Le secteur de l’élevage a contribué pour 5% au chiffre d’affaires total réalisé en 2018, par la Compagnie nationale d’assurance agricole du Sénégal (Cnaas), a indiqué hier, Oumar Cissé Sow, directeur technique et commercial de la Cnaas, lors d’un atelier de partage et de réflexion sur l’assurance indicielle bétail au Sénégal.

En 2018, la Compagnie nationale d’assurance agricole du Sénégal (Cnaas) a comptabilisé 200 mille producteurs agricoles et éleveurs qui ont souscrit à une police d’assurance, avec une prime payée qui tourne autour d’1 milliard 600 millions de francs Cfa, selon le directeur technique et commercial de la Cnaas. Oumar Cissé Sow, qui intervenait hier, lors d’un atelier de partage et de réflexion sur l’assurance indicielle bétail au Sénégal, renseigne qu’en termes de capitaux assurés, la compagnie a garanti une valeur de 14 milliards de francs Cfa en 2018.
La part des produits d’assurance récoltes représente 95%, alors que celle des produits d’assurance batail ne représente que 5% sur le portefeuille de la Cnaas. Ce qui à ces yeux, reste très faible, vu le potentiel du secteur.
A ce jour, la Cnaas dispose de trois produits d’assurance directs qu’elle propose aux éleveurs. Le premier produit c’est «l’assurance mortalité du bétail tous risques, qui offre à l’éleveur une garantie contre les risques de mort naturelle ou accidentelle du bétail ou d’abattage autorisé…». Le deuxième concerne l’assurance mortalité du bétail par accident. Comme son nom l’indique, ce produit permet à l’éleveur de couvrir son bétail contre les risques de mort accidentelle. S’agissant du troisième produit dénommé assurance mortalité volaille, il «offre une garantie contre les risques de mort de la volaille résultant d’accident ou de maladie… ». S’y ajoutent «les produits d’assurance pour les activités indirectement liées à l’élevage. Il s’agit de produits d’assurance qui visent à couvrir des activités génératrices de revenus dans la chaîne de valeur de l’élevage ; mais aussi d’activités qui se trouvent à un niveau plus bas de la chaîne de valeur ou qui sont tout simplement indirectement liées à la production animale». En guise d’exemple, M. Sow souligne l’assurance multirisque professionnel viande, qui «garantit aux bouchers et chevillards sollicitant régulièrement les services des abattoirs de la Sogas, une couverture contre les risques de saisie totale ou partielle des animaux abattus pour motifs qui ne leur sont pas imputables».
Toutefois, relève Mame Mor Anta Syll, qui a fait un diagnostic des initiatives de l’assurance indicielle bétail au Sénégal, ces produits «ne s’adaptent pas facilement au mode d’élevage extensif qui est très mobile et surtout pratiqué dans la zone sylvo-pastorale». De plus, souligne le consultant du programme Braced (en Anglais Building résilience and adaptation to climate extremes and disasters), cette assurance «ne prend pas en compte de manière efficiente (à cause notamment des coûts élevés de vérification) la couverture des risques covariants liés à la variabilité climatique telle que les pluies hors saisons et le manque de pâturage lié au déficit pluviométrique».

Vers la mise en place d’une assurance indicielle bétail
C’est ainsi que depuis les intempéries de juin 2018 qui ont conduit à la mort de plus de 20 000 têtes de bétail, le président de la République a donné des directives au ministère de l’Elevage et à la Cnaas de trouver un moyen de permettre à la vaste majorité des éleveurs, qui pratiquent l’élevage extensif, d’avoir une assurance contre ces types de risques. Depuis lors, la Cnaas d’après son Directeur général, Mouhamadou Moustapha Fall, travaille en partenariat avec la Banque africaine de développement (Bad) pour la mise en place de l’assurance indicielle bétail, qui apparaît à ce jour comme la meilleure réponse possible en termes d’assurance pour permettre de couvrir ce type de risque. M. Fall informe que la Cnass a discuté avec le ministère de l’Elevage sur la nécessité d’effectuer une étude de faisabilité pour la mise en œuvre de ce projet et la Bad a accepté d’apporter un appui dans cette étude dont les Termes de référence (Tdr) sont en train d’être rédigés. Mais, estime l’expert du Braced, M. Syll, la mobilité du bétail reste, entre autres, un défi à relever.
Financé par la coopération britannique, le programme Braced a connu une première phase de mise en œuvre jusqu’en début de l’année 2018, avec 15 projets mis en œuvre dans 13 pays différents, dont le Sénégal. Un document remis à la presse note qu’en début 2018, sur les quinze projets de départ, neuf ont été approuvés pour une nouvelle phase de financement appelée Braced-X, sur une période étendue de 15 mois. Deux projets sur les neuf reconduits sont mis en œuvre au Sénégal. Il s’agit du projet relatif à la «Décentralisation des fonds climat dans la région de Kaffrine» et celui concernant la «mobilité du bétail dans plusieurs zones transfrontalières du Sénégal».
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