C’est du Gaston tout craché !

Le pire du pire dans cette «affaire Gaston Mbengue» ? Ce serait de banaliser, de mettre tout cela sur le compte de sa bêtise légendaire, de se dire qu’on a entendu pire, que c’est du Gaston Mbengue tout craché, qu’il est coutumier des faits, qu’il n’est pas fin, que ce n’est ni plus ni moins qu’un grossier personnage, qu’il n’est pas très futé, qu’il la ramène trop, que c’est une brute épaisse, qu’il n’y entend rien…
L’autre pire du pire ? Ce serait de lui répondre par le silence. Qu’on veuille l’admettre ou pas, la plupart de nos «guignols de l’info» ont été créés de cette façon-là, dans le mépris, sinon dans l’indifférence générale, à force de leur tendre le micro, d’attendre, que dis-je, d’espérer la bourde qui fera rire le Peuple, ou pas, pourvu que l’on en parle au moins pendant 48 heures, jusqu’à l’essoufflement, jusqu’à la prochaine «affaire», en se couvrant la bouche, ou le dérapage qui inspirera des «cheuteuteut» estomaqués…
On les invite encore pour l’écart de langage, le buzz, le bad buzz de préférence, le cirque. Gaston Mbengue, c’est le genre d’individu pas peu fier de sa personne, «satisfait», que l’on invite pour le tourner en dérision, amuser la galerie, entendre une de ces âneries, dont le frangin de l’ancienne ministre de l’Elevage a le secret. Euh…Pardon, chers ânes !
Dans une vidéo, où Gaston Mbengue a visiblement une lueur de génie (ça lui arrive de temps en temps), on l’entend pourtant dire que ce n’est pas parce que vous avez l’opportunité de passer à la télé, que vous en savez plus que les autres. Cette phrase ne s’adresse évidemment pas à lui (qui est fou), mais à tous les «donneurs de leçons» médiatiques qui se croient trop beaux, à force de crever l’écran.
Si la complicité, pour ne pas dire la culpabilité, de la chaîne de télé (Walf) ne fait l’ombre d’aucun doute, malgré les rappels à l’ordre de la journaliste qui aura quelque chose à raconter à ses petits-enfants, on a eu droit à une fenêtre ouverte sur notre hypocrisie sociale collective. Dans une société comme la nôtre, Gaston Mbengue peut passer de «Senegaal benn bopp la», à son discours puant de haine sur les Dias, une insignifiante minorité, une petite centaine, tout au plus : on appelle cela le grand écart. On les brûlerait, dit-il, que cela ne changerait pas grand-chose. Et puisque «la bêtise insiste», il a eu le toupet de s’expliquer. Pas de regret («non, rien de rien, non, je ne regrette rien»), même pas pour le show. Il n’a pas dit 1000 Dias, juste 100 : c’est Khalifa Sall (Khaf Dugub pour les intimes) qui exagère ! Quand je pense que dans la même vidéo, il a le culot de nous parler des «vertus de la République», j’en ai des haut-le-cœur : le ceebu ketiax de la veille me sort par le nez, pardon si vous êtes à table !
Bon, c’est vrai, Gaston Mbengue, ce n’est évidemment pas le plus subtil d’entre nous, mais il n’est pas tout seul dans son coin (ni dans sa tête d’ailleurs) à penser de cette façon-là. Vous avez une tronche qui ne leur revient pas ? Vous n’êtes pas Sénégalais. Vous n’êtes pas assez noir ? Vous n’êtes pas assez Sénégalais : «Yaw xana do Sénégalais ?» Votre look détonne ? Vous n’êtes pas assez Sénégalais. Vous avez une «goutte de sang» de machin chose ? Pas assez Sénégalais. Votre grand-mère a débarqué un jour par ici ? Pas assez Sénégalais. Votre wolof est approximatif ? Votre petit accent vous trahit ? Pas assez Sénégalais. Vous dansez très mal le mbalax ? Vous n’aimez ni Youssou Ndour, ni son «est-ce que vous êtes là» ? Pas assez Sénégalais, là encore. Votre patronyme ou celui de votre mère sonne «faux» ? Pas assez Sénégalais. Vos papiers, s’il vous plaît ! Vous avez raison, c’est absurde.
Dans ce genre d’ «affaire», vous savez bien, il y a souvent ce moment solennel où le coupable se confond en excuses. Gaston Mbengue est retourné sur les lieux du crime, mais sans le boubou blanc du parfait repenti. Encore une fois, ses propos ont été mal interprétés, par des gens malintentionnés, des gens en perte de vitesse, qui en ont profité pour se remettre en selle ou pour remonter sur le ring.
Son semblant d’excuse ? C’était de l’humour, une façon de plaisanter, n’est-ce pas, et puis d’ailleurs, Bart Simpson, pardon Barthélemy Dias, lui voue le plus grand respect… Et quand il est à court d’arguments, pour ne pas dire deux fois sur trois, il nous ressort, sans filtre pour ne pas changer, l’une de ses inepties habituelles : «Ça n’engage que moi.» Ben voyons…
Allez, bienvenue au Sénégal, où un type comme celui-là peut se vanter d’être un proche du président de la République, au même titre qu’un Bougazelli ou qu’un Mame Goor Diazaka, chéri Fatou Thiam (c’est son seul fait d’armes).
Je peux rajouter une petite dernière chose ? Vous pouvez arrêter de l’appeler Gaston Lagaffe ? Lui au moins a du génie.
Merci d’avance, et à jeudi !
P.-S. : Je vous aurais bien dit que mon chien est bien le seul individu normalement constitué (j’ose l’espérer) à raffoler de ma cuisine, mais nous nous connaissons à peine.
1 Comments
Je me délecte de vos chroniques avec le rire jaune.
J’en rajoute si vous le permettez, une couche: notre paternalisme sert souvent de paravent: « sa ma peul ni, sa ma … » lakakat pour indexer ceux qui ne parlent pas wolof. Et au niveau institutionnel cette abracadabrante instruction de demander des certificats de nationalité à des sénégalais.
Lagaffe n’est pas le pire: il dit tout haut ce que certains pensent tout bas.
Je préfère celui qui me dit en face « ta tronche ne me plaît pas » que celui qui me sourit et pense malicieusement safe con.