le Général Lecointre revenait sur la culture de l’engagement, du don de soi, de la discipline venant d’un exercice solide de l’autorité, ainsi que la fraternité d’armes qu’une grosse partie de la caste dirigeante et des acteurs médiatiques avait du mal à comprendre. Cette dissonance entre la réalité des armées et la perception qu’en ont les opinions d’un pays, peut plomber certaines de leurs missions et garder leurs contributions à la bonne marche des Etats dans un flou total. Il y a au Sénégal une culture d’Armée-Nation qui aide à ce que nos Forces de défense et de sécurité soient mieux comprises dans leur raison d’être et que soient mieux cernées leurs contributions à la marche viable du pays.

Nous disions dans ces colonnes qu’on n’investit jamais à perte dans toutes les armées, et surtout dans leur formation. La défense est un des enjeux qui prévaut sur tout au Sénégal, et cela est à encourager davantage. L’inauguration, cette semaine, du nouvel Etat-major de la Gendarmerie nationale est un acte qui montre qu’au niveau sécuritaire, l’ambition du Sénégal est vive. La montée en capacité opérationnelle et en ressources humaines de la gendarmerie pour cibler les 35 000 hommes d’ici 2025 atteste d’une pleine mesure des risques sécuritaires qui nous entourent. Si on ajoute à cela des ennemis domestiques, qui ne se fatigueront pas à tenter de saper la concorde nationale, on ne peut lésiner sur les moyens ou négliger des efforts dans le maillage sécuritaire de cette terre de tous nos héros.

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Dakar accueillait la semaine dernière, la deuxième édition du Forum Africa Air Force, une occasion inouïe pour les chefs d’Etat-major des Armées de l’air africaines d’échanger avec des industriels du monde entier, afin d’adapter la défense du continent aux nouveaux paradigmes des conflits. Le pari important fait sur les drones et la nécessité d’adaptation de nos armées, comme l’a souligné le Général Souleymane Sarr (chef d’Etat-major de l’Armée de l’air du Sénégal), renseigne de la logique dans l’ensemble des Forces de défense et de sécurité du Sénégal de se mettre au diapason des enjeux de notre monde. Le président de la République Macky Sall a eu des mots très puissants hier, à l’occasion de l’inauguration du nouvel Etat-major de la Gendarmerie nationale dans la Caserne Samba Diery Diallo. Cette cérémonie renseignait, à plus d’un titre, la dynamique de la montée en puissance des Forces de défense et de sécurité du Sénégal, elle aura aussi marqué par cette volonté, après toutes les séries d’abus à l’égard des Forces de défense et de sécurité, de retourner à une mystique républicaine, à une sacralité de l’Etat, à la volonté de préserver l’honorabilité du métier des armes et au respect ultime de la Nation.

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Il dira à l’attention du Général Moussa Fall, ce qui suit : «Ce qui compte avant tout, c’est l’âme du bon soldat, arrimée aux fondements de la Nation, aux exigences de l’Etat et aux valeurs de la République. Cette âme du bon soldat, arrimée aux fondements de la Nation, aux exigences de l’Etat et aux valeurs de la République, nous la retrouvons en vous, Général de Corps d’Armée Moussa Fall, Haut-commandant de la gendarmerie et directeur de la Justice militaire. C’est pourquoi je saisis l’occasion de cette cérémonie pour vous renouveler toute ma fierté, ma satisfaction et ma confiance pour la rigueur, la loyauté, le professionnalisme et le sens du devoir avec lesquels vous conduisez votre mission à la tête de la Gendarmerie nationale.»

Il y a toute une symbolique que de voir un Exécutif saluer, à haute voix et devant tous, le rôle d’un porteur d’arme dans la préservation de la République, dans la défense des personnes et des biens, ainsi que dans la protection d’un idéal républicain et démocratique. Cela, dans le respect de l’autorité et la rigueur dans l’exécution des différentes responsabilités. Il y a beaucoup d’optimisme à avoir si les rangs sénégalais pullulent de bons soldats et de bons officiers. On croirait lire Sun Tzu qui enseignait que «le Général est le rempart de l’Etat ; si ce rempart est fort, l’Etat est fort ; si ce rempart est faible, l’Etat sera faible». Le lien intrinsèque entre la qualité des officiers et soldats ainsi que la vitalité des Etats ne se conte plus. On a observé en quelques années, toutes les tentatives de sabotage pour miner la relation entre le pouvoir exécutif et les Forces de défense et de sécurité, afin d’en faire une voie pour un basculement d’autorité. Les nombreuses insultes, les allégations des plus saugrenues et les procès d’intention aux différents commandements avaient comme unique objectif, de décredibiliser les corps régaliens dans un temps long et de réussir à saper le moral des troupes pour leur faire enfiler les casquettes de l’insolence et de la désobéissance. Il ne faut pas s’attendre à beaucoup de putschistes en puissance ainsi qu’à des branleurs de coups d’Etat. Le soldat incorrect et impertinent, c’est ça le bon officier pour eux.

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Pour autant qu’une terre puisse être prestigieuse, les hommes ne s’engagent qu’à l’image de leurs chefs. Les troupes savent aussi rendre à un chef digne de ses prérogatives, la déférence qu’il mérite. Les magistères du Président Macky Sall auront permis d’avoir une mise à niveau de nos Forces de défense et sécurité dont rien à l’avenir ne devra dissuader cet élan. «Je voudrais vous rassurer en empruntant cette expression consacrée de notre jargon militaire, que le moral de la troupe est au beau fixe. Sous votre magistère, vous n’avez jamais lésiné sur les ressources et moyens pour l’amélioration des conditions de vie, de travail des militaires de la gendarmerie. L’ensemble du personnel, par ma voix, vous en sera éternellement reconnaissant.» Ces mots du Général Moussa Fall en disent beaucoup sur le pari fait sur une option politico-sécuritaire en donnant aux Forces de défense et de sécurité les moyens pour nous défendre et en faisant entièrement confiance à leur sens républicain pour protéger la Nation et la mettre au-dessus de tout.

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Le Président Macky Sall avait fait de «l’amélioration des conditions de vie du militaire», aussi bien au niveau social que matériel, un des viatiques de sa gouvernance. Etre confronté à des cas de figure où des soldats, de surcroît blessés, battent le macadam pour demander le paiement de primes et indemnités est une situation gênante sur laquelle les autorités devraient davantage veiller. Il est un code d’honneur de légionnaires qui enseigne qu’au combat, on n’abandonne jamais nos morts, nos armes, ni nos blessés.
J’ai toujours le cœur meurtri quand je vois des soldats blessés dans le cadre de leur mission et du service à la Nation, quémander pour se faire entendre, réclamer des droits et demander la plus basique des choses qui est une prise en charge. Ils ont payé au prix de leur chair et de leur sang, leur mission de protéger le Sénégal et de lui rendre service. C’est dans le service sincère que le sort a pu s’abattre sur eux et leur donner des blessures qui sont avant tout des épreuves pour tous ceux qui les portent. Ces blessures sont aussi un fardeau pour leurs familles et leurs frères d’armes. Si j’ai un appel à lancer à l’approche de cette fête de nos Armées, c’est que tous nos soldats blessés soient indemnisés dans les meilleurs délais. Il est des fils du Sénégal qui lui ont tout donné, il mérite un retour d’ascenceur plus que tous.

Par Serigne Saliou DIAGNE – saliou.diagne@lequotidien.sn