L’engagement pris par Emmanuel Macron, lors de sa visite à Saint-Louis, n’emballe pas trop Cheikh Bamba Dièye, mais surtout le décaissement de la somme annoncée pour stopper l’érosion côtière. «Durant la presque totalité du mandat de feu Ousmane Masseck Ndiaye comme maire de Saint-Louis, les 5 années que j’y ai passées avec les 4 années du maire Mansour Faye, voici au moins 15 années que le montant du programme de développement touristique de Saint-Louis de 25 millions d’euros figure chaque année sur le tableau de la coopération entre nos deux pays avec un taux de décaissement de moins de 20% depuis 9 années», a rappelé l’ancien maire de Saint-Louis de 2009 à 2014. C’est pourquoi, souligne-t-il dans une tribune qu’il a partagée, «à ce rythme, impossible de prévoir quand la promesse de 15 millions d’euros sera disponible à Saint-Louis dans le cadre du changement climatique».
Le secrétaire général du Fsd/Bj mesure par ailleurs le poids de la coopération entre Paris et Dakar. Et la faveur revient à la France. «Rien que sur les 12 derniers mois, le Sénégal a signé en faveur de la France deux contrats commerciaux d’une valeur avoisinant les 1 400 milliards (Train express régional et deux avions Airbus), compte non tenu des projets de lampadaires solaires, de travaux publics, de projets en eau et électricité, etc.», dit-il. Cela dit, M. Dièye s’interroge : «Offrir 1 400 milliards de contrats à un pays tiers, soit 2 130 millions d’euros et recevoir en retour 15 millions d’euros en dons, est-ce que cela vaut que toute une République, toute une ville soient mobilisées, son activité économique stoppée ?» Cela relève, à son avis, de «l’inconscience». Si «un pays parmi les plus pauvres est capable d’une telle générosité envers l’ancienne métropole coloniale, ce pays ne devrait avoir aucun mal pour assurer la protection de la côte de Saint-Louis». Cheikh Bamba Dièye ne cache pas son amertume : «Il n’y a pas plus grand péril pour un Peuple que d’être managé par de mauvais dirigeants plus préoccupés à contenter les puissants du dehors afin d’avoir la permission de martyriser son opposition, ses acteurs économiques, les forces vives de son pays, l’Etat de droit, la démocratie et les libertés.»
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