Accusée d’avoir enterré vivant son nouveau-né à la plage de Yoff, la dame Fatoumata Samba pourrait passer 10 ans en prison. Compa­rais­sant devant la Cham­bre criminelle, elle a écarquillé ses yeux quand elle en entendu le réquisitoire du Parquet qui a demandé qu’elle soit condamnée à cette peine. Le jugement sera rendu le 7 septembre prochain.Par Justin GOMI

S – La dame Fatoumata Samba, alias Fatou Sy, a comparu hier devant la Chambre criminelle pour infanticide. Elle encourt 10 ans de travaux forcés. Les faits se sont produits à la plage de Yoff. Cette femme divorcée avait contracté une grossesse non désirée. Mais suite au refus de paternité de son amant, elle aurait ourdi un plan pour s’en débarrasser. Le jour des faits, elle aurait accouché à la plage d’un garçon qu’elle a enterré vivant sur les lieux. Dénoncée par son employeur après cet acte crapuleux, elle a été interpellée et arrêtée par les éléments du commissariat des Parcelles Assainies.
Après l’enquête, elle a conduit les limiers à l’endroit où elle l’avait enterré. Seulement après avoir déterré le corps sans vie du nouveau-né, il n’était pas possible de faire l’autopsie à cause de sa décomposition avancée.
Devant le juge, l’accusée a nié avoir tué son enfant en parlant de mort-né. «Quand j’ai eu des contractions, j’ai appelé mon employeur pour l’informer, mais il était injoignable. J’ai accouché seule dans les toilettes vers 1 heure du matin. Quand j’ai nettoyé le bébé, j’ai constaté que c’était un mort-né. Je l’ai enveloppé avec un pagne et je suis sortie de la maison vers 6 heures du matin pour l’enterrer à la plage», a-t-elle raconté. Pourtant, elle avait réussi à cacher sa grossesse à sa mère et sa sœur. D’après ses dires, elle ne l’avait révélée qu’à sa meilleure amie. «On était convenu qu’elle allait adopter l’enfant. Je croyais qu’au moment venu, je vais accoucher normalement, car j’ai fait les visites prénatales. Mon petit ami n’avait pas accepté la paternité de l’enfant, mais j’avais l’intention de le garder», a-t-elle ajouté.
Le juge lui a rappelé ses déclarations à l’instruction qui soutenaient une autre version. «Tu avais déclaré : ‘’J’ai accouché à la plage. Je faisais du sport. Tout d’un coup j’ai senti dans contractions. J’ai arrêté pour accoucher le 29 mai 2019. Après sa naissance, j’ai constaté que l’enfant était vivant, mais au moment de le mettre dans la fosse septique il était inerte’’», reprend le magistrat. «Si elle a menti, dit-elle, c’est parce qu’elle ne voulait pas retourner chez elle après avoir menti à sa famille», enchaîne-t-il.
Selon son employeur Mohamed Diène, il l’a interpellée sur sa grossesse. Elle lui a confié qu’elle avait donné naissance à un enfant mort-né qu’elle a lui-même enterré au cimetière de Yoff. Ayant refusé d’en informer ses parents, l’employeur s’est rendu à la police pour la dénoncer. Alors que sa copine Maka Kounta révèle que l’accusée lui a dit qu’elle est enceinte, mais ne voulait pas que sa mère le découvre. «Elle m’a dit qu’elle allait me confier l’enfant à sa naissance. Elle a fait toutes ses visites. D’ailleurs, elle m’a confié son carnet. Par la suite, elle m’a envoyé un message téléphonique pour me dire qu’elle a des contractions. On se retrouve à l’hôpital le lendemain. Elle m’a annoncé ce jour qu’elle a accouché à l’hôpital Philippe Senghor, mais que l’enfant est mort-né et les responsables de l’hôpital ont enterré le corps. C’est après l’interpellation de notre patron qu’elle a dit la vérité en avouant avoir accouché à plage», témoigne son amie. Qualifiant le crime de crapuleux, le Parquet a requis 10 ans de prison. La défense a plaidé l’acquittement et la décision sera rendue le 7 septembre prochain.
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