La récente proposition de certains députés visant à supprimer les bourses étudiantes de 40 000 francs par mois suscite une profonde incompréhension et une légitime indignation.

Comment peut-on envisager, dans un pays qui aspire au développement durable, de priver nos jeunes de l’un des rares leviers qui leur permettent d’étudier dans la dignité ?

Pendant que des milliers d’étudiants réclament leurs bourses pour se nourrir, se loger, se déplacer ou simplement poursuivre leurs études, les députés perçoivent 1 300 000 F par mois, hors charges, indemnités kilométriques et privilèges cérémoniels généreusement attribués. Une dissonance profonde, que rien ne justifie moralement.

Il est alors légitime de poser la question : combien de sessions parlementaires tenues annuellement peuvent réellement justifier de tels avantages ? Et surtout, au nom de quelle équité sociale ces députés se permettraient de recommander la suppression des bourses d’une jeunesse qui, elle, produit un travail académique régulier, exigeant et fondamental pour la Nation ?
L’université n’est pas une charge, c’est un laboratoire national.

Un espace où se forment les futurs médecins, enseignants, ingénieurs, juristes, entrepreneurs et innovateurs, qui seront demain les artisans du progrès et les thérapeutes des maux sociaux, économiques et institutionnels de notre pays.
Supprimer les bourses reviendrait à fermer ce laboratoire, à décourager les familles les plus modestes, à affaiblir la capacité du pays à préparer ses ressources humaines qualifiées.

La vraie question que doivent se poser les députés est simple :
Seraient-ils prêts à ce que leurs propres indemnités et privilèges indécents soient supprimés et remplacés par de simples indemnités de présence aux sessions parlementaires ?

Serait-il acceptable, pour eux, d’être rémunérés strictement sur la base de leur participation effective, comme ils semblent vouloir l’exiger aujourd’hui des étudiants ?

L’exemplarité est le premier devoir des représentants du Peuple, et la justice sociale, la première garantie de paix durable.

Pour toutes ces raisons, il est impératif de défendre les bourses étudiantes, non comme un luxe, mais comme un investissement essentiel dans l’avenir. Car un pays qui affaiblit son école et son université s’expose, inévitablement, à affaiblir son propre destin.

Préserver l’éducation, c’est préserver la République.
Et aucune réforme sérieuse ne peut se construire en fragilisant ceux qui en sont les futurs piliers, nos étudiants.
Bocar LY
Adjoint au Maire de Rufisque-Est