Le 7 septembre prochain, Abdou Diouf aura 90 ans. Ancien Président, au pouvoir de 1981 à 2000, il a reçu, hier au Musée des civilisations noires de Dakar, un hommage national. Absent physiquement, mais présent dans tous les esprits, il est apparu à travers les récits de sa famille, de ses proches, des intellectuels et des représentants de l’Etat. Le Président Abdou Diouf, un homme discret mais qui a façonné l’histoire politique du Sénégal.Par Ousmane SOW –

 Au Musée des civilisations noires de Dakar hier, le parcours de l’ancien chef de l’Etat a été retracé. Pour ses 90 ans, Abdou Diouf, deuxième Président du Sénégal (1981-2000), a reçu un hommage national. Gouverneur de région dès l’âge de 26 ans, il gravit rapidement les échelons : directeur de Cabinet de Léopold Sédar Senghor, Se­crétaire général de la Pré­sidence, ministre du Plan et de l’industrie, Premier ministre pendant onze ans, avant d’accéder à la magistrature suprême en 1981. Son fils aîné, Cheikh Makhtar Diouf, vice-président de la Fondation Abdou Diouf Sport-Vertu, a porté la voix de la famille. «Si nous sommes réunis, c’est pour célébrer 90 ans d’une vie», a-t-il déclaré, avant d’évoquer son père comme un repère pour toute une génération. «A 90 ans, qu’Allah lui accorde santé et longévité. L’âge est un poids, mais pas de doute. Il nous adresse son affection et sa reconnaissance. Continuons d’entretenir la flamme de la Teranga, c’est notre soleil de cœur et notre signature au monde», dit-il. Puis il confia ce que son père aurait sûrement voulu dire. «Il nous adresse son affection et sa reconnaissance. Le Président Abdou Diouf, Madame Elisabeth Diouf, notre famille et avec eux les Sénégalais vous disent merci», s’est-il réjoui.

Quand, au nom du chef de l’etat, le ministres-Secrétaire général de la Présidence, Oumar Samba Ba, prend la parole, l’image de l’administrateur revient. «Célébrer le Président Abdou Diouf, c’est célébrer un digne fils du Sénégal attaché à son pays natal, à son terroir natal et à l’universel», a-t-il dit. Il a rappelé son ascension progressive dans l’appareil d’Etat. «Administrateur civil hors pair, il a façonné l’Etat pour qu’il serve les Sénégalais. Avec son accession à la magistrature suprême, le Sénégal est devenu une véritable démocratie avec un multipartisme intégral… Démocrate de référence, il a quitté le pouvoir la tête haute, avec courage, grandeur et amour de la Patrie», a-t-il témoigné. Et de poursuivre : «Son aura et sa carrière internationale en tant que Se­crétaire général de la Francophonie, ont fini par le consacrer en charge de la diversité culturelle, un partisan convaincu de la civilisation de l’universel.» Pour le Secrétaire général de la présidence, Oumar Samba Ba, le Président Abdou Diouf est «une personnalité exceptionnelle, symbole de la discrétion, de la solidarité et du partage. Il incarne la générosité et le respect. Avec lui, nous vivons toujours le Sénégal dans son unité, dans sa diversité, dans sa splendeur. Joyeux anniversaire Président Abdou Diouf».

Abdou Diouf, un grand panafricaniste selon Sidiki Kaba
L’avocat Sidiki Kaba et ancien Premier ministre sous Macky Sall s’avança à son tour, lui qui connut de près l’ancien Président. «Abdou Diouf a fait du Sénégal un pays de multipartisme intégral. Il a défendu la démocratie définitive telle que nous la vivons. Mais c’était aussi un francophone et un grand panafricaniste. Il a porté la solidarité africaine dans plusieurs pays et s’est engagé pour les droits humains et ceux des femmes», a-t-il témoigné, ajoutant que Abdou Diouf est un «humaniste qui croit aux valeurs. Un homme de dialogue, d’ouverture, qui le pratique au quotidien». Cependant, au fil des interventions, un autre nom s’est imposé dans les hommages : celui de Mme Elisabeth Diouf, l’ancienne Première dame, saluée comme une «force tranquille», figure de dignité et de générosité, toujours aux côtés de son époux. Le philosophe Souleymane Bachir Diagne, ancien conseiller du Président Diouf à l’éducation, a livré une conférence intitulée «Abdou Diouf : l’apprentissage du temps». Dans son intervention, il a rappelé plusieurs souvenirs personnels. «Il fallait une grande équanimité pour tenir ensemble l’ajustement structurel et la défense de l’Etat de Droit», a-t-il expliqué. Il a décrit l’ancien Président comme «un serviteur de l’Etat au plus haut niveau, humaniste et spiritualiste», fidèle à la vision de Senghor sur la civilisation de l’universel.
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