Chasseuse de produits à Paris

Notre avion atterrit à Paris -Charles de Gaulle- à 13 heures, heure locale. C’est après un vol de six heures et quarante-et-une minutes que nous arrivons dans la capitale française. Une ville-monde qui a des amoureux partout. La température extérieure est de 17 degrés Celsius, donnant une atmosphère très agréable. Le Terminal 1 de l’aéroport Charles de Gaulle avait fermé ses portes pendant plus de deux ans pour des travaux de rénovation et d’entretien. Il vient tout juste de rouvrir avec son lot de nouveautés. La grande attraction du relifting du Terminal 1 de l’aéroport est un superbe bâtiment de jonction entre les satellites 1, 2 et 3 de ce vaste espace, offrant une toute nouvelle experience aux passagers internationaux du terminal. Paris, éternelle capitale de la mode, voit ses métiers du beau et de l’art de vivre bien représentés dans ce nouveau décor fait de luxe et d’audace architecturale. Cette ville fait toujours effet sur les visiteurs la toute première fois. On croise beaucoup de passagers médusés par leur premier contact avec la ville-lumière en ayant un trop plein d’appréhensions et d’idées préconçues de l’expérience de Paris.
Juste quelques minutes de trajet permettent de rejoindre notre hôtel. Le séjour sera bref, car je ne passerai que 24 heures dans la ville. Paris ne perd jamais son éclat de beauté dont les touristes raffolent, malgré de rudes semaines de protestation et une balafre laissée par le front social, avec les derniers affrontements sur la conduite de certaines réformes. On voit dans l’attitude des résidents de cette ville, une forme de résilience et un dépit né de l’usure du fameux «metro-boulot-dodo». Cette atmosphère pesante n’empêche pas que ce soit une ville où il fait bon vivre. J’ai en image le cas de Dakar qui, malgré les nombreuses tensions et polémiques sur plusieurs sujets, reste un havre de paix et un îlot de créativité pour toute personne qui entre en contact avec cette ville. Il y a des endroits dont l’âme et l’esprit marquent la conscience au fer rouge, Paris et Dakar sont de ce lot-là.
Aussitot arrivée, je suis allée au centre commercial Aéroville pour des courses. Etant sur le continent asiatique, mes sauts en Afrique et en Europe sont des occasions de faire très rapidement mon marché. Produits cosmétiques, produits pharmaceutiques, produits alimentaires, on remplit les paniers et chariots comme on peut car le rapport en matière de qualité-prix est inégalable. Un des avantages du métier dans lequel j’évolue est que pour différents produits, on a souvent la chance de débarquer dans le pays d’origine. Il est ainsi possible d’en avoir à volonté. On achète chaque produit depuis son pays producteur par nous-même ou par le coup de pouce d’un collègue que son itinéraire du mois enverrait dans ce pays. Cela crée une certaine forme d’exigence dans la qualité et une distorsion qui poussent à être très regardant dans l’authenticité des biens et surtout la pertinence de leur prix. La logique est poussée pour certains personnels navigants jusqu’à développer l’habitude d’échanger de vol juste pour s’octroyer un simple article dans un pays bien identifié. C’est assez drôle comme logique, mais certains collègues s’empressent d’avoir un vol pour le Sénégal juste pour se fournir en beurre de karité ou tant d’autres produits biologiques, ou même juste goûter à du dibi de mouton. D’autres ne se gênent pas de débarquer dans Paris pour profiter de 24 heures et voir un Léo Messi, Kylian Mbappé ou Neymar à l’oeuvre. Les astuces se partagent à 40 000 pieds de la terre, et je pense en dire trop !
Vers la fin d’après-midi, mes collègues et moi avions déjà terminé une visite du Musée du Louvre, avant de continuer en marche vers les Champs Elysées. Cafés en main, nous marchons du pas des fratries insouciantes au rythme des princes de la ville. On contemple les belles allées, les coins et recoins d’une ville qui est sûrement une expérience unique pour chacun de ses visiteurs. Le Paris que je vis et que je vois n’est pas celui que mes collègues et amis voient, vice-versa. C’est une muse complexe qui donne un amour à la hauteur du regard attendri posé sur elle.
La soirée se termine dans un restaurant des Champs Elysées où une amie d’enfance, établie en France, vient me rejoindre. Nous ressassons autour d’un délicieux dîner, nos souvenirs communs du Sénégal, autour d’une table diversifiée avec des bouts d’humain de toutes les régions du monde. Un banquet pluriel dans une ville-monde, je ne pouvais attendre mieux de mon séjour à Paris.