C’est suite à un accord, cosigné par la Direction générale de la Société nationale des chemins de fer du Sénégal et les travailleurs de la boîte soucieux de la revalorisation de leurs conditions de travail, que les cheminots ont renoncé à leur grève.Par Cheikh CAMARA –
C’est le dégel… L’Intersyndicale des travailleurs du rail avait, face à ses doléances, brandi des menaces de grève devant la Direction générale. Elle a accédé à sa demande, consciente de «l’enjeu que constitue la relance des chemins de fer». Babacar Gaye, Secrétaire général du Sutrail et porte-parole de l’Intersyndicale des cheminots, se réjouit de «l’entente qu’on a pu trouver par rapport au document qui a été soumis au niveau de la Direction générale et au Conseil d’administration». Il ajoute : «Nous ne sommes jamais animés d’une volonté de sabotage ou de destruction de cette entreprise. Tout ce qui nous anime, c’est de favoriser un climat de cohésion et d’unité, qui va réunir tous les acteurs vers l’objectif.» Selon lui, «la reconsidération de ces conditions va permettre de favoriser un engagement de tous les travailleurs, de les encourager à fournir davantage d’efforts et un déploiement total».
Les travailleurs du rail se disent conscients que «depuis le début, l’Etat du Sénégal a fait pas mal d’efforts». Mais, ils insistent sur «les travaux qui ont été extrêmement pénibles pour les cheminots, qui sont donc parvenus à faire pas mal de résultats en 2023, aussi ils ont toujours été aux côtés du Directeur général pour l’accompagner sur tous les événements qui se sont passés». «A l’heure actuelle, on se doit de les motiver et de renforcer le niveau d’engagement, avec la compréhension et le sens de l’écoute du Directeur général qui était à la hauteur pour comprendre la motivation des représentants du personnel, pour exposer cette plaidoirie au niveau de ses services», précise-t-il.
Babacar Gaye a détaillé les accords signés avec la Direction générale : il s’agit de primes et d’indemnités en cours depuis 25 ans, considérées maintenant donc désuètes. Ce qui a favorisé la «revalorisation qui va permettre aux cheminots de mieux vivre», estime le Secrétaire général du Sutrail. «C’est donc pour cette raison qu’on avait exposé pas mal de primes à reconsidérer (des primes de risque, d’astreinte de relevage, de panier, la prime kilométrique pour les conducteurs de train, la prime de manœuvre pour les agents de gare, celle de rendement pour les agents de la voie), sans compter également certaines indemnités (essentiellement l’indemnité de logement).» Pour les cheminots, «la Direction générale a fait beaucoup d’efforts mais, nous aussi, on a laissé pas mal de terrain pour pouvoir se retrouver dans une entente». Un consensus qui arrange tout le monde.
Fin du chantier de réhabilitation de l’axe Thiès-Tambacounda
Le Directeur général de la Société nationale des chemins de fer du Sénégal, Malick Ndoye, s’est réjoui d’avoir trouvé un terrain d’entente avec les travailleurs de la boîte. Et de souligner : «ce qu’on peut retenir déjà, c’est le sens de la responsabilité des travailleurs. Aujourd’hui, on est dans une situation où les Chemins de fer du Sénégal sont à la croisée des chemins, la reprise est imminente, il y a beaucoup d’enjeux qui sont devant nous, à court et moyen termes. Ce n’était donc vraiment pas le moment de laisser prospérer des grèves et autres, donc ils ont pris leurs responsabilités en trouvant un terrain d’accord avec la Direction générale et l’Etat du Sénégal», note-t-il.
Selon le Dg des Cfs, «l’Etat du Sénégal a toujours accompagné la société et le président de la République a, ici même, demandé la réintégration des travailleurs au sein de la société. Cette année, et bien avant cela, avec la rupture du contrat de privatisation, on a continué à payer les salaires, etc., parce qu’il y avait une réelle politique ferroviaire derrière, qui est en train de se mettre en œuvre».
Avec les perspectives qui pointent, il fallait balayer les incertitudes. «On a vécu des négociations très dures et très longues, car la première plateforme revendicative a été déposée il y a un peu plus d’un mois, il y a eu beaucoup d’échanges, et puis, on a quand même réussi à trouver un terrain d’entente», dit le Dg des Cfs.
Malick Ndoye annonce la fin du chantier de réhabilitation de l’axe Thiès-Tambacounda la semaine prochaine. «On est en train de voir le bout du chemin, et ce n’était vraiment pas le moment de créer des velléités de grève. Donc on a, de manière responsable, traité cette question. On va maintenant aborder beaucoup plus sereinement cette année 2024 qui s’annonce sous de bons auspices, parce que, déjà, d’ici la semaine prochaine, normalement, on va terminer, sauf cas de force majeure, le chantier qui nous a occupés toute cette année, pour avoir la liaison ferroviaire jusqu’à Tambacounda», assure-t-il. Cela annonce la renaissance du chemin de fer dont le démantèlement au début des années 2000 a tout changé. «C’est quelque chose de très grand. Il y a d’autres enjeux qui nous attendent, et ce n’est vraiment pas le moment d’observer cette grève, et là, on va aller vers tout cela de manière beaucoup plus sereine», dit-il.
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