L’Association nationale des inspecteurs de l’éducation populaire, de la jeunesse et des sports à la retraite (Anijes/R) a décidé de faire de feu notre compatriote Cheikh Amala Sy son parrain à l’occasion des traditionnelles journées du souvenir qu’elle tiendra les 1er et 2 avril 2017 à Dakar. L’homme est le premier inspecteur de l’éducation populaire, de la jeunesse et des sports du Sénégal. Ce choix est loin d’être fortuit. Il s’inscrit dans un contexte marqué notamment par une certaine perte des repères, des valeurs républicaines, socles du décollage socio-économique, de l’émergence à laquelle nous aspirons tant.
Or, toute sa vie durant, le père du service civique national, Cheikh Amala Sy, a incarné des vertus de courage, de témérité, d’abnégation, de sens de l’imagination, de civisme, d’honnêteté, de courtoisie… Bref, un homme qui devrait servir d’exemple à une jeunesse en quête absolue de références.
Né le 16 novembre 1928 à Médine (République du Mali), Cheikh Amala Sy, décédé accidentellement le 16 septembre 1976, a assurément eu une vie courte, mais bien remplie, au service exclusif du Sénégal, de l’Afrique-mère, et du monde entier. Cet homme multidimensionnel que les plus hautes autorités des années post-indépendance (Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Mamadou Dia,…) tenaient en grande estime a su très tôt travailler à l’émergence d’une jeunesse sénégalaise saine, outillée et utile à son pays. C’est dans cette perspective que dès les premières années des indépendances, le Président Dia nomma l’enseignant Cheikh Amala Sy directeur des camps de jeunesse, sur proposition du ministre de la Jeunesse d’alors, Alioune Tall. C’était parti pour une saga nationale et internationale que seule la grande faucheuse a su arrêter. Amala, comme l’appelaient ses amis, s’est alors retroussé les manches pour mériter la confiance des autorités. Dans les camps de jeunesse, il veillait à ce que ses compatriotes apprennent la menuiserie, la mécanique, la maçonnerie, la plomberie, la tôlerie, l’agriculture,… En somme, toutes les activités qui pouvaient rendre à l’homme sa dignité pour éloigner de lui l’oisiveté, l’ennui, le mal et tant d’autres vices. Très imprégné de sa mission, Cheikh Amala, selon le témoignage de son vieil ami Mansour Diakhaté, avait une vision.
Il procédait au recensement général de tous les jeunes qui n’étaient pas instruits et qui n’avaient pas de métier pour les éduquer et leur donner une formation professionnelle qualifiante. Au sortir de ces camps de jeunesse, l’Etat aidait ceux qui avaient des métiers à s’installer à leur propre compte. Devenus agriculteurs, les autres avaient le loisir d’exploiter des fermes et de s’adonner à l’élevage. Pour mener à bien sa mission qui n’était pas de tout repos, Amala était constamment sur le terrain pour suivre l’enseignement et la formation dispensés dans ces camps.
Il invitait aussi les jeunes à faire des projets de développement et à s’occuper de la santé de la population rurale.
Le parcours de ce grand serviteur de l’Etat s’est adossé à la vision d’un mouvement associatif socio-éducatif fort, considéré à juste raison comme la cellule éducative de base de la société sénégalaise. Ce parcours doit être connu de tous afin que l’incivisme notoire dont fait preuve une grande partie de la jeunesse ne soit plus de mise.
Cheikh Amala Sy est assurément l’éclectisme personnifié, car hormis son statut de cadre de la jeunesse et de l’éducation populaire, il a formé les pionniers du premier plan quadriennal de développement économique et social. Mieux, c’est le père du tourisme intégré au Sénégal. Au détour d’une interview accordée à Dakar Matin, ancêtre du Soleil, le 17 août 1964, il affirmait en tant que chef du service national du tourisme que son souci majeur est d’instaurer un tourisme interne populaire, permettant ainsi aux autochtones de découvrir leur pays. Tout en veillant aussi à intensifier le tourisme inter-africain et international. Dans une dépêche de l’Agence France presse (Afp), datée du 29 octobre 1965, on souligne que sa brillante élection à Mexico, au poste de vice-président de l’Union internationale des organismes officiels de tourisme (Uioot), a marqué officiellement l’entrée du continent noir dans le monde touristique international.
Au moment de sa disparition accidentelle en 1976, il occupait les fonctions de président directeur général de Senetranscars (actuellement Sénégal Tours), administrateur délégué de la Spca Thubet, vice-président de Sypaoa (Syndicat patronal et artisanal de l’Ouest africain), secrétaire élu du bureau de la Chambre de commerce et d’industrie de Dakar et président de la Commission tourisme.
Il était titulaire de l’Ordre national du Lion et des Palmes académiques françaises pour sa contribution et son rôle de pionnier en matière d’éducation et de tourisme.
Parmi les membres de son illustre famille, on peut distinguer le Professeur Seydou Madani Sy, ancien ministre de la Justice, garde des Sceaux, son frère Seydina Oumar Sy, ancien ministre des Affaires étrangères, le docteur Yoro Sy, Pape Racine Sy, ancien directeur de la radiodiffusion nationale ou encore son illustre fils Mamadou Racine Sy, un des plus grands représentants du secteur privé sénégalais.
Mamadou Lamine DIATTA
Spécialiste en Corporate Communication
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