Désormais la kora de Soundioulou Sissokho est exposée au Musée Théodore Monod à Dakar. La famille du défunt en a fait don à ce musée samedi dernier au cours d’une cérémonie en présence, notamment, de sa veuve Ma Hawa Kouyaté. Par Amadou MBODJI – 

Célèbre joueur de kora, pensionnaire du Théâtre national Daniel Sorano, Soundioulou Sissokho, a marqué l’histoire de ce pays. Décédé en 1994, l’artiste va désormais gagner en immortalité. Sa kora a été donnée au Musée d’Art africain Théodore Monod à Dakar. Cette donation a été faite en accord avec la famille de l’artiste. Elle a été officialisée ce samedi lors d’une cérémonie en présence des membres de la famille dont sa veuve Ma Hawa Kouyaté. El Hadji Malick Ndiaye, conservateur du musée, attache une grande importance symbolique à cette donation, qui représente un héritage culturel précieux pour le Sénégal et l’Afrique. «C’est un instrument qui était joué plutôt dans les cours royales.  C’est aussi un instrument qui a accompagné Soundioulou Sissokho partout dans le monde. C’est avec cette kora qu’il a joué, qu’il a été reçu dans tous les pays où il a accompagné Senghor. Avec cette kora, il a joué au palais de la République quand Senghor recevait ses invités. Il accompagnait Senghor dans ses récits de poèmes. Donc, c’est un instrument de musique qui a une mémoire. Et aujourd’hui, recevoir cet instrument à l’université Cheikh Anta Diop, à l’Ifan, au musée Théodore Monod en particulier, c’est une manière de perpétuer la mémoire, de célébrer l’histoire et c’est une manière également de graver dans le marbre, le nom de Soundioulou Sissokho qui mérite d’être reconnu à sa juste valeur, qui mérite également qu’une institution culturelle, qu’un boulevard, qu’une rue, en tout cas une de nos institutions, porte le nom de Soundioulou  Sissokho», té­moigne le conservateur du musée Théodore Monod. Après le tambour de Doudou Ndiaye Coumba Rose et le xalam de Samba Diabaré Samb, c’est au tour de la kora de Soundioulou Sissokho d’intégrer la collection du musée Théodore Monod.
Cet hommage à Soun­dioulou ne pouvait se faire sans sa veuve Ma Hawa Kouyaté, toujours présente à ses côtés avec sa voix de diva mandingue. «Nous voulons en pro­fiter pour rendre aussi hommage à Ma Hawa Kou­yaté parce que quand on pense à Soundioulou, on pense aussi à ce couple royal qui est allé aux quatre coins du monde. Ce couple a joué de la diplomatie cul­turelle pour le Sénégal, a porté les couleurs du Sénégal et de l’Afrique, et a permis à ce que le Sénégal soit mis en avant, du point de vue culturel, dans l’imaginaire du monde entier. Donc, rendre hommage à Soun­dioulou, c’est aussi rendre hommage à Ma Hawa Kouyaté», ajoute M. Ndiaye. Pour l’instant, la kora est exposée au musée pour que les visiteurs puissent venir la voir. Mais, souligne El Hadji Malick Ndiaye, il n’est pas exclu d’avoir un pro­gramme pour vulgariser la kora partout où il sera néces­saire. D’ailleurs, le musée abrite une exposition sur les ins­truments de musi­que jusqu’à la fin du mois de septembre, souligne M. Ndiaye.

«Un geste extrêmement important»
Présent à la cérémonie de donation, l’architecte Pierre Goudiaby Atépa dont le père fut l’ami de Soundioulou Sissokho, a tenu à faire un témoignage à l’endroit du défunt artiste. «Soundioulou Sissokho  que l’ancien président de la Guinée, Ahmed Sékou Touré, avait baptisé Roi de la kora, a pu faire en sorte que cet instrument-là, africain s’il en est, ait parcouru le monde et a fait partie de la culture universelle. Il était donc important aujourd’hui que son épouse, sa veuve et ses enfants puissent venir offrir cet instrument qui est tout un symbole et qui représente toute une culture universelle venant de l’Afrique. C’est un geste extrêmement important», affirme Pierre Goudiaby Atépa.
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