Le 21 juin, le monde résonne de notes musicales. Mais la Fête de la musique, c’est aussi un moment de réflexion pour les professionnels de ce secteur. Ce vendredi, le Centre culturel Blaise Senghor a accueilli un panel autour de la protection des œuvres à l’ère du numérique.Par Mame Woury THIOUBOU –
Le 21 juin de chaque année, la musique est célébrée de diverses façons. Des scènes poussent un peu partout, jusque dans les coins les plus invraisemblables. Mais c’est aussi un moment de réflexion pour les acteurs. «Exploration, défis et solutions liés à la protection des droits d’auteur à l’ère du numérique», c’est autour de ce thème que le Centre culturel Blaise Senghor a invité les artistes et les professionnels de l’écosystème musical à réfléchir avant la grande soirée de concert du soir. Moussa Ndiaye, de la plateforme de streaming Musik bi, a estimé qu’il fallait bien étudier les modes de consommation des mélomanes sénégalais. Et pour l’avoir fait, il relève que le Sénégalais est avant tout à la recherche de musique gratuite. «Le Sénégal doit changer de manière de faire et comprendre que nos réalités de consommation sont différentes. Ici, la musique s’écoute et se consomme, mais elle ne se vend pas. Raison pour laquelle TikTok et YouTube prospèrent, c’est gratuit.»
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Selon M. Ndiaye, les dispositions règlementaires que le Sénégal a adoptées ces dernières années pour la rémunération des artistes, notamment les lois sur la copie privé et les droits voisins, privent quand même les artistes d’une partie de leurs droits. «La copie privée fait perdre beaucoup d’argent au numérique», dit-il, avant de proposer sa solution. «Il faut réfléchir sur le nombre de personnes qui utilisent ce mode gratuit et voir comment on peut faire de l’argent avec. Déjà avec la publicité, on peut faire énormément d’argent. Ça s’est fait visuellement et on peut voir des panneaux publicitaires partout. Et on doit faire pareil pour la consommation de la musique afin que les artistes puissent vivre de leur art.» Seulement, une telle option nécessite des innovations technologiques. «Derrière, il y a beaucoup de créneaux et de technologies qu’on doit mettre pour récupérer les droits et les mettre à la disposition des sociétés de droit de gestion comme la Sodav», dit-il.
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Techniquement, il propose la mise en service d’un serveur où toutes les œuvres seront mises et dotées d’un code unique, le Code international normalisé des enregistrements (Isrc). «On doit mettre en place une société d’exploitation. La société serait là pour dire aux sociétés de droits d’auteur que telle musique de tel artiste a été mise sur telle ou telle plateforme par telle personne et dans tel pays. Allez récupérer votre argent.»
Juridiquement, la bataille pour la protection des droits est encore loin d’être gagnée. Selon le représentant de la Direction des arts, Louis Ndione, à l’ère du numérique, «la protection des œuvres est devenue plus difficile». M. Ndione relève ainsi que malgré les avancées juridiques, «l’industrie de la musique n’est pas au meilleur de sa forme». Faiblesse du statut des producteurs et artistes, et manque de formation sont quelques-uns des problèmes que le secteur musical devra vaincre pour exister pleinement. Et pour bien clôturer cette matinée de réflexion, la nouvelle œuvre du journaliste et poète Ibrahima Benjamin Diagne, Morceaux de vers, a été déclamée par de jeunes artistes, Kryspa, Aziz Emart et Al Samir.
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