Tout juste récompensée d’un Golden Globe et quelques heures avant de s’envoler pour les Oscars où elle est également nommée, Isabelle Huppert a été récompensée, hier vendredi 24 février, du César de la meilleure actrice pour le film «Elle» de Paul Verho­even. Une récompense qu’elle a déjà gagnée en 1996 pour «La cérémonie» de Claude Chabrol. Le long métrage lui-même a obtenu le César du meilleur film.

Très souriante, Isabelle Huppert a remercié «Paul Verhoeven qui a mis en scène ce film si intelligemment, si audacieusement, si malicieusement». «Je pense parfois au rapport entre l’interprète que je suis et le rôle que j’ai joué, et je crois que pour Elle le rôle l’emporte sur l’interprète, a-t-elle dit. Parce qu’au fond je ne jouais pas plus mal aussi bien peut-être que d’autres films, mais cette année il me semble que vous l’avez mieux remarqué dans Elle.»
Elle met en scène une femme d’affaires, victime un soir dans sa belle maison bourgeoise d’un viol par un homme cagoulé qui la roue de coups. Elle va mener la traque, se livrant à un jeu érotique et sulfureux avec son violeur dont elle aura la peau dans une scène mémorable d’humour et de perversité mêlés.

Trois prix pour «Juste la fin du monde» et «Divines»
Le Canadien Xavier Dolan a obtenu le César du meilleur réalisateur pour son film Juste la fin du monde, ainsi que le prix du meilleur montage. Son acteur principal, Gaspard Ulliel, a été récompensé du César du meilleur acteur. Dans le film de Xavier Dolan, il incarne Louis, homosexuel et auteur à succès, qui retrouve sa famille après 12 ans d’absence pour leur annoncer qu’il va bientôt mourir.
Le film Divines de Houda Benyamina a reçu le César du meilleur premier film. Le premier César de la soirée, celui du meilleur espoir féminin, avait déjà été attribué à l’interprète principale de ce film, Oulaya Amamra, sœur de la réalisatrice, pour son interprétation de la jeune Dounia. «Ce rôle était juste magnifique, merci, merci d’être ma sœur, merci d’être cette réalisatrice», a lancé, les larmes aux yeux, la jeune actrice de 20 ans à la cinéaste, très émue elle aussi.
Dans le film, Dounia, qui vit à la dure avec sa mère volage dans un camp de Roms, fait les quatre cents coups avec sa meilleure amie, Maïmouna, une grande fille noire au cœur d’or, interprétée par Déborah Lukumuena qui a reçu le César du meilleur seconde rôle féminin. Le film, bourré d’énergie, véritable tragédie d’aujourd’hui, est porté par la joie de vivre et la rage mêlées de Oulaya Amamra, très crédible dans ce rôle d’écorchée vive.

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