A l’Assemblée nationale hier, le ministre des Finances, Cheikh Diba, interpellé sur le scandale concernant un supposé transfert de 8 milliards, a adressé un message clair à ceux qui pourraient douter de son intégrité.Par Ousmane SOW – 

On pouvait s’y attendre. Le scandale concernant un supposé transfert de 8 milliards entre un ministre de la République et un homme d’affaires, révélé sur Walf TV par le journaliste-chroniqueur, Pape Sané, a jeté un pavé dans la mare, obligeant les députés à exiger des explications. Interpellé sur la question, le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, a tenté de rassurer, tout en évitant d’entrer dans les détails. D’une voix ferme, il a déclaré : «Le ministère des Finances fait l’objet de nombreuses convoitises. Il y a beaucoup de choses qui se disent autour du ministère, pour ne pas dire autour du ministre des Finances lui-même.» Face aux députés, il a insisté sur le fait que l’affaire est déjà prise en charge par la justice et qu’il ne saurait être question de spéculations inutiles. «Le débat est là. Nous n’allons pas entrer dans des considérations spécifiques, car l’affaire est entre les mains de la justice. La justice fera son travail.» Mais loin de se contenter de cette ligne de défense, le ministre des Finances fait valoir son alignement sur la ligne de conduite prônée par le Président et le Premier ministre, notamment dans le cadre du Jub-Jubal-Jubanti. «Je peux vous assurer d’une chose, c’est ce que nous ne serons pas pris à défaut, parce que le Premier ministre nous a appelés au Jub-Jubal-Jubanti, après que le Président de la République nous a appelés à cela», fait-t-il savoir, rappelant que ses valeurs ne sont pas inférieures à celles de ces hautes autorités de l’Etat. «Je puis vous dire une chose : c’est parce que nous partageons ces valeurs que nous sommes là. … Nous n’accepterons pas que le président de la République ou le Premier ministre aient plus de valeurs que nous», a-t-il lancé avec conviction.

«Il est inadmissible qu’un tel scandale…»
Le député membre du groupe parlementaire Takku Wallu Senegaal, qui a interpellé le ministre sur cette affaire, a exprimé ses inquiétudes. Selon Abdou Mbow, «il est inadmissible qu’un tel scandale, impliquant une somme de 8 milliards entre un ministre et un homme d’affaires, puisse être banalisé comme l’ont été d’autres affaires il y a quelques mois sous le nouveau régime». L’ancien président du groupe parlementaire Bby a enfoncé le clou, mettant directement en cause la responsabilité du gouvernement. «Le Premier ministre aujourd’hui doit s’exprimer parce qu’on a incriminé un ministre de son gouvernement. Et la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (Bidc), ce n’est pas une banque commerciale, mais une banque d’investissement et … une banque d’investissement n’est pas à caractère commercial, et on parle de transfert de 8 milliards entre un homme d’affaires et un ministre du gouvernement, ça, c’est un scandale. Donc, je pense que ce sont des choses qu’il faut tirer au clair», a martelé le parlementaire.
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