Le Sénégal ne bénéficiera pas d’un nouveau programme de coopération avec le Fonds monétaire international, tant que des mesures correctives ne sont pas engagées pour remédier aux déclarations erronées relevées par la Cour des comptes dans son rapport d’audit sur la gestion des finances publiques dans la période 2019-2023. Edward Gemayel, chef de mission du Fmi au Sénégal, l’a réaffirmé hier, dans le communiqué sanctionnant leur visite à Dakar.

Par Dialigué FAYE – Pour un nouveau programme de coopération avec le Sénégal, le Fonds monétaire international exige des autorités «des réformes audacieuses et crédibles». L’institution de Bretton woods attend du Sénégal «la rationalisation des exonérations fiscales, la suppression progressive des subventions énergétiques coûteuses et non ciblées, un retour rapide à l’objectif de déficit budgétaire fixé par l’Uemoa et de placer la dette publique sur une trajectoire durablement décroissante».

Ces exigences ont été soumises aux autorités par l’équipe du Fmi qui a séjourné au Sénégal du 18 au 26 mars 2025 pour échanger avec le gouvernement sur les conclusions du rapport d’audit de la Cour des comptes, publié le 12 février 2025.

Cité dans un communiqué sanctionnant cette visite, M. Gemayel assure que «le Fmi se tient prêt à accompagner le Sénégal dans la conception d’un programme de réformes ambitieux, tirant les enseignements de l’audit et conforme à la stratégie nationale de développement». Mais, les discussions avec le Sénégal sur un nouveau programme restent suspendues à l’engagement de mesures correctives sur les «déclarations erronées significatives des déficits budgétaires et de la dette publique sur la période 2019-2023» confirmés par le rapport de la Cour des comptes.

«Ces réformes permettront de reconstituer les marges de manœuvre budgétaires, indis­pensables pour faire face à de futurs chocs, soutenir les priorités de développement et réduire les vulnérabilités macroéconomiques», note le chef de la mission.

Néanmoins, relève-t-il, «l’activité économique du Sénégal est restée résiliente en 2024. Les premières estimations indiquent une croissance du Pib réel d’environ 6, 0%, soutenue par une solide performance du secteur des hydrocarbures. L’inflation est restée faible, avec une moyenne de 0, 8%, contribuant à un environnement de prix stable.

Le déficit budgétaire s’est établi à 11, 7% du Pib, tandis que la dette de l’Adminis­tration centrale est estimée à 105, 7% du Pib à fin 2024. Les conditions de financement se sont nettement resserrées, reflétant des tensions sur les marchés régionaux, des retards dans le soutien des partenaires techniques et financiers, et un recours accru à des emprunts extérieurs de court terme à coût élevé. Ces tensions soulignent l’importance d’une stratégie crédible d’assainissement budgétaire».
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