Le Sénégal subit de plein fouet les effets du changement climatique et de l’action de l’homme. «Entre 2005 et 2023, notre pays a perdu près de 340 000 hectares de forêts, sous l’effet combiné de la pression agricole, des feux de brousse, de la coupe irrégulière de bois et du surpâturage», a informé Fodé Fall, Secrétaire général du ministère de l’Environnement, lors de l’atelier national du lancement du projet de renforcement de la résilience de la Grande muraille verte. «Cette dégradation accélérée fragilise les écosystèmes, la sécurité alimentaire et la résilience des populations face au changement climatique», note M. Fall.

Pour restaurer ces terres, le projet «Suraggwa» a été initié pour venir en appoint à l’Agence de la Grande muraille verte (Asergmv). «Avec un financement global de 222 millions de dollars dont 150 millions du Fonds vert pour le climat, «Suraggwa» vise à restaurer 1, 4 million d’hectares dans cinq pays sahéliens et à améliorer durablement la résilience de près de deux millions de personnes», a-t-il indiqué. Un projet qui apportera beaucoup au pays, notamment en termes de restauration. «Pour le Sénégal, cela représente plus de 80 mille hectares de terres à restaurer, le développement de chaînes de valeur durables, le renforcement des capacités locales et le soutien à la gouvernance environnementale, notamment grâce au rôle central de l’Asergmv», a-t-il dit. C’est toute la pertinence de cet atelier organisé avec l’appui de la Fao, qui «permettra de préciser les orientations du projet, de renforcer son appropriation par les acteurs et de poser les bases d’une mise en œuvre coordonnée, efficace et inclusive», a ajouté le Secrétaire général du ministère de l’Environ­nement.

De l’avis de Fodé Fall, «le succès de «Suraggwa» dépendra de notre capacité collective à agir ensemble, à impliquer pleinement les communautés et à garantir une gestion transparente et rigoureuse». Pour lui, ce programme intégrateur de la Grande muraille verte s’inscrit dans cette vision et constitue un levier essentiel de transformation durable, surtout pour les communautés vulnérables du Nord du Sénégal. ««Suraggwa» représente  une occasion unique d’amplifier nos acquis, de revitaliser nos paysages et de renforcer la résilience de nos communautés», dit-il. «Le projet Action contre la désertification a facilité la restauration de plus de 7300 hectares de terres dégradées dans 47 sites agro-sylvo-pastoraux, en parallèle à d’autres actions visant à renforcer la résilience socio-économique des communautés rurales jouxtant ces sites», souligne Patrick Bahalokwi­bale, du bureau de la Fao pour l’Afrique de l’Ouest.
D’autres projets allant dans le même sens ont permis aussi d’enregistrer des résultats similaires. Il s’agit, entre autres, du projet de Résilience et de reforestation intensive pour la sauvegarde des territoires et des écosystèmes au Sénégal (Ripostes) afin de contribuer au renforcement des capacités d’adaptation des communautés au changement climatique et à l’atténuation de ses effets à travers une gestion durable des terres et des écosystèmes. «Au terme de ce projet, 13 nouvelles pépinières, 5000 ha d’espace communautaire boisé et 30 000 ha sous Gestion durable des terres (Gdt) et de restauration des paysages seront réalisés dans la zone sylvo-pastorale et le bassin arachidier ; le Projet d’appui à l’initiative Grande muraille verte au Sénégal pour la résilience des communautés et des écosystèmes au changement climatique (Parec-Cc) va contribuer à la démultiplication des réserves naturelles communautaires pour une superficie totale restaurée de près de 2000 ha, et la promotion des fermes agricoles communautaires intégrées par la mise en place de 10 superficies de production de 20 ha», a-t-il cité.

Malgré ces résultats, la Fao veut passer à l’échelle supérieure. «Avec 1, 27 million d’hectares restaurés, 65 millions de tonnes de CO₂ séquestrées, et près de 5, 7 millions de bénéficiaires directs et indirects, nous passons à l’échelle supérieure pour faire de la Grande muraille verte un symbole vivant de la résilience, de la dignité et de l’espoir pour les populations rurales», a promis Patrick Bahalowibale.
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn