CHEDS – Renforcement des capacités des collectivités territoriales en matière de sécurité : La zone centre définie comme à risques multiples

«L’insécurité : état des lieux de la situation sécuritaire dans la Zone centre, spécificités, réponses traditionnelles (Fds) et opportunités», «Fondements du rôle des collectivités territoriales en matière de défense et de sécurité» et «Les expériences locales existantes et les synergies à créer et/ou consolider». Telles sont les thématiques choisies cette année par le Cheds pour parler de la sécurité dans cette région considérée comme une zone à risques multiformes. Pour juguler ce phénomène de l’insécurité, le Cheds invite les acteurs à travailler en synergie dans ce sens.Par Justin GOMIS –
Le Centre des hautes études de défense et de sécurité (Cheds) a orienté, cette année, son action sur les collectivités territoriales. En collaboration avec la Fondation Konrad Adenauer, le Cheds a organisé un programme Collectivités territoriales axé sur défense, sécurité et paix dans la zone centre du pays. Le Général de brigade Jean Diémé, qui présidait la cérémonie d’ouverture en présence du Gouverneur de Kaolack, explique les enjeux de cette mesure : «Ce programme vise à renforcer les capacités des collectivités territoriales sénégalaises en matière de sécurité pour l’édification/le maintien d’environnements sécurisés propices à la cohésion sociale et au développement.» Evidemment, ce programme n’est pas nouveau, mais un processus continu pour mieux étudier le pays. «Il a été lancé en juillet 2021 à Dakar et a couvert depuis, les quatre autres zones du pays, notamment : les zones Ouest (2021), Nord (2021), Est (2022), Sud (2023), et aujourd’hui, nous sommes ravis de rajouter à la liste, la zone Centre, permettant un maillage complet du territoire national», s’est-il réjoui. Pour lui, cette démarche est motivée par le contexte sécuritaire actuel marqué par l’apparition de nouvelles menaces et l’enchevêtrement de celles-ci. «C’est ce qui a conduit inéluctablement à une redéfinition de la sécurité, avec la nécessaire prise en compte de nouveaux acteurs : je veux nommer, entre autres, les jeunes, les femmes, les autorités administratives déconcentrées et décentralisées. Si l’individu est à la fois considéré comme sujet et acteur de l’insécurité, les collectivités territoriales dans lesquelles il vit, doivent être en mesure d’apporter une réponse adéquate à toutes les formes d’insécurité émanant de celui-ci. C’est la raison pour laquelle le Centre des hautes études de défense et de sécurité (Cheds), dans sa mission de concrétisation de cette nouvelle approche de sécurité dite «inclusive», s’évertue, depuis sa création en 2013, à jeter les bases d’une réflexion stratégique à travers des canaux concertés de prise en charge adéquate et adaptée des problèmes liés à la sécurité», détaille Général Diémé. Il poursuit les explications : «Le Cheds accompagne les collectivités territoriales dans la prise de conscience de leurs rôles et responsabilités en matière de sécurité, puis dans le développement de leurs aptitudes à être initiateurs de changement et gage de stabilité. Cette démarche s’inscrit dans la dynamique propulsée par l’Acte III de la décentralisation pour faire de nos collectivités des territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable.»
Aujourd’hui, il s’agit d’une occasion pour «réfléchir ensemble sur les défis sécuritaires auxquels font face les populations de la Zone centre». Les défis sécuritaires dans la Zone centre, qui polarise les régions de Diourbel, Fatick, Kaffrine et Kaolack, sont nombreux et multiformes. «Aux tensions récurrentes liées à la gestion de la frontière entre le Sénégal et la Gambie, viennent se greffer les conflits entre agriculteurs et éleveurs, du fait de la mauvaise délimitation ou la méconnaissance par les pasteurs des couloirs de passage. La Zone centre fait également face à des cambriolages de domiciles et magasins de stockage de récoltes, des attaques récurrentes des multiservices, stations et services publics», détaille le directeur du Cheds. Il y a aussi d’autres types de menaces, surtout armées. «Il y a le trafic et la circulation d’armes à feu sur l’axe Touba, Kaffrine et Koungheul, le vol de bétail, les litiges fonciers, les conflits communautaires, sans oublier la problématique du trafic de bois, plus particulièrement dans la zone Koungheul et Ida Mouride, qui concourent, entre autres, à l’insécurité de la zone», énumère le Général Jean Diémé.
Face à cette situation marquée par une juxtaposition des menaces, il invite les collectivités territoriales, Forces de défense et de sécurité, et membres d’organisation de la Société civile à bâtir de nouvelles synergies, particulièrement en matière de prévention. «Je lance le même appel aux gouverneurs, maires et membres de la Société civile, à travailler de concert avec les autres parties prenantes pour le développement souhaité de la Zone centre du pays», conseille-t-il.
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