La décision prise par le Groupe Millicom, propriétaire de Tigo, «d’exercer son droit de résilier l’accord de cession de sa filiale sénégalaise au groupe Wari» ne sera plus exécutée. Le Président Macky Sall a signé un «décret portant approbation de la cession de la licence d’établissement et d’exploitation des réseaux de télécommunications ouverts au public de Sentel Gsm Sa à Wari Sa». Mais Tigo souligne que sans paiement du montant de la vente, la transaction ne pourrait avoir lieu.

Bonne nouvelle pour Kabirou Mbodji. Le patron de la plateforme digitale de services financiers peut retrouver le sourire. La cession de la société de téléphonie Tigo à son Groupe Wari, dont le processus a connu quelques couacs ces jours-ci, devrait reprendre correctement. En effet, le Président Macky Sall vient de signer un «décret n°2017-1475 portant approbation de la cession de la licence d’établissement et d’exploitation des ré­seaux de télécommunications ouverts au public de Sentel Gsm Sa à Wari Sa».
La plateforme digitale de services financiers avait conclu au mois de février 2017, un accord avec le groupe Millicom international cellular portant sur la cession de la filiale sénégalaise de Mic. L’opération qui devait suivre le processus réglementaire en vigueur, dont le montant a été estimé à 80 milliards de francs Cfa, devait permettre à Kabirou Mbodji de mettre la main sur le deuxième opérateur de téléphonie mobile au Sénégal.
Mais cinq mois après la signature de cet accord, le groupe Millicom a notifié avant-hier, à M. Mbodji, la décision «d’exercer son droit de résilier l’accord de cession de sa filiale Tigo au groupe Wari. Car, Wari a trop attendu pour se conformer à ses engagements». Et dit ainsi, avoir trouvé un nouvel acquéreur avec le consortium composé du Groupe Teylium Telecom, de Njj qui est la Holding personnelle du Directeur de Free, Xavier Neil, et de Sofima qui est la branche investissements télécoms du Groupe Axian. Un consortium constitué autour de l’homme d’affaires sénégalais, Yérim Sow, qui est à la tête de Teylium. Une remise en cause de la vente que le groupe Wari a catégoriquement rejetée le même jour. Wari a expliqué s’être engagé dans un processus dont l’acte final devait être posé en novembre prochain. «Conformément au contrat de vente qui les lie, Wari a respecté tous ses engagements dans le cadre de l’acquisition du deuxième opérateur de téléphonie sénégalais, en payant le déposit initial de 10 millions de dollars et en conduisant une due diligence contractuelle de 9 mois (étude de tous les aspects commerciaux, légaux, financiers et techniques de Tigo) qui devait déboucher sur un paiement du reliquat au plus tard le 2 novembre 2017. En avance sur cet échéancier, Wari avait décidé de faire le paiement au plus tard le 30 septembre conformément aux engagements de sa banque partenaire», a soutenu la plateforme dans un communiqué. C’est la raison pour laquelle, «Wari dénonce la rupture unilatérale du contrat par Millicom, interpelle les autorités sénégalaises et prend l’opinion à témoin pour empêcher pareille forfaiture».
Et cette interpellation n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Le chef de l’Etat a l’intention de défendre les intérêts du groupe Wari. Ce décret n°2017-1474 en date du 1er août 2017 met fin au «forcing» du groupe Millicom international cellular. Ce document précise tout de même que «Wari Sa est tenu de respecter l’ensemble des dispositions de la convention et du cahier des charges signé par Sentel Gsm Sa au moment de la cession».
Il reste à savoir si ce décret met effectivement fin au bras de fer entamé il y a quelque temps. Car, du côté de Tigo, les voix autorisées affirment n’avoir pas reçu notification officielle du décret, «que nous avons vu circuler dans les réseaux sociaux». Si ces personnes affirment s’interdire de commenter un document qui n’a pas été transmis à la compagnie par les canaux officiels, elles soulignent que la transaction, même activée par un décret présidentiel, ne pourrait se conclure qu’avec le déblocage, par l’acquéreur, du montant sur lequel les parties se sont accordées.
L’Artp pour sa part, n’a pas voulu indiquer si le chef de l’Etat avait effectivement approuvé la transaction ou pas. Le Directeur général Abdou karim Sall a répondu au journal Le Quotidien : «Je n’ai pas à vous dire les propositions que l’Artp fait à l’Etat !» No comment.
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