Poursuivis pour «association de malfaiteurs, vol commis la nuit avec violence, port d’armes, détention illégale d’armes, coups et blessures volontaires», Ousmane et Mamadou Dème ont recouvré la liberté après avoir comparu hier devant la barre de la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Diourbel.
Pour le représentant du ministère public, les éléments du dossier encore moins les témoignages à la barre ne peuvent asseoir une culpabilité. Le parquetier d’ajouter : «Personnellement, je n’ai pas eu de réponse. Par conséquent, je ne peux pas imputer les faits aux accusés.» D’autant plus que, poursuit-il, les déclarations des victimes ne cessent de varier depuis le début de cette procédure. Aussi, a-t-il demandé au président de la Chambre d’acquitter les accusés, ne serait-ce qu’au bénéfice du doute.
Un réquisitoire qui facilitera ainsi les plaidoiries des avocats de la défense qui ont demandé, à leur tour, que leurs clients soient acquittés purement et simplement au bénéfice du doute. Pour Me Moustapha Ndiaye qui plaidait pour le compte de Ousmane Dème, il y a un doute avéré dans cette affaire, tout en ajoutant que l’acte matériel ne peut être imputé à son client. Me Assane Dioma Ndiaye ne dira pas le contraire pour qui le dossier n’a aucun élément à charge contre les accusés. Selon lui, aucun des trois principaux concernés n’a reconnu son client Mamadou Dème. Pour lui, cette affaire est un dossier sans aucune objectivité, car les gendarmes avaient fait irruption chez les Dème pour chercher Abou Sow, ainsi ils ont embarqué les frères Dème. De l’avis de Me Ndiaye, au-delà du doute raisonnable, il n’y a pas de charges contre les accusés.
Les faits qui ont valu aux accusés de comparaître hier devant la juridiction de la troisième session de la Chambre criminelle de l’année judiciaire 2018-2019 remontent à la nuit du 26 au 27 novembre 2016. En effet, cette nuit, les éléments du poste de gendarmerie de Ndindi ont reçu une information selon laquelle le domicile de Oumar Ba est l’objet d’un cambriolage.
A l’enquête préliminaire, le sieur Ba a annoncé que le nommé Abou Sow, qui travaillait pour lui comme berger, était accompagné de malfrats. Et, dit-il, ils lui ont subtilisé la somme de 3 millions 500 mille francs Cfa. A l’instruction, Oumar Ba et son fils Abdoulaye Ba avaient identifié Ousmane Ba comme membre de la bande. Par contre devant la barre, les victimes ont des difficultés pour identifier les présumés comme étant des coupables avec exactitude. Après délibéré, la Chambre criminelle a disqualifié les faits pour lesquels les frères Dème ont été poursuivis avant de les acquitter purement et simplement au bénéfice du doute.
Au terme de l’audience, Me Assane Dioma Ndiaye a fait face à la presse pour déplorer les longues détentions qui se terminent par des acquittements. Ainsi, dit-il : «Vous avez suivi tout le combat que nous avons mené d’abord pour la limitation de la détention en matière criminelle pour éviter ces genres de situations.» Selon lui, c’est inadmissible qu’une personne soit détenue pendant un temps anormalement long et qu’elle soit acquittée à la fin ou bénéficie d’un non-lieu.