Au lendemain du drame de Saint-Louis, ce sont l’émoi et la consternation dans la commune de Joal-Fadiouth. En effet, cette pirogue, qui est partie de Joal avec à son bord 317 migrants, a chaviré au large des côtes de Saint-Louis, faisant 26 morts et plus de 20 blessés. Dans cette commune sous le choc, personne ne peut donner pour le moment l’identité chiffrée des personnes qui ont embarqué dans cette pirogue. Même chose au niveau du service des pêches et du service de contrôle.Par Alioune Badara CISS – A Saint-Louis, on continue à compter les morts. L’onde de choc est aussi

ressentie à Joal, d’où est partie l’embarcation qui a chaviré au Gokhou-Mbathie ce mercredi. Depuis un certain temps, l’émigration a repris du service, déplore Mamadou Thiam, acteur de la pêche à Joal-Fadiouth. Com­ment l’éradiquer ? Il y a toujours la rengaine de la raréfaction des ressources halieutiques. «Cela demande beaucoup de travail pour que les responsabilités soient situées. Nous demandons à l’Etat du Sénégal de veiller à la gestion de la ressource pour que le poisson puisse revenir au Sénégal, que nos côtes soient encore poissonneuses. Et nous demandons aussi aux acteurs de respecter le Code de la pêche. Il faut une synergie pour gérer la ressource. La sensibilisation faite par l’Etat  du Sénégal ne passe pas car il a choisi des canaux qui ne sont pas appropriés.» Il ajoute : «Cela demande des mo­yens aussi, et il faut qu’il passe par les Groupements d’intérêt économique (Gie) interprofessionnels et les Conseils locaux de pêche artisanale (Clpa) qui sont toujours en contact avec les acteurs pour qu’ils puissent faire passer l’information. Cela permettrait d’alerter les  autorités à temps sur les départs. Mais ce n’est pas dans les hôtels ou à travers des Ong que cette sensibilisation sera perçue par les acteurs.»

Les capitaines, qui conduisent ces pirogues en direction de l’Espagne, sont aussi indexés comme les responsables de cette tuerie. Noir de colère, le président de l’Union nationale de la pêche artisanale (Unapas) a indexé  ces conducteurs de pirogue. «Le temps n’est pas clément. Cela fait 7 jours qu’aucun bateau ne peut aller en mer. Maintenant vous pensez que cela pourrait être possible pour des pirogues. Il faut que les gens qui font cette pratique se souviennent qu’ils n’embarquent pas des moutons. Ce n’est pas la bonne période, les personnes qui embarquent dans ces pirogues sont innocentes», précise Maaka Dièye, le président de l’Union nationale de la pêche artisanale.

Cet accident tragique de migrants sur la route d’Espa­gne par voie maritime repose encore la question de la surveillance de nos côtes, mais aussi de la formation des gens qui conduisent ces pirogues, déplore ce pêcheur. «La pirogue est partie de Joal le mardi, certainement dans la nuit, avec le vent fort qui circulait en mer, et voulait retourner à Joal, mais malheureusement elle était à hauteur de Sal-Sal à Saint Louis, qui est une partie très profonde de la mer, mais aussi très isolée. Et, c’est vers 10h (mercredi) que les occupants, qui ne connaissaient pas la zone, ont commencé à sauter de la pirogue, pensant que la mer n’était pas profonde. Ils se sont noyés, ce n’est pas en haute mer que ces gens sont morts. Si c’était à Gokhou-Mbathie, c’est sûr que les gens allaient les secourir», explique-t-il.
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