Ces génies du ballon rond qui n’ont pas gagné la Coupe du monde

(suite et fin)
(…) Le plus malheureux et l’histoire du football est ainsi faite, ce sont ces génies authentiques du ballon rond qui n’ont jamais remporté la Coupe du monde. La liste est plus moins longue : Ferenc Puskas, Flórián Albert, Sándor Kocsis, Lev Yachine, Larbi Ben Barek, Raymond Kopa, Salif Keïta, Johann Cruyff, Abdel Razaq Golden Ball, Oleg Blokhine, George Best, Bernd Schuster, Lakhdar Belloumi, Jay Jay Okocha, Abedi Pelé, Di Stephano, Socrates, Zico, Thomas Nkono, José Touré, Enzo Scifo, Allan Simonsen, Soren Laudrup, Denis Bergkamp, Oumar Guèye Sène, Robby Rensenbrink, Marco Van Basten, Eric Cantona, Robert Prosinecki, Samuel Opoku Nti et Tarak Dhiab.
Sans nul doute le génie hollandais Johann Cruyff est l’héritier de Pelé, mais par la main gauche. Il est le principal artisan du revers du Brésil contre les Pays-Bas en demi-finale de Coupe du monde 1974 par 2 buts à zéro. La veille, il disait que même avec Pelé ils allaient battre le Brésil. C’est la grande équipe hollandaise avec les Johan Neekens, les frères Van de Kerkhof, le solide Rudd Kroll et Robby Rensenbrink, qui n’a jamais raté de penalty. Johann Cruyff a inventé le football tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, ce jeu rapide et très technique. Tous les joueurs que les jeunes admirent aujourd’hui appartiennent au style Johann Cruyff. C’est lui qui a fait Barcelone avant l’arrivée de Maradona, d’abord en tant que joueur et puis ensuite comme entraîneur. Ce fut un joueur exceptionnel qui a manqué la Coupe du monde 1974 face à l’Allemagne. L’histoire retient les 14 passes de l’équipe des Pays-Bas sans que les Allemands ne touchent la balle et la terrible percée de Cruyff dans la surface adverse avant d’être fauché par Berti Vogts. La Hollande est la meilleure équipe de football des années 70. Son influence a traversé les océans, avec ses grands joueurs chevelus qui portaient des favoris, jeunes, beaux et libres. Mai 68 n’était pas loin ! Le maillot batave avec la couleur orange et les culottes noires que portait l’Asc Kouly de Tivaouane des années 70-80 vient de là. Ces fabuleux joueurs comme Birame Ngom, Feu Malick Seck, Cheikh Sène, le gardien Mbaye mou Kouly, un génie, le capitaine Abdou Ndiaye, Mansour Aïdara, Kamou le Dakarois, plus tard Lamine Ndiaye «Commando», Aziz Guèye qui vient de nous quitter et bien d’autres sont les reflets de la Hollande et de son style de «football total».
Quant à Ferenc Puskas, c’est l’un des plus grands butteurs de l’histoire avec Pelé. Le plus grand footballeur hongrois avec Sándor Kocsis, Flórián Albert (ballon d’or européen en 1967 n’a jamais remporté la Coupe du monde.) Il n’est pas loin de la barre des 1 000 buts derrière Pelé, qui en a marqué 1 281. Il existe un phénomène étrange dans l’histoire du football, ces butteurs au palmarès méconnu, il s’agit entre autres des Français Bernard Lacombe, Yannick Stopyra et du Brésilien Romario, ils ont tous marqué plus de 500 buts. Ferenc Puskas est le ténor de la génération des onze d’or hongrois de 1950 à 1956, la meilleure équipe de football de l’époque. Il a été élu 6ème meilleur joueur mondial du 20ème siècle et 6ème meilleur buteur de l’histoire du football européen. Il existe d’autres types de butteurs caractérisés par la puissance athlétique et la précision. Il s’agit du Portugais Eusebio et du formidable buteur camerounais Roger Milla. Le premier «renard de surface» est sans nul doute le bel Italien moustachu Alessandro Altobelli. Quant à Puskas, il était d’une inspiration rare parmi les buteurs de l’époque : «J’imagine que lorsqu’un bon joueur a le ballon, il doit pouvoir envisager trois options au maximum. Puskas, lui, en voyait toujours au moins cinq», disait Jeno Buzanszki, son ancien coéquipier.
Le Marocain Larbi Ben Barek est le seul footballeur africain à trôner sur le siège mondial. Il fut considéré comme le meilleur footballeur du monde à son époque. Son seul regret est qu’il n’a jamais joué avec Pelé. «Si je suis le roi, Ben Barek est un dieu» disait Pelé. On peut imaginer fort aisément le génie de cet homme à travers les dires de Pelé. Sa plus longue carrière fut en équipe de France (1938-1954). Né vers 1917 au Maroc, il a joué à l’Usm Casablanca, au Fus Rabat et à l’idéal club de Casablanca, avant de monter en Europe où son talent a littéralement explosé à l’Om, au Stade Français et à l’Atletico de Madrid. Champion d’Espagne avec l’Atletico en 50-51, il obtient la super-coupe avec la même équipe. Il a été aussi champion du Maroc et de l’Afrique du Nord avec l’Union sportive marocaine. Il était là avant les génies ghanéens Abdel Razak, Opoku Nti et Abedi Ayew dit «Pelé».
Alfredo Di Stephano est le plus grand footballeur argentin avant que n’arrive le stratosphérique Diego Armando Maradona. Avec Cruyff, c’est le génie le plus malchanceux, du moins face à la Coupe du monde qu’ils n’ont jamais remporté. «Le ballon d’or des ballons d’or» comme il a été élu en 1989 est avec Ferenc Puskas l’un des meilleurs footballeurs qui ont évolué au Real Madrid. Naturalisé espagnol après avoir quitté River Plate, il fait exploser tout son génie au Real pendant onze ans. Il est sans nul conteste le joueur qui a le plus marqué l’histoire du Real Madrid devant Zidane, Raoul et Cristiano Ronaldo. Un autre génie virevoltant et fantasque, unique dans son genre est le beau gosse et grand fêtard George Best. L’un des meilleurs footballeurs de tous les temps, l’un des meilleurs dribleurs, avec l’Ukrainien Oleg Blokhine, Garrincha et Pelé. Un dribleur long et court selon la situation.
Quant à Socrates, il est le footballeur le plus élégant. Il ne mouille jamais volontairement le maillot, toujours élégant avec ses dribbles, ses feintes et ses passes millimétrées, on dirait un «poète» sur le terrain. Ce grand militant de «l’égalité des chances et de la communauté de gestion au football» est un homme exceptionnel. En Equipe nationale, Zico le Pelé Blanc n’existerait pas sans lui. En 1982, il était certainement avec celle de 1970, dans la plus belle équipe de l’histoire du Brésil avec les Antonio Serezo, Junior, Zico, Eder l’ailier gauche qui ne déborde jamais, son génial coup de pied gauche lui suffisait. Cette page ne suffit pas pour raconter l’histoire de tous ces génies qu’il nous suffit de simplement connaître et citer à l’intention de tous.