César Atoute Badiate, visé par un mandat d’arrêt, négociateur en chef
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Visé par un mandat d’arrêt dans l’affaire Boffa-Bayotte, César Atoute Badiate, condamné à la perpétuité, est l’un des signataires des accords de paix de Bissau. Que va-t-il advenir de cette décision de Justice ? Sans doute, une loi d’amnistie va remettre les compteurs à zéro. Par B. SAKHO –
On ne fait la paix qu’avec ses ennemis. Dans la série à succès Game of thrones, le stratège Little Fingher répète cette expression à souhait pour insister sur l’importance du dialogue en vue de résoudre les différends. Avec la signature d’un accord de paix, l’Etat et le Mfdc ont compris que toutes les guerres finissent autour d’une table. Signataire de l’accord au nom des factions unifiées de la rébellion, Général César Atoute Badiate est traqué par la Justice. Il est visé par un mandat d’arrêt émis par le juge de la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Ziguinchor, dans le cadre de la tuerie de Boffa-Bayotte. Jugé par contumace, le chef rebelle a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour association de malfaiteurs, participation à un mouvement insurrectionnel, assassinat et complicité d’assassinat. A l’image du journaliste René Bassène, et Oumar Ampoï Bodian, présenté comme un membre du mouvement indépendantiste.
Le drame de Boffa-Bayotte a coûté la vie à 14 personnes. Parties à la recherche de bois dans cette forêt de la Casamance, les victimes ont été sauvagement exécutées. L’enquête menée par la gendarmerie avait permis l’arrestation de 16 personnes considérées comme les auteurs de ce massacre qui a eu lieu le 6 janvier 2018. Ce drame, qui avait eu lieu à un moment où une certaine accalmie était notée dans cette région minée par une guerre qui dure depuis plus de 30 ans, a ému le Peuple sénégalais. Juste après ce drame, le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) a été indexé, mais les responsables ont très vite démenti, niant toute implication dans cette affaire. Un sujet sur lequel les autorités ne se sont pas attardées vu sa sensibilité. L’Armée a, après le drame, entamé une vaste opération de ratissage pour retrouver les auteurs de ce carnage.
Aujourd’hui, cette poursuite judiciaire, qui pèse sur le chef rebelle, va probablement être reconsidérée. Pour la paix en Casamance, déchirée par 40 ans de conflit armé, l’Etat a promis d’apporter toutes les garanties nécessaires en vue de la sécurisation des combattants procédant au dépôt des armes. En règle générale, il peut procéder, au-delà de la non-exécution du mandat d’arrêt, à une loi d’amnistie qui va absoudre les délits commis par ces personnes. C’est le prix à payer pour avoir la paix…