Excusez ! Je suis wolof, ce roman de Saër Ndiaye a été dédicacé avant-hier à la Maison des écrivains du Sénégal. L’œuvre, selon son auteur, veut corriger et promouvoir les valeurs traditionnelles qui sont en voie de disparition. Dans ce livre jonché de mots wolof, l’auteur veut enlever les équivoques par rapport à certains réflexes et/ou des Sénégalais. En marge de cette cérémonie de dédicace, plusieurs intervenants comme l’écrivain et éditeur Ely Charles Moreau, Ibrahima Lô (directeur du Livre et de la lecture), colonel Momar Guèye, Amadou Bamba Thiombane et le président de l’Aes, Alioune Badara Bèye, se sont à tour de rôle prononcés sur l’œuvre et l’auteur.

Excusez ! Je suis wolof : c’est le titre du roman du journaliste-écrivain Saër Ndiaye dont la cérémonie de dédicace s’est tenue avant-hier au siège de l’Association des écrivains du Sénégal (Aes). Plusieurs amis, proches et collaborateurs de l’écrivain ont pris la parole pour se prononcer sur le contenu du bouquin. Selon ceux qui l’ont déjà lu, le livre véhicule des écrits qui permettent de promouvoir et de corriger certains maux de la société. L’auteur, informe-t-on, veut mettre fin à certains réflexes et réflexions des Sénégalais. Dans ce livre dans lequel plusieurs mots et expressions wolof s’invitent, de nombreux thèmes sont abordés : la parenté à plaisanterie, le mariage, le «nawlé» (alter-ego), entre autres. «Je me préoccupe des valeurs sénégalaises et traditionnelles. J’avais envie de résoudre certaines questions et de relativiser certains points de vue par rapport aux gens qui se sentent exclus parce qu’on leur dit : ‘’sama wolof bi’’, ‘’sama nar bi’’ qui sont des termes discriminatoires. Même souvent entre nous wolof on se dit ‘’sama baol baol bi’’, ‘’sama cayor cayor bi’’», a affirmé l’auteur lors de son intervention. En même temps, son livre permet de répondre à une question importante liée à la mémoire collective des Séné­galais. «Au Sénégal, on croit toujours qu’on est au-dessus de tous les autres. Qu’on est plus éveillé que le voisin. Alors que ce n’est pas le cas. Donc, il fallait enlever cet équivoque de la tête des sénégalais», dit Saër Ndiaye.
Ibrahima Lô, directeur du Livre et de la lecture, représentant du ministre de la Culture et de la communication, a profité de cette tribune pour inviter ses compatriotes à s’interroger sur eux-mêmes, nos valeurs et la situation qui prévaut dans le pays. «Les gens ont dans la tête que le Sénégal est un pays saint et que rien ne peut arriver tant que nous avons des hommes saints comme Cheikh Ahmadou Bamba et El hadji Malick Sy. Alors qu’il y a autant de saintetés en Irak et en Syrie. Et pourtant aujourd’hui, c’est des pays qui sont déchirés», avertit-il. A son tour, le colonel Momar Guèye a, quant à lui, apporté des rectificatifs sur les mots wolof dont l’orthographe n’est souvent pas bien respecté par bon nombre de personnes. «En ce qui concerne la transcription des mots en langue nationale wolof, on relève souvent une floraison de fautes. Les gens ne respectent pas l’orthographe et la séparation des mots. Il y a plein de fautes au niveau des noms des partis politiques et coalitions, des slogans. Et pourtant, il y a un décret qui organise l’orthographe et la séparation des mots en langue nationale», a-t-il souligné avant de préciser qu’«il faudrait que les gens, s’ils ne savent pas écrire, au moins qu’ils interrogent ceux qui savent le faire».
«Malheureusement, ce que je remarque est que quand il s’agit d’une faute de français, les gens s’empressent à corriger, mais quand il s’agit de faute en wolof ou en d’autres langues nationales, on se permet de dire que ce n’est pas grave. L’essentiel est que les gens parviennent à lire. Alors que quand vous écrivez en anglais, vous écrivez dans l’orthographe anglaise», a regretté le colonel Momar Guèye. «Quand je vois ‘’Benno’’ avec un seul ‘’o’’, c’est une faute grave», note encore M. Guèye. Le président de l’Aes, Alioune Badara Bèye, a pour sa part lancé un appel au ministère de la Culture et de la communication afin qu’il s’active davantage à aider les écrivains dans la production de leurs œuvres. A l’entame de cette cérémonie de dédicace, le président de l’Aes avait demandé au public d’observer une minute de silence à la mémoire des victimes du stade Demba Diop.

L’auteur
Sur l’auteur, il faut savoir que Saër Ndiaye est né à Mékhé au Sénégal et qu’il fréquenta l’école primaire et le collège en Côte d’Ivoire. Il poursuivit plus tard ses études au Sénégal et enseigne aussi bien ici qu’en Côte d’Ivoire. M. Ndiaye a également pratiqué le journalisme avant de se lancer dans l’édition et l’écriture. Très imprégné des cultures qui se côtoient dans le pays de Houphouët-Boigny et dans celui de Senghor, il se définit comme un métis culturel dans son recueil de poèmes Eclairs métis.
Stagiaire