Le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba) risque de perdre trois de ses membres, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, en raison de leur retrait volontaire de la Cedeao. Ce qui inquiète le Directeur général du Giaba, Edwin W. Harris. Par Alioune Badara CISS(Correspondant) –  

Le Directeur général du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba) est inquiet. Hier à Pointe Sarène, lors de l’ouverture de la 41ème réunion plénière de la Commission technique du Giaba, Edwin W. Harris a souligné le risque de perdre trois membres, à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger, en raison de leur retrait volontaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Une inquiétude qui est renforcée par le temps qui presse. «En l’état, l’horloge tourne, et c’est dans ce sens que nous plaidons auprès des dirigeants de ces trois pays pour qu’ils reconsidèrent leur décision, dans l’intérêt de la paix et de la sécurité régionale. Ensemble nous sommes plus forts, ensemble nous pouvons bâtir notre région et ensemble nous pouvons la rendre prospère et sûre», a déclaré le Dg du Giaba.

Pour que ces pays puissent regagner les rangs, il a lancé un appel au Conseil des sages de la Cedeao dans la poursuite de sa médiation, afin que tous les pays membres continuent «à vivre ensemble en tant que frères et sœurs, un seul Peuple et un seul destin».

Durant cette rencontre de deux jours, cette commission, qui siège deux fois par an, a été une tribune de discussion entre techniciens des Etats membres autour des menaces et défis liés à la Lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (Lbc/ft) dans la sous-région. Durant cette rencontre, les participants ont saisi l’occasion pour partager leurs expériences en vue de parvenir à des positions consensuelles sur toutes les questions de Lbc/ft.
Ainsi, face à une sous-région en proie à des difficultés sans précédent, le Directeur général du Giaba rappelle l’urgence d’une collaboration pour prévenir les crimes qui s’ajoutent facilement aux désespoirs sociaux, économiques et politiques auxquels les pays membres sont déjà confrontés. «Dès lors, il s’avère impérieux que nous ne laissions aucune place au blanchiment des capitaux, au financement du terrorisme, au financement et à la prolifération d’autres formes de criminalité transnationale qui sont autant de vecteurs de la situation déjà difficile dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui», a souligné M. Hariss.
Toutefois, indique-t-il, les ressources au niveau national et la stabilité macro-économique restent problématiques en raison de l’inflation galopante dans toute la région. «Par conséquent, les ressources financières restent un défi majeur pour la plupart de nos membres qui doivent corriger les lacunes de leurs dispositifs de Lbc/ft. A la lumière de ce qui précède, nous lançons un appel à nos précieux partenaires, afin qu’ils apportent un appui technique et financier à nos Etats membres dans leurs efforts pour corriger les lacunes identifiées dans leurs rapports. Nous exprimons nos remerciements appuyés à la Banque africaine de développement pour une subvention de 5 millions de dollars destinée à soutenir dix Etats membres du Giaba en transition», a dit Edwin W. Harris.

En termes de bilan, à ce jour, le Giaba a conclu les évaluations mutuelles des 15 Etats membres de la Cedeao, et avec l’adoption du rapport d’évaluation mutuelle de l’Union des Comores, il atteindra un total de 16 Etats membres sur 17 et sera finalement complété par l’évaluation mutuelle de Sao Tomé-et-Principe qui devrait être adoptée en novembre 2024, clôturant ainsi le deuxième cycle des évaluations mutuelles du Giaba.

Le Conseiller technique et représentant du ministre des Finances et du budget de la République du Sénégal a réitéré l’engagement du gouvernement du Sénégal dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Alioune Dione a déclaré que depuis l’inscription du Sénégal sur la liste des juridictions sous surveillance rapprochée par le Groupe d’action financière (Gafi) en février 2021, le pays a poursuivi les réformes pour améliorer son cadre juridique et institutionnel de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive (Lbc/ft/padm).
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