Le 14 mai 2014, les éléments de la brigade de Keur Massar ont été informés de la découverte de drogue dans une maison en construction à la Zac de Mbao, dans la banlieue dakaroise. Un transport sur les lieux a permis de découvrir des sacs contenant le produit prohibé d’une quantité de 800 kg, soit d’une valeur de 40 millions de francs Cfa. Arrêté, Alassane Ndiaye dit Rane, né en 1961, a été inculpé pour association de malfaiteurs, trafic international de drogue et blanchiment de capitaux. Il est établi dans l’ordonnance de renvoi que le mis en cause est passé à table face aux enquêteurs en déclarant que la drogue appartenait à un certain Ibrahima Coulibaly. La drogue en question avait été réceptionnée le 1er mai 2014 en provenance du Mali. Il avait soutenu aussi avoir fait la connaissance de celui-ci, le fugitif, à la gare routière de Dakar. Et lors de la première livraison, il avait reçu 40 sacs, l’équivalent d’une tonne, en plus d’une autre commande de 30 sacs réceptionnés après.
En contrepartie, il devait recevoir après écoulement 500 mille francs Cfa sans compter les 250 mille francs Cfa de salaire mensuel. «Il est plus facile de divorcer que d’arrêter la vente de drogue», aurait-il dit à son épouse qui lui avait demandé de mettre un terme à ce trafic illicite. Fatou Sarr avait même menacé de rompre le lien du mariage si cela continue. C’est ainsi que l’accusé est allé louer un appartement. De ce commerce illicite, aurait-il avoué à l’enquête, il s’est procuré deux véhicules, un premier chauffeur, ensuite un deuxième a été engagé pour le service. Alassane Ndiaye, d’après l’enquête, avait reconnu que son rôle se limitait à la réception et au stockage de la drogue. Interrogés, tous les deux conducteurs ont déclaré qu’«ils ne connaissaient rien de la drogue, ni de son employé». Mais à la barre, l’accusé a catégoriquement rejeté les accusations portées à son encontre. Il dit : «Je ne reconnais pas les faits. Je sais en âme et conscience que je n’ai rien fait. Je ne sais rien de cette affaire, je suis juste un courtier. J’ai cherché une chambre pour Ibrahima Coulibaly et depuis que je lui ai remis les clés de la chambre, je ne l’ai plus revu.» Il soutient d’ailleurs que le contrat de location a été établi au nom du sieur Coulibaly. Questionné sur l’origine de l’argent permettant l’acquisition des deux voitures, il a insisté qu’il les a achetées avec ses économies dans le secteur de la ferraille.
En revanche, le procureur, lui, est convaincu qu’«il y a entente préalable entre les deux. On est en face d’un groupe soudé qui s’est constitué pour s’activer dans le trafic de drogue. Sa responsabilité est établie». Pour lui, toutes ces accusations sont fondées. Pour la peine, il a requis 20 ans de travaux forcés et une amende de 120 millions de francs Cfa. Mais pour Me Abdoulaye Babou, «les enquêteurs chargent souvent pour faire plaisir au procureur de la République». Cette pratique, si elle avait existé, elle est aujourd’hui révolue, assène le maître des poursuites. Pour Me Abdourahmane Diallo, «il y a beaucoup de zones d’ombre qui ne nous permettent pas d’attribuer la propriété de cette drogue à mon client. De l’autre partie, on se contente de suppositions, de déductions. Il y a un doute qui subsiste juridiquement. On n’a pas suffisamment de preuves pour attribuer la propriété de la drogue à Alassane».
La défense a plaidé l’acquittement au bénéfice du doute. Le jugement va être rendu le 4 septembre prochain. msakine@lequotidien.sn