C’est une réaction d’opposition de Diomaye qui est visée

Ousmane Sonko réalise que pour arriver à la Magistrature suprême, il faudra, en catastrophe, qu’une des deux hypothèses suivantes survienne. Soit Diomaye démissionne maintenant avant que l’usure ne s’accentue et que des élections puissent, par la suite, se tenir à son avantage. Soit l’initiative de sa sortie du gouvernement émane, avec l’apparence d’une trahison, du Président et que le tumulte qui s’ensuivra lui restitue sa virginité politique, d’ici à 2029. Bref, c’est une crise de légitimité du Président qui est recherchée dans le but de générer une cassure au profit de l’actuel Premier ministre.
Pour ce faire, les provocations s’intensifient et s’enchaîneront plus que jamais : congés annoncés en Conseil des ministres sans en fixer la durée, suspension abusive d’une mesure de sécurité routière, abus de pouvoir, etc. Bientôt, des ministres, des Dg et des députés manifesteront ouvertement leur parti-pris. Tout pour que le chef de l’Etat sorte de ses gonds. Toutefois, ce dernier devra bien faire la part des choses. Sans agissement présomptueux, il lui faut veiller scrupuleusement à la bonne marche des institutions, et ce, en rétablissant chaque fois que nécessaire l’ordre et la discipline au sommet de l’Etat, et ce, en édifiant ses concitoyens.
Le Président fait presque pitié. A l’avènement de Pastef au pouvoir, il avait démissionné de ses fonctions politiques officielles. Tel était l’engagement électoral de son parti dont l’objectif était de consacrer l’envergure apolitique de la fonction. Il est donc curieux que Sonko théorise, avec autant d’aplomb, la pertinence du parti-Etat. C’est à ce prix, dit-il, que lui et ses camarades feront valoir leurs idées dans l’action gouvernementale. Comme quoi, les principes et les intérêts ponctuels, surtout personnels, ne font pas bon ménage.
Comme si l’intérêt général se confondait avec l’intérêt du parti Pastef. De la bonne entente entre le président de la République et son Premier ministre dépend la bonne marche du pays, ressassent inconsidérément des caciques du régime. Ils poussent le bouchon jusqu’à laisser penser qu’aimer le Sénégal implique résolument de souhaiter ardemment que Sonko et Diomaye s’accordent à merveille. Ils ont tout faux. Si le Premier ministre n’arrive plus à obéir convenablement au chef de l’Etat, qu’il agisse avec esprit de suite. C’est ce que prônent l’esprit et la lettre de la Constitution.
Birame Waltako NDIAYE

