Le continent africain ne représente que 3% des émissions totales de gaz à effet de serre dans le monde, mais est, «malheureusement», le continent le plus vulnérable. Et selon le ministre de l’Environnement et de la transition écologique, Daouda Ngom, l’un des éléments «importants» de la lutte contre les changements climatiques, c’est «l’information des communautés», et la «radio» constitue le moyen de communication le plus «accessible, rapide et résilient».

Dakar accueille, depuis hier, le deuxième Sommet des médias sur les changements climatiques et la réduction des risques de catastrophe, à l’occasion de la Journée mondiale de la radio. Organisé par l’Union africaine de radiodiffusion (Uar), le Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophe (Undrr) et la Radiotélévision sénégalaise (Rts), l’événement réunit journalistes, experts, climatologues, décideurs politiques et représentants de la Société civile. L’objectif est de discuter du rôle de la radio dans la lutte contre les changements climatiques et de partager des expériences sur la sensibilisation à l’urgence climatique. Ce phénomène, qui transcende les frontières et affecte tous les aspects de la vie, de l’agriculture à la santé, en passant par les infrastructures et les moyens de subsistance, interpelle le continent africain car ses populations seront les premières victimes des changements climatiques en cours, alors même qu’elles ont le moins contribué au réchauffement de la planète. Pour trouver des solutions à ce problème, les médias traditionnels ont un rôle essentiel à jouer. Et lors de la cérémonie d’ouverture d’hier, à l’occasion de la Journée mondiale de la radio célébrée le 13 février de chaque année, Daouda Ngom, ministre de l’Envi­ron­nement et de la transition écologique, a rappelé les enjeux climatiques actuels. Selon lui, la Com­munauté internationale s’est fixé des objectifs mondiaux de limitation de la hausse de la température globale à 1, 5°C d’ici 2050, afin de maîtriser les risques climatiques extrêmes. «Mais nous sommes très loin de cet objectif et devons anticiper pour y parvenir», déclare-t-il. Il a précisé : «L’Afrique, ce sont 17% de la population mondiale, mais seulement 3% des émissions de CO2. Malheu­reu­sement, l’Afrique est un continent particulièrement vulnérable. Et c’est comme si la vulnérabilité aux changements climatiques est inversement proportionnelle à la responsabilité des actionnaires.» Dans son discours, il a rappelé les événements climatiques extrêmes récents tels que les inondations en Espagne, les incendies à Los Angeles. Il a rappelé également que certaines régions, comme l’Afrique du Nord, sont arrivées à des températures atteignant 50, 4 degrés en 2020. «Au Sénégal, la dernière saison des pluies a provoqué une crue du fleuve Sénégal à Bakel et Matam, causant des pertes agricoles d’environ 9 milliards de francs Cfa. Donc, chaque pays connaît son lot récurrent de ces phénomènes de plus en plus fréquents, intenses, faisant des pertes et des dommages considérables», a expliqué le ministre de l’Environ­ne­ment, qui avait à ses côtés le ministre de la Communication, des télécommunications et du numérique, Alioune Sall, et le ministre gambien de l’Infor­mation et des médias, Ismaila Cissey.

Devant un parterre d’invités venus de 8 pays différents, Daouda Ngom a estimé que l’un des éléments «importants» de la lutte contre les changements climatiques, c’est l’information des communautés, et la «radio» constitue le moyen de communication le plus accessible, rapide et résilient. «Nous sommes tous concernés par cette crise écologique. Grâce à l’information précoce et appropriée, reprise à travers tous les canaux de communication, l’Afrique peut minimiser les pertes humaines, matérielles et immatérielles. Et la radio constitue le moyen de communication le plus accessible, et j’insisterai, le plus rapide et le plus résilient, capable d’atteindre des millions de personnes, y compris dans les zones urbaines», explique-t-il, tout en soulignant que le récent Rapport national sur le climat et le développement de la Banque mondiale pour le Sénégal a révélé que «si rien n’est fait, les pertes économiques annuelles liées aux changements climatiques pourraient atteindre 3 à 4% du Pib d’ici 2030».

«Informer et mobiliser le public»
La crise climatique est une menace mondiale. Et pour le journaliste Pape Alé Niang, Directeur général de la Rts, il faut faire face ensemble. «Il nous faut faire face ensemble dans la réflexion, dans les stratégies, et mutualiser les moyens pour atténuer la dégradation de notre milieu de vie.» Selon lui, la crise climatique est à la fois une crise environnementale et un déterminant majeur de la vie publique. «Désormais, aucune stratégie, aucune politique, aucune initiative de développement ne peut se concevoir sans prendre en compte les changements climatiques. La réussite de l’action climatique dépendra de notre capacité à communiquer sur les options disponibles selon les contextes. Il s’agira de doter les communicateurs de stratégies basées sur les données et les techniques tangibles pour engager, informer et mobiliser le public qui est issu de divers secteurs et couches», précise-t-il, rappelant également que la radio, puissant moyen de communication de masse, «est un excellent outil à mettre à contribution pour une sensibilisation et une communication directes, afin de susciter une prise de conscience réelle du phénomène dans la lutte pour un changement climatique». Abondant dans le même sens, le Directeur général de l’Union africaine de radiodiffusion (Uar), Grégoire Ndjaka, estime que dans cette lutte, chacun peut faire quelque chose. Il explique : «Nous les médias, dans nos différents programmes, que nous apportions plus de place à ces sujets, plus de transition écologique, de changement climatique, de changement de comportement. Et ce thème témoigne de notre détermination commune à exploiter le pouvoir des médias, et de la radio en particulier, pour nous aider dans les défis les plus puissants de notre époque de changements climatiques». Selon lui, «la radio demeure un outil indispensable pour affronter les défis mondiaux, notamment les changements climatiques».