Les jeunes de Manko wattu senegaal ont bravé l’interdiction préfectorale pour tenir leur marche, hier, après la prière de vendredi pour marquer leur indignation sur «l’utilisation de la justice pour régler des comptes politiques». Des échauffourées ont éclaté entre eux et les forces de sécurité.

C’était un vendredi chaud. Hier, les jeunes de Manko wattu senegaal section Thiès ont mis leur menace à exécution. Ils ont bravé l’interdiction du préfet pour «troubles à l’ordre pu­blic, pression sur la justice et tentative de discrédit sur les institutions de la République». Ces jeunes de l’opposition ont donc marché jusqu’à la Pro­menade des Thiessois, malgré la forte surveillance policière, pour dénoncer «l’arrestation de Khalifa Sall et de Bamba Fall». «En démocratie, on ne peut pas interdire aux gens le droit de marcher. La Constitution de notre pays dans ses articles 7 et 8 permet à tout citoyen de marcher et de s’exprimer, s’il n’est pas content, par une marche par des écrits ou par des vidéos. Et le préfet de Thiès a attendu jusqu’à 20 h, le jeudi, pour nous notifier  l’interdiction de la marche. Nous ne pouvons pas l’accepter surtout que les motifs avancés ne sont pas fondés», explique le porte-parole des jeunes. Ndiaga Diaw rappelle à l’autorité administrative, qui leur aurait indiqué qu’ils «ne peuvent pas se prononcer sur des affaires pendantes devant la justice, que le Premier ministre l’a fait à l’Assemblée nationale».

Dix jeunes arrêtés avant d’être libérés
Munis de bidons d’essence, les jeunes ont déversé leur colère d’abord «sur les agissements politico-judiciaires de Macky Sall et de son gouvernement envers les leaders de l’opposition». Et comme si cela ne suffisait pas, certains, excédés, ont forcé le barrage des éléments du commissariat central de Thiès à hauteur du Rond-point Nor­man­die. Des échanges de jets de pierres et de gaz lacrymogène ont occasionné des blessés et l’arrestation de dix jeunes responsables de l’opposition dont le Coor­donnateur Aly Nguer Faye. Les jeunes se sont ensuite repliés à l’école Aly Bâ puis au Cyber Campus pour faire une déclaration. Ils soutiennent qu’ils vont continuer les manifestations jusqu’à avoir gain de cause. «Ce qui vient de se passer ne nous ébranle pas. Personne ne peut intimider la jeunesse thiessoise», disent-ils. Ils ont peaufiné une stratégie, après une réunion, pour maintenir leur manifestation malgré l’appel du Khalife général de la famille Ndiéguène, Serigne Mounirou Ndiéguène, de surseoir à leur décision ne serait-ce que pour respecter le deuil qui frappe la famille Sy de Tivaou­ane. Les jeunes arrêtés seront plus tard libérés vers les coups de 18h.
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