La Journée internationale de la fille a été célébrée dimanche dernier. L’artiste-comédien, Ibrahima Fainké, a profité de cette journée pour se livrer à une performance artistique à Ziguinchor. Cela a été une occasion pour lui de se faire l’avocat de celles qui sont victimes d’une violence en défendant non seulement les filles mais également les enfants.
«J’ai fait une performance artistique pour parler des violences faites aux filles, aux enfants et aux femmes. Dans la performance, j’ai montré, à travers les images, la souffrance des femmes, de nos sœurs, de nos mamans», décrit Ibrahima Fainké qui dit avoir commencé sa performance avec «une tenue blanche, sans tâche, qui symbolise l’être humain investi d’une certaine pureté» avant de se retrouver «dans une tenue totalement rouge qui décline la femme dans toutes les difficultés». L’artiste dit avoir, à travers cette performance artistique, tenu le procès aussi contre la pédophilie, le viol, les violences conjugales et la circoncision dont sont victimes les femmes. «Pourquoi doit-on continuer à mutiler les femmes ?», s’interroge Ibrahima Fainké. Ce dernier souhaite que cette pratique soit bannie de notre existence parce qu’elle «dégrade la santé de la femme».
L’artiste estime à 700 le nombre de personnes qui ont suivi sa prestation artistique. Celle-ci s’est faite à travers une marche d’une heure de temps. Avec comme point de départ son quartier, Niafoulène, la performance artistique a abouti à Yamatogne, un autre quartier de Ziguinchor où l’artiste a fait une jonction avec une association qui s’appelle Déclic, venue aussi fêter la Journée internationale de la fille. L’artiste a dû avaler un kilomètre de marche pour apporter sa «touche artistique» à cette journée internationale célébrée chaque 11 octobre et qui donne l’occasion au Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) de lancer une campagne annuelle en faveur des filles pour leur donner la possibilité de faire entendre leur voix et de se mobiliser pour leurs droits.
Très satisfait du bilan de cette performance artistique, Ibrahima Fainké estime n’avoir pu compter que sur lui-même pour financer son activité. Un budget de 300 mille francs a été nécessaire pour rendre possible cette création artistique. L’artiste a besoin d’une enveloppe beaucoup plus consistante pour reproduire sa performance artistique dans les autres régions du Sénégal. «J’envisage de faire cette performance artistique dans les autres localités à savoir Kolda, le Fouta pour ne citer que celle-là. Cela nécessite une enveloppe de 3 millions de nos francs. J’ai besoin d‘un accompagnement dans ce sens», soutient ce jeune comédien diplômé en art dramatique et qui fait partie de la promotion 2019 de l’Ecole nationale des Arts du Sénégal. «On entend toujours et partout parler de violences faites aux femmes et aux enfants. Cependant, j’ai l’impression que personne n’écoute. Chaque jour on continue de voir les femmes violentées, agressées. Voilà pourquoi je ne veux et ne peux pas rester indifférent face à cette situation. Nous ne devons plus être des spectateurs de ce qui peut nous arriver», plaide celui qui est né en 1994 à Adéane, qui a eu très tôt la fibre artistique et qui a intégré la nouvelle maison des enfants de la Casamance où il se perfectionne dans l’art de l’interprétation.
Polyvalent, il s’impose rapidement comme un animateur incontournable et devient le joker principal de la compagnie. Une dizaine d’années de pratique professionnelle auréolée de plus de 100 représentations théâtrales et l’expérience qu’il a acquise ont motivé ses collègues à lui confier la direction artistique puis la présidence de la compagnie (2015-2020). Depuis 2015, son leadership a permis de développer les activités du groupe et de doter Ziguinchor d’un festival international de théâtre qui en est à sa 4e édition.
Pensionnaire de la troupe théâtrale, Noumec, qui est aujourd’hui l’une des structures culturelles de référence dans le pays, Ibrahima Fainké, dès sa sortie de l’école, a mis l’accent sur une carrière internationale avec son monologue «Citoyens du Monde» qui lui a permis de fouler les scènes de la Guinée Conakry, du Maroc, l’Espagne et de la France. En compagnie des comédiens de sa promotion, il a aussi remporté le prix du public et celui de la Ligue africaine des écoles supérieures d’art dramatique lors du dernier Fiesad au Maroc avec la pièce Feu Rouge.
Très disponible, son talent raisonne hors de sa Casamance natale à travers ses différentes collaborations avec les acteurs du théâtre sénégalais. Dans les créations de Noumec, Kaddu Yaraax, la compagnie mère du théâtre forum au Sénégal où il évolue aussi, il a aussi joué dans la pièce de théâtre Les bruits de couloirs de Henri Djombo, sous la direction du metteur en scène Mamadou Seyba Traoré. Ibrahima cultive l’excellence dans l’humilité et répond toujours présent. Comédien, metteur en scène et animateur culturel, il reste une valeur sûre du théâtre sénégalais. Le théâtre est d’abord une passion pour lui qu’il n’a pas tardé à développer. Actuellement, c’est devenu un métier pour lui.
«Le théâtre est pour moi un outil de combat contre les injustices que nous subissons quotidiennement, le respect des droits universels de l’Homme… etc. Avec le théâtre, je m’engage à donner ma contribution dans les engagements citoyennes», souligne-t-il.