Croyant que sa petite amie lui a transmis le Sida, Massamba Diop lui a asséné 7 coups de couteaux. Il répondait hier devant la Chambre d’accusation du délit d’assassinat et encourt la prison à perpétuité.
Massamba Diop est né en 1983 à Yeumbeul. Marié à une femme, ce père de 2 enfants pourrait ne pas donner à ces derniers l’amour qu’il mérite. Comparaissant hier devant la Chambre criminelle pour assassinat, il encourt la prison à perpétuité. En détention préventive depuis 7 ans, ce jeune homme, âgé de 27 ans au moment des faits, filait avec la victime, qui peut être sa grand-mère, une relation amoureuse en cachette. D’ailleurs, selon les révélations d’un des avocats de la défense, la seconde fille de cette ressortissante française est née en 1965. Comme en matière d’amour l’âge ne compte pas, la vieille ne s’est pas gênée d’avoir une aventure avec son gardien. «Nous avons entretenu à 3 reprises des relations sexuelles», a reconnu Massamba Diop. Mais, cette dernière conjonction sexuelle que les amoureux ont eue a été de trop. «Après ce rapport sexuel, j’ai commencé à ressentir des maux de ventre et à avoir de la diarrhée. Je suis allé dans un premier temps au poste de santé de Mbao. De là, on m’a recommandé d’aller à l’hôpital Youssou Mbargane de Rufisque. Quand je suis revenu, elle m’a donné des médicaments pour calmer mes douleurs et pour arrêter la diarrhée. Mais dans ma tête je croyais que j’avais le Sida», a expliqué hier Massamba Diop au juge. Selon toujours l’accusé, les jours passaient, mais il n’y avait aucune amélioration de sa santé. «Je devenais de plus en plus nerveux», indique-t-il. Mais, la goutte qui a fait déborder le vase c’est quand la victime, poursuit-il, lui a faire savoir qu’elle lui a contaminé le Sida. «J’étais très remonté contre elle. Je me suis rué vers elle et elle s’est enfuie en fermant la porte de sa maison», a expliqué Massamba Diop, qui dit avoir coupé tous les liens avec «sa mémé». Mais, «le jour des faits, on s’est vu et je lui ai demandé de me laisser tout tranquille parce qu’elle avait détruit ma vie», a-t-il ajouté. Mais c’était sans compter avec la victime qui ne voulait pas l’entendre de cette oreille. «Elle est venue m’attaquer et je l’ai fauchée et elle est tombée. J’avais un couteau avec lequel je lui ai asséné des coups», a-t-il reconnu en soutenant ne pas connaitre le nombre de coups qu’il a donnés à cette ressortissante française. Le certificat de genre de mort établi le 19 mars 2012 fait état de coups et blessures par arme blanche et dénombre 7 plaies dont 4 sur la paroi abdominale, une au niveau de la face antérieure du thorax et deux sur la face thoracique postérieure.
Soupçon de transmission du Vih/Sida
Les faits, objet de sa comparution, remontent au 17 mars 2012. Les éléments de la brigade de gendarmerie de la Zone industrielle sont informés vers les coups de 20h 40 par voie téléphonique de l’assassinat à Petit Mbao d’une ressortissante française. Le transport effectué sur les lieux leur a permis de découvrir des traces de sang à l’endroit où a lieu le drame. Avant l’arrivée des limiers, la victime avait été évacuée à l’hôpital de Mbao. Poursuivant leurs investigations, les enquêteurs sont allés audit hôpital et l’examen du corps de la victime leur a permis de constater qu’elle avait 7 blessures profondes provoquées par une arme tranchante et pointue. Le 18 mars 2012, les enquêteurs ont fait une seconde descente sur les lieux pour la reconstitution des faits et continué leurs investigations. Au cours de cette reconstitution, le mis en cause Massamba Diop ne collaborera pas avec les enquêteurs. La perquisition effectuée par les gendarmes à la villa où Massamba Diop officiait comme gardien a permis de découvrir le couteau utilisé pour poignarder la victime. Des faits qu’il a reconnus hier sans ambages en indiquant que la pauvre dame l’avait engagé comme gardien moyennant un salaire mensuel de 40 mille francs et qu’elle avait promis aussi de lui acheter une pirogue pour poursuivre ses activités de mareyeur.
Entendus, les nommés Babacar Guèye, Moussa Sy et Pape Seck ont fait des déclarations qui laissent penser que Massamba Diop est l’auteur des coups mortels portés à Emilie Diss. Venu au secours de la victime, Babacar Guèye a déclaré que celle-ci lui avait dit que c’est Bathie qui l’avait poignardée. Moussa Sy a quant à lui déclaré avoir vu le mis en cause armé d’un couteau en train de s’acharner sur la victime. Quant à Pape Seck, il a confirmé aux enquêteurs que le couteau, qui a été trouvé par terre, appartenait au mis en cause. Interrogé, Massamba Diop a reconnu être l’auteur des coups mortels portés à Emilie Diss avant de soutenir que la victime lui a volontairement transmis une maladie dont les signes cliniques sont identiques à celle du Vih/Sida. Il a ajouté que lorsqu’il a parlé à Emilie Diss, celle-ci s’est désintéressée de son sort et a même proféré des menaces à son encontre. Il a également déclaré avoir mûri son acte en achetant un couteau de 4 cm quelques jours avant et de commettre son acte. Il a reconnu également avoir assené plusieurs coups à la victime, qui s’était attaquée à lui alors qu’il était venu lui parler de sa maladie. Inculpé d’assassinat, Massamba Diop a reconnu les faits mais a nié la préméditation.
Une histoire d’amour, qui vire au drame
Au cours de l’enquête, il a déclaré que quelques jours après avoir commencé à entretenir des relations sexuelles avec la victime, il a commencé à ressentir des maux de ventre, accompagnés d’une diarrhée et des vomissements. Quand il s’est rendu au centre de santé de Sicap Mbao puis celui de Petit Mbao, on lui a prescrit des médicaments mais son état de santé ne s’améliorait toujours pas. Quand il a dit à Emilie Diss qu’il voulait savoir de quoi il souffrait, elle lui a rétorqué qu’elle lui avait contaminé avec le Vih/Sida. Et ensuite de demander de faire en sorte que personne ne soit au courant de sa maladie qu’il a du certainement transmettre à son épouse. Toujours selon l’inculpé, il a eu la confirmation qu’il a été contaminé après les tests effectués à la Maison d’arrêt de Rebeuss. Aux fins de vérification des déclarations de Massamba Diop selon lesquelles la victime lui avait transmis le Vih/Sida, une lettre a été adressée le 8 juin 2012 au régisseur de la Maison d’arrêt de Rebeuss. En réponse à cette correspondance, le régisseur a renseigné que les résultats du test se sont révélés négatifs. Estimant que l’accusé avait l’intention d’ôter la vie de la victime, le Parquet a requis la prison à perpétuité en ordonnant la confiscation de l’arme saisie. Ce n’est pas l’avis de Me Gomis qui pense que «la vieille dame» a appâté son client. «Elle lui a même promis de le prendre chez elle comme gardien avec un salaire de 150 mille F Cfa», dit-il en soutenant qu’elle ne faisait rien d’autre que du tourisme sexuel. A l’en croire, le sieur Diop «avait tous les signes cliniques qui pouvaient lui faire croire qu’il avait le Sida. Il était dans le désarroi». Il a plaidé une application bienveillante de la loi. La décision sera rendue le 21 novembre prochain.
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